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1909. Fritz Haber combine l’azote et l’hydrogène en effectuant la synthèse de l’ammoniac. Cette réaction chimique, la plus importante de l’histoire de l’agriculture - certains disent de l’histoire - permis de tripler les rendements agricoles. https://www.monde-diplomatique.fr/2018/12/AUBERT/59315
Cette découverte valut à son auteur le prix Nobel de chimie en 1918 — une attribution controversée, car Haber avait aussi participé à la conception des gaz de combat employés dans les tranchées.
Les travaux de ce chercheur allemand permirent également la mise au point du Zyklon B, funeste pesticide employé vingt ans plus tard par les nazis dans les camps d’extermination.
Depuis un siècle, la production d’engrais azoté pour les plantes a complètement bouleversé l’agriculture. Elle formait dans les années 1960 l’un des 4 piliers de la révolution agricole : sélection de variétés à haut rendement, pesticides, irrigation et engrais chimiques.
Très vite, les agriculteurs ont compris que l’apport d’azote sur les cultures par les déjections animales (fumier, lisier) et par les légumineuses n’était plus nécessaire. Dès lors, pourquoi se compliquer la vie à élever des vaches ou des moutons et à les faire paître ?
Beaucoup s’en sont donc débarrassés pour se concentrer sur les productions végétales, en particulier les céréales. Mais, comme il fallait aussi produire du lait et de la viande, d’autres exploitations se consacrèrent à l’élevage, les plus productives fonctionnant en stabulation :
sans sortie de l’étable, et remplaçant le fourrage par des céréales ou des oléagineux.

En quelques décennies, le paysage agricole européen fut radicalement transformé.
En 🇫🇷 , dans le Centre et l’Est, des régions céréalières sans bétail recourent à une agriculture très mécanisée, utilisant massivement les engrais azotés chimiques. En Normandie, Bretagne, Danemark, les élevages s’industrialisent de + en + avec d’énormes concentrations d’animaux.
Ce bouleversement produit une série d’effets délétères, tant en matière de santé que d’environnement. En réalité, de nombreux problèmes écologiques et sanitaires que pose l’agriculture moderne émanent de la synthèse des engrais azotés
Les excès d’azote ont de graves effets sur la santé et l’environnement, comme l’ont montré deux cents chercheurs européens dans une importante publication hélas passée presque inaperçue. Principaux accusés : les nitrates et l’ammoniac. https://twitter.com/docteurgonzo4/status/1288033070973624320
deux effets principaux : un risque possible d’augmentation de certains cancers et l’eutrophisation (appauvrissement en oxygène) des cours d’eau, qui conduit à la disparition des poissons et au dépôt de dizaines de milliers de tonnes d’algues vertes sur les côtes chaque année. https://twitter.com/docteurgonzo4/status/1286592429664108544
L’ammoniac est un polluant peu connu et pourtant très préoccupant en matière de santé et d’environnement. La quasi-totalité des émissions (679 000 tonnes en 2016 en France) provient des cultures (64 %) et de l’élevage (34,4 %) (2).
Ce composé chimique reste peu de temps dans l’atmosphère : une partie se dépose sur le sol et sur la végétation ; une autre donne naissance à divers composés azotés indésirables (protoxyde d’azote, oxydes d’azote, etc.).
Les oxydes d’azote se combinent avec d’autres polluants présents dans l’air pour former des particules fines secondaires. Ce dernier phénomène est l’un des plus inquiétants.
Les particules fines pénètrent au plus profond des alvéoles pulmonaires, provoquant cancers, maladies cardio-vasculaires et respiratoires. L’OMS estime que l’exposition à ces particules a causé environ 4,2 millions de morts prématurées dans le mond e en 2016
L’élevage représente les 3/4 de la production d’ammoniac. Les animaux en stabulation expédient dans l’atmosphère quatre fois plus d’ammoniac que ceux élevés au pâturage, à condition que ce dernier ne soit pas trop intensif.
Si l’on réduisait fortement, voire supprimait, les apports d’azote de synthèse, il faudrait revenir à l’association de la culture et de l’élevage, ce qui réduirait la part des élevages hors sol.
Les engrais chimiques permettent de produire à un prix bas des aliments pour le bétail, et de satisfaire ainsi la demande mondiale. En Europe, cette demande s’oriente à la ↘️ ; il s’agirait d’accompagner cette évolution en mangeant moins de viande, et de meilleure qualité.
Les scientifiques ayant contribué à l’évaluation européenne de l’azote estiment le coût environnemental des excédents d’azote pour le continent entre 70 et 320 milliards d’€/ an, en raison de leur impact sur les écosystèmes, la qualité de l’air et de l’eau et la santé humaine.
Les chercheurs considèrent les surplus d’azote comme l’un des problèmes écologiques majeurs du XXIe siècle, au même titre que le réchauffement climatique et la perte de biodiversité.
La plupart des spécialistes notaient jusqu’à présent que la généralisation d’une agriculture sans azote de synthèse conduirait à une chute importante des rendements.
Mais une récente méta-analyse a conclu que, au niveau mondial, le différentiel moyen de rendement entre la bio et le conventionnel n’était que de 19 % (8). Il tombe même à 8 ou 9 % lorsque les techniques bio incluent des rotations de cultures variées.
Nourrir tous les habitants de la planète sans azote de synthèse paraît donc possible, mais suppose un changement radical de modèle agricole.
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