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De première force politique française, à quémander des alliances avec les libéraux d'EELV et du PS, voici le récit tragique du déclin du PCF :
Avant d'évoquer les raisons du déclin, faisons un léger retour en arrière pour se remémorer à quel point le PCF était important au sortir de la 2nde Guerre mondiale. Lors des législatives de 1945, le PCF de Maurice Thorez remporte les élections avec 28,08% des suffrages, et 159 -
députés élus. Le succès soudain des communistes peut s'expliquer par deux facteurs principaux. Tout d'abord, la résistance INTERNE était majoritairement communiste, c'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le programme CNR à été si marqué par les idées marxistes.
Ensuite, l'URSS était vue (à juste titre) à cette époque comme la puissance nous ayant débarrasser des Nazis (avant qu'Hollywood réécrive l'histoire).
Les résultats électoraux plus que favorable, ajouté au fait que les communistes ayant pris part à la résistance étaient toujours armés, contraignis la bourgeoisie à accepter la présence de communistes au sein du gouvernement provisoire.
Par la suite, et ce malgré un score de 18% en 1958 soit 2 ans après le rapport Khrouchtchev, le PCF voyait ses résultats électoraux se stabiliser autour des 20%, se faisant, il était (en omettant les coalitions) le premier parti de gauche en France.
Le changement de scrutin pour l'élection présidentiel par le référendum de 1962, et ses conséquences à savoir (entre autre) le fait majoritaire, c'est à dire une majorité nette qui se dégage de l'assemblée -
(en général de la couleur du chef de l'Etat), entraîna une importante diminution de députés communistes (donc ouvriers) au sein de l'Assemblée Nationale.
Sur le modèle de l'union des centristes et des Gaullistes (UDR-UDT), le PCF cherche en 1965 à s'unir avec les socialistes, avec par exemple la décision unanime du comité central du PCF de soutenir la candidature unique de François Mitterrand, soutient reconduit en 1974.
En 1972, communistes et socialistes adopte le programme commun, un programme destiné à être appliqué, lorsque les partis de gauche seront amenés à gouverner.
Cependant, l'alliance des communistes et des socialistes bénéficiera presque exclusivement aux socialistes qui lors des législatives de 1978 devance le PCF, qui pour la première fois depuis l'après guerre perd son statut de premier parti politique de gauche.
Rappelons les paroles de Mitterrand en 1972 : "Notre objectif fondamental, c’est de refaire un grand Parti socialiste sur le terrain occupé par le PC, afin de faire la démonstration que, sur les cinq millions d’électeurs communistes, trois millions peuvent voter socialiste »...
Au-delà de l'alliance avec le parti socialiste, ce léger déclin du PCF témoigne de deux erreurs politiques du parti. En effet, au cours du 22e congrès du PCF en 1976, il est décidé d'abandonner la notion de « dictature du prolétariat » marquant un pas de plus du parti -
vers une voie autonome au socialisme, détourné de l'URSS (processus en cours depuis Waldeck-Rochet successeur du camarade Thorez), plus proche des nouvelles lignes du parti communiste espagnol et surtout du parti communiste italien, à savoir un eurocommunisme.
Il est d'ailleurs assez intéressant de signalé que parmi les 1522 délégués du congrès 60% le sont à partir de Mai 68... lisez Clouscard.
Le second facteur, que nous rapporte le sociologue Julian Mischi auteur de "Le Communisme désarmé. Le PCF et les classes populaires depuis les années 1970" (que je vous recommande, -
et dont je reprend certains éléments pour le Thread), à savoir l'adoption d'un discours misérabiliste entre 1977 et 1978.
Le PCF jusque là, valorisait la classe ouvrière, la présentant comme révolutionnaire et seule créatrice de richesse, avec ce revirement le parti insiste sur les précaires/pauvres. Le problème de cela est résumé dans cet extrait d'une conférence du sociologue précédemment présenté
Bernard Friot a également dénoncé les discours victimaires de défense des supposés « pauvres » « Définir quelqu'un par son manque c'est lui faire une violence tout à fait considérable » @ReseauSalariat
Je précise également pour rester sur 1978, que cette année marquera l'apogée du parti en terme d'adhérents annoncés à savoir 565 000, avant de lentement régresser.
L'élection présidentielle de 1981 sera marqué par l'accession au pouvoir de la « gauche » avec l'élection de François Mitterand qui lors du premier tour devance le communiste Georges Marchais de plus de 10%, l'invasion de l’Afghanistan par les troupes soviétiques -
deux ans plutôt que ce dernier avait soutenue et ce malgré une opinion public très critique vis-à-vis de celle-ci en ait l'une des raisons.
La prévisible trahison socialiste de Mitterrand dès 1983 avec le tournant de la rigueur, amènera une grande parti des ouvriers à perdre espoir en l'horizon socialiste et l’émancipation des travailleurs.
Cela se traduit aux européennes de 1984 pour le PCF par un score de seulement 11,20% lui permettant d'obtenir 10 sièges, autant que le FN.
Le déclin de PCF continuera tout au long des années 1980, et sera accru par l'agitation politique internationale de 1989 à 1991. Le nuit du 9 au 10 novembre 1989 marquera la chute du mur de Berlin.
Puis, malgré les résultats du référendum de mars 1991 favorable à son maintient (sous un jour nouveau) l'URSS est disloqué.
Les successeurs de Georges Marchais au poste de secrétaire général du PCF, témoigneront d'une absence de compréhension de ce qu'à été le PCF, parti de la classe ouvrière s'inscrivant dans le processus de lutte des classes -
dont l'horizon est le renversement du capitalisme et aboutir à une société sans classe, permettant ainsi l'émancipation des travailleurs.
En 1994, nous avons eu le droit à Robert Hue, soutient d'Emmanuel Macron à la présidentielle de 2017, ayant fait un score exceptionnel de 3,37% à la présidentielle de 2002. C'est au moment de son élection comme secrétaire national du PCF -
que le parti abandonne le centralisme démocratique, fondement essentiel du marxisme-léninisme sans lequel le parti n'aurait existé.
Le discours du parti change à nouveau à cette époque (milieu des années 1990) avec une communication tournée sur la défense des « marginaux », ce faisant il y a une tentative de séduire politiquement des citoyens peu importe leur classe sociale -
(c'est un double échec, cela n'attire pas de nouveaux électeurs, et la base du socle électoral ne se reconnaît plus).
Puis, nous avons au début des années 2000, le droit à la bourgeoise (certes sympathique) Marie-George Buffet qui nous gratifie d'un très honorable 1,93% des voix à la présidentielle de 2007. Je me permet de vous partagez ce moment de ONPC en 2007, -
où la tête de file du parti normalement de la CLASSE OUVRIERE nous présente les 3 mesures qui lui tiennent le plus à cœur.
La décennie 2010 ne sera malheureusement pas synonyme de renouveau pour le parti, bien que depuis 2018, le secrétaire nationale Fabien Roussel semble un peu plus porté sur le sociale que ses récents prédécesseurs. Néanmoins, le parti n'arrive plus -
à fédérer les travailleurs, cela s'explique en partie par la nouvelle sociologie des représentants. On passe d'une majorité d'ouvrier (qualifié voir sur-qualifié), à des cadres/représentants de collectivités T, sans parler de la bourgeoisie juvénile de la section parisienne.
Le peu d'ouvrier restant est combattu en interne, on peut penser à ce qui est arrivé au camarade Maxime Gremetz à la fin des années 2000.
Fin du Thread, je vous conseille vivement le livre évoqué de Julian Mischi pour approfondir, il étudie très bien les mutations sociologiques des représentants, thème que j'ai trop peu traité. Je ne sais pas si des représentants du parti verront le thread -
mais si c'est le cas j'espère que certains comprendront les changements qu'il est nécessaire de produire pour une renaissance du mouvement ouvrier en France.
N'hésitez pas à partagez, rédigez un thread prend bien plus de temps que ce que l'on peut imaginer, mais c'est un exercice enrichissant. Je publierais probablement un autre Thread avant la fin de l'été. Merci pour votre temps.
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