Où les gens redécouvrent que les bâtiments anciens en pierre étaient enduits... https://twitter.com/FranceBleuRCFM/status/1287992634678665217

En même temps on ne peut pas vraiment leur en vouloir, puisque de nombreux monuments historiques ont été systématiquement débarrassés de leur revêtements muraux depuis le 19e siècle par goût de la "pierre apparente".

Contribuant ainsi à forger une image faussée de leur authenticité architecturale.

Pour rappel les enduits muraux ce n'est pas seulement une question de visée esthétique, c'est aussi pour protéger le bâti, l'isoler...

Au XIXe siècle on assumait de repeindre entièrement certaines églises, pour les restaurer selon le goût médiéval (Saint-Austremoine d'Issoire ci-dessous).

Et puis au cours du XXe siècle s'est imposée une image de pureté du bâti ancien, associée à celle de la pierre nue, des joints apparents, glorifiée par de beaux livres en noir et blanc. Adieu les enduits...

Ces dernières années les enduits reviennent à la mode dans la restauration. Dans certaines églises on a fait des choix de restitution qui pourraient paraître contestables car ils prennent parti pour un "état" connu archéologiquement mais qui n'est pas forcément celui d'origine.

(la photo au-dessus c'est la prieurale de Souvigny, restaurée vers 2007-2008)

Parfois il y en a qui abusent carrément à force de vouloir mettre de la couleur partout sans aucune preuve.
Dommage collatéral du revival pictural dans le bâti ancien (coucou les bretons)... https://www.lefigaro.fr/culture/2018/09/18/03004-20180918ARTFIG00159-en-bretagne-le-patrimoine-sacre-retrouve-ses-teintes-d-antan-et-des-habitants-sont-verts-de-rage.php

Bref, tout ça pour dire que ce n'est pas simple ces questions de restauration architecturale. La doctrine ça change, ça évolue, ce n'est pas figé. Comme la notion de patrimoine en somme...

Alors c'est un peu facile de crier au scandale (ou au génie) à partir d'un simple article de presse, lorsqu'on ne connaît pas le dossier et le travail qu'il y a derrière ce type de projet.

Il faut aussi garder à l'esprit qu'il est nécessaire d'entretenir les monuments si on veut éviter qu'ils disparaissent purement et simplement. Et que l'important c'est aussi la réversibilité des techniques et les études qui précédent ou accompagnent les travaux.

Ce qui, soit dit en passant n'exempte en rien les nombreux projets catastrophiques qui peuvent voir le jour dans le cadre de ce type d'opération de restauration...

Souvent d'ailleurs parce qu'on privilégie une idée formatée du résultat plutôt qu'une approche modeste, économique et écologique du chantier de restauration.

Bref, pour conclure j'ajouterai juste que je ne connais absolument pas cette tour, ni ce projet et que je n'ai pas d'avis précis à son sujet. D'ailleurs je n'ai jamais mis les pieds en Corse...

(Bon, pour être tout à fait honnête, je dois quand même avouer que je suis un peu surpris par la disparition de l'escalier et le traitement des mâchicoulis. Plus que par l'enduit...)