TW / Harcèlement
Après 5 ans, j’ai décidé de parler de mon harcèlement scolaire et des conséquences lourdes que les insultes et surtout la solitude peuvent avoir sur une personne, ici une enfant/ jeune ado.
Après 5 ans, j’ai décidé de parler de mon harcèlement scolaire et des conséquences lourdes que les insultes et surtout la solitude peuvent avoir sur une personne, ici une enfant/ jeune ado.
Si le sujet du harcèlement ne vous mets pas à l’aise, c’est mieux pour vous de ne pas le lire.
Mais tout d’abord, voilà quelques numéros que tu peux utiliser si tu es harcelé et que tu veux en parler :
- non au harcèlement : 3020
- Net écoute : 0800 200 000
- Écoute enfants : 103
- non au harcèlement : 3020
- Net écoute : 0800 200 000
- Écoute enfants : 103
Avant tout, il faut mettre les choses dans leur contexte. J’étais dans un collège publique et mon année de 6e c’était plutôt bien passée. J’avais d’énormes facilités à l’école et avait donc très facilement des bonnes notes. J’étais d’ailleurs la tête de ma classe.
Je rigolais tout le temps au collège parce que je pleurais tout le temps à la maison, à cause de violences verbales subies par mon (ex)beau-père depuis déjà 2 ans. Vivre avec lui était un enfer, j’essayais donc de penser à autre choses au collège.
Mais à partir de mon année de 5e, les choses ont changées. Il me mettait beaucoup de pression, j’ai alors décider de « manger mes problèmes ». Ça veut dire que pour oublier mon mal-être, je mangeais, de plus en plus.
J’ai donc rapidement pris du poids, mais je n’étais en aucun cas en surpoids ou obèse. Juste, ronde.
Au départ, ça ne me dérangeais pas. Et puis vous savez, les gamins à cet âge, ça a besoin de se sentir supérieur et de trouver un souffre-douleur, pour je ne sais quelle raison.
Au départ, ça ne me dérangeais pas. Et puis vous savez, les gamins à cet âge, ça a besoin de se sentir supérieur et de trouver un souffre-douleur, pour je ne sais quelle raison.
Des garçons essentiellement, ont commencé à me trouver des surnoms. « La grosse », « la baleine », « la femme enceinte », « l’intello », « le boulet ». J’entendais des moqueries sur moi de plus en plus, ça en devenait quotidien. Et puis des filles ont commencé à se moquer aussi.
Les cours d’EPS, c’était devenu ma phobie. Les vestiaires, faire des équipes. Je me souviens de cette phrase qu’un garçon m’avait dit « aller le boulet va chercher le ballon en roulant comme lui. ». Plus ces moqueries prenaient de l’importance, plus je mangeais.
Je me détestais, n’avais plus aucune confiance en moi. Je me renfermais et était devenue une coquille dépourvue d’émotions. M’habiller tous les matins était presque une angoisse « est-ce que j’ai l’air grosse comme ça ? » « est-ce qu’on va se moquer de moi si je mets ça ? ».
Et puis les filles ont commencé à me faire de plus en plus de remarques sur mon corps. Ça m’a boulversé. J’étais arrivée à saturation et est décidé d’en parler à ma CPE, en lui parlant de mon problème et en dénonçant mes principaux harceleurs.
Ils ont eu un simple avertissement pendant que j’étais en pleurs. La CPE n’a pas pris le problème au sérieux, soit disant « des histoires de gamins, ça va passer tout seul ».
A partir de là, j’étais devenu la balance. On a arrêté de m’insulter.
A partir de là, j’étais devenu la balance. On a arrêté de m’insulter.
Mais on a aussi arrêter de rester avec moi. J’étais devenue seule. Toutes mes « amies » avaient décidé de me lâcher. Je passais mes journées seule, les trajets en bus seule, la cantine c’était encore pire.
J’en était arrivée au point de faire exprès d’oublier ma carte de self pour être aux tables des punis, pour que ma solitude semble normale. J’avais honte de moi. On sous estime beaucoup trop le poids que la solitude peut avoir sur une personne.
C’est comme un gouffre où la seule issue est de grimper, mais on en a pas la force, on est épuisé mentalement.
J’ai alors commencé à me lancer dans une chose que je n’aurais jamais du commencer. J’ai commencé à me mutiler.
J’ai alors commencé à me lancer dans une chose que je n’aurais jamais du commencer. J’ai commencé à me mutiler.
Beaucoup ne comprennent pas quel est l’intérêt de s’auto-mutiler. Et bien c’est comme fumer ou boire, il n’y a pas d’intérêt. Juste extérioriser son mal-être mental en mal-être physique. Et ça m’a fait du bien. Je me sentais juste mal de devoir le cacher en permanence.
Un jour, en mars 2016, j’ai décidé de parler de mon harcèlement à ma mère. Elle m’a pris dans ses bras et m’a dit que tout allais bien se passer. En quelques semaines, tous les papiers étaient prêts pour que je change de collège pour mon année de 4e.
Ça a été la plus belle nouvelle que je pouvais entendre. Pour la première fois, je n’avais plus l’impression d’être seule. J’ai décidé de tous laisser couler jusqu’à la fin d’année, pour prendre un nouveau départ l’année d’après.
Le changement de collège m’a fait le plus grand bien, je m’entendais bien avec tout le monde et je ne me sentais plus du tout seule. J’ai trouvé un groupe d’amis et jamais personne ne m’a jugé sur mon poids.
Cependant, je ne me suis pas remise de mon harcèlement et les conséquences de celui ci sont lourdes. Ce sont ces conséquences qui m’ont détruites.
-Je n’ai plus eu aucune confiance en moi. Encore aujourd’hui, même si elle revient peu à peu, j’ai toujours des jours où je me regarde dans un miroir et je pleure en voyant mon corps. J’ai essayé des tonnes de régimes, mais rien ne fonctionnait (jusqu’a Insanity mais c’est parce-
-que cette fois j’ai décidé de changer pour moi et non pour les autres). M’habiller est encore maintenant un vrai casse-tête : je ne mets pas de short en été, je porte que des vêtements amples et oversize.
-J’ai peur de la foule. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais depuis mon harcèlement, la foule m’effraie, je ne prend pas ou très rarement le bus, car ça me rappelle ma solitude. L’année dernière, je m’étais inscrite dans un lycée en ville, bien différent de celui de campagne-
-où j’étais avant. Je n’ai tenue que 1 semaine dans ce lycée avant de retourner dans mon ancien. Je faisais des angoisses à cause du monde qu’il y avait dans ce lycée, je psychotais et avait l’impression que tout le monde me regardait et parler sur moi.
Prendre le tram me faisait peur à cause des gens. Les ados m’effrayaient.
-J’ai peur de la solitude. Lorsque je m’accroche à une personne, j’ai peur qu’elle me lâche à tout moment. Je ne suis alors pas moi-même et accordé ma confiance très difficilement. Je ne suis pleinement moi-même qu’avec une poignée de personne.
-La mutilation. Je n’ai pas besoin d’expliquer pourquoi, mais ça me poursuit encore aujourd’hui. J’en ai déjà parlé à mes parents, ma mère m’aide mais c’est difficile. Je me mutile moins qu’avant, mais quand j’ai un gros problème, je me mutile. Je ne vais pas mettre de photos.
-La fatigue mentale. Depuis mon harcèlement, je faisais attention à tout, pour que ça ne recommence pas. Mes paroles étaient presque calculées à l’avance. Je me prend la tête pour le moindre petit problème, par peur que celui-ci devienne grave.
Ça a causé une énorme fatigue chez moi. A la fin de ma seconde, ma fatigue se voyait physiquement, je n’avais plus envie de rien. En juin 2019, je suis tombée en dépression et je ne voulais plus rien faire.
Je n’avais plus aucune envie, je ne voulais pas mourir, mais je ne voulais pas vivre non plus. Alors j’attendais. J’ai réussi à sortir de cette dépression en novembre 2019, grâce à ma mère et à ma meilleure amie. Je ne les remercierai jamais assez.
Mais cette fatigue me provoquait aussi des crises d’angoisse très fortes : pertes de connaissance, bave, morsure à la langue, yeux révulsés, convulsions. Je me suis cassé la clavicule a cause d’une de ces crises et j’en ai aucun souvenir.
En avril 2020, on m’a annoncé que je suis épileptique. Mais j’ai un traitement qui fonctionne à merveille, donc ça va.
En sortant de cette dépression, j’ai repris goût à la vie. Je me suis remise en question et est repris ma vie en main.
En sortant de cette dépression, j’ai repris goût à la vie. Je me suis remise en question et est repris ma vie en main.
En écrivant ça, je trouve ça horrible d’avoir à dire ça a 17 ans. Mais je me suis petit à petit ouverte et à devenir de moins en moins introvertie. Voir des gens autour de moi me faisait du bien. J’ai recommencé à dessiner, alors que j’avais arrêté depuis bien longtemps.
Et puis je me sentais de mieux en mieux. Aujourd’hui, je peux dire que je vais bien, même si des fois, la fatigue prend le dessus, mais ça va.
Voilà, c’est mon vécu sur mon harcèlement scolaire, et les conséquences. Je sentais que j’avais besoin d’en parler. Quand j’y pense ça me fait rire, « des problèmes de gamins », les CPE ils serait temps de prendre les problèmes de gamins au sérieux.
J’espère néanmoins que ce thread auras pu aider certaines personnes, merci d’avoir lu jusque-là.