Bon. Ce matin je vais vous expliquer pourquoi il est préférable que les hommes ne se disent pas féministes tout court, mais plutôt alliés du féminisme. Vous allez voir c'est simple, c'est même la base et si vous êtes vraiment concerné vous allez vite capter.

Dans la lutte contre une discrimination, les personnes concernées directement par le problème (ici les femmes) sont souvent le plus grand mal à faire entendre leurs voix quand elles clament "ce n'est pas juste, ce n'est pas normal, il faut changer". On cherche à les faire taire.

Les réduire au silence passe du côté adverse (ici le système patriarcal) par des accusations pour les discréditer : des hystériques, elles exagèrent, ça ne va pas si mal, ça va trop loin, vous desservez votre cause, etc. De gros bâtons dans les roues pour qu'elles se taisent.

C'est compliqué de se faire entendre quand tout le monde clame que vous êtes folle à lier colérique, et qu'il ne faut donc pas écouter l'extrémiste que vous êtes.
On n'écoute pas les hystériques. Elles fatiguent tout le monde. Elles feraient mieux de se taire, n'est-ce pas.

(Juste en passant, pour moi le féminisme c'est cette notion ultra radicale selon laquelle les femmes sont des êtres humains comme les autres, qui ont droit au respect de leur intégrité physique et morale, ce qui n'est pas encore gagné loin de là).

Donc les voix des femmes qui luttent pour leurs droits ayant déjà le plus grand mal à se faire entendre sans être déformées et silenciées, il serait de bon ton de ne pas prendre toute la place sur le devant de la scène vu qu'on écoute toujours plus les hommes que les femmes.

C'est malheureux mais c'est comme ça : on va accorder plein d'attention à celui qui est au sommet de la pyramide et laisser dans l'ombre celles qui se sont tapé non seulement la discrimination dans les dents mais aussi tout le boulot de lutte contre ces inégalités.

On pourrait dire que le minimum syndical si on se sent concerné par leur lutte, et qu'on reconnait la justesse de leur combat, serait de ne pas prendre leur place au premier rang. Ce serait de rester un petit peu derrière et de pousser à ce qu'on les écoute, elles, les concernées

Dire qu'on est un allié du féminisme, c'est reconnaître simplement qu'on n'est pas directement concerné ni le moteur principal de la lutte, mais qu'on veut participer quand même et être un des rouages sur le côté qui vont aider à faire avancer la cause. Et c'est déjà très bien.

Ça veut dire "je ne me mets pas le plus en avant, je vous propose de prêter attention plutôt à celles qui sont concernées et qui ont des tas de choses à vous dire. Je ne veux pas les réduire au silence, je suis un relais, écoutez-les, c'est important."
Et oui, c'est important.

Exemple : je ne dis pas que je suis militante anti-raciste. Je suis blanche, je ne suis pas concernée. Je suis une alliée de la lutte anti-raciste, je relaie les messages des personnes concernées quand je les vois passer, et j'essaie de corriger mon entourage qui ne capte rien.

Pour résumer : on ne prend pas la place des concernées en pleine lumière, on relaie leur parole, on éduque ses potes non-concernés aussi (ça fera des vacances aux militantes).
On est un allié de valeur.
On en a besoin.
Mais ne nous rendez pas invisible une fois de plus.

Ca y est, ça commence le festival de "c'est nul, mentalité de merde, et l'égalité alors".
C'est justement parce qu'on n'a pas l'égalité de fait qu'on demande à ne pas nous invisibiliser quand vous avez déjà un peu creusé le dossier et que vous comprenez les enjeux.

Relisez ce que j'ai écrit : je n'ai pas dit que vous ne deviez pas participer, j'ai dit que vous n'étiez pas les PRINCIPAUX concernés.
Si votre ego à vous dire féministe à tout prix en passant devant les militantes est plus fort que votre volonté de lutter contre le sexisme...

Par ailleurs j'ai également dit : "il est préférable". Vous faites bien ce que vous voulez, je vais pas vous poursuivre avec une torche et une fourche. Je vous ai expliqué mon point de vue sur la chose, vous en tenez compte, ou pas, c'est votre problème en fait