Fini d’apprendre par coeur les capitales grâce aux coupes d’Europe ! Donetsk, Cluj, Debrecen, Ludogorets, Plzen… 🧐

C’est désormais la province qui domine le football à l’Est du continent.

Analyse en cartes et en chiffres. ⤵
Depuis 1990 et la chute des régimes socialistes, 17 pays ont vu l’émergence de clubs de province : dans 12 d’entre eux, ces derniers dépassent les clubs de la capitale en nombre de titres nationaux depuis 2000.

Seuls 7 championnats restent dominés par les clubs des capitales.
Pendant la Guerre froide, le football était une affaire de clubs de province à l’Ouest (Juventus, Bayern, ASSE, MU, Liverpool…).

À l’Est, les capitales nationales ou fédérales dominaient : Dynamo Kiev, Levski Sofia, Steaua Bucarest, Spartak Moscou, Ferencvaros (Budapest)…
À l’Est, les logiques sont différentes, comme le montre la carte ci-dessous.
Les clubs sportifs des Etats socialistes étaient directement dépendants du pouvoir politique et des subventions allouées.

Souvent, les équipes étaient affiliées à un corps de métiers : CSKA = armée, Lokomotiv = cheminots, Spartak = syndicats, D.i.y.namo = services secrets…
… c’est pourquoi les grands clubs d’Europe de l’Est venaient presque tous des capitales politiques et économiques de leur États. Pour les fédérations (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie), la même observation est valable à l’échelle des républiques.
Depuis 1990, l’arrivée de capitaux privés a changé la donne. Lubies d’oligarques locaux, affirmation d’identités régionales, stratégies de développement économique… les raisons de l’émergence footballistique de la province depuis la fin du communisme sont nombreuses.
Commençons avec les deux meilleurs championnats post-socialistes : la Russie 🇷🇺 et l’Ukraine 🇺🇦 .

🇺🇦 Ukraine :
Le Dynamo Kiev est le club le plus titré d’URSS (12), devant 4 clubs de Moscou. C’était le club des services de renseignements basés dans la capitale ukrainienne.
Le Shakhtar, club historique du bassin minier russophone de l’Est (Shakhtar = « mineur »), n’a jamais joué les premiers rôles sous l’URSS.

En 1996, le plus riche oligarque d’Ukraine, Rinat Akhmetov, originaire du Donbass, rachète le Shakhtar.
Il construit un nouveau stade, recrute de grands entraineurs et de nombreux jeunes brésiliens. Le Shakhtar devient LE grand club ukrainien, remportant 13 des 20 derniers titres et la coupe de l’UEFA 2009.
Une partie du Donbass est aujourd’hui en guerre contre l’Ukraine. Les tensions entre les deux clubs n’en sont que plus vives, et le Shakhtar a été balloté à Lviv, Kharkov… et Kiev.
Plus d’infos —> https://www.bbc.com/sport/football/49535480
🇷🇺 Russie :
En URSS (1945-1990) :
Titres remportés par des clubs de capitales de RSS : 50/54 (93%)
Par des clubs de Moscou : 33/54 (61%)
Part des clubs de Moscou dans les titres remportés par la RSS de Russie : 33/34, soit 97%. Seul le Zénith a remporté un titre dans les 80s
Depuis 2000 en Russie, le rapport s’est nettement rééquilibré :
12 titres pour Moscou (6 CSKA, 3 Spartak, 3 Lokomotiv), 8 titres pour la province (6 Zenith, 2 Rubin Kazan) soit 60% - 40%.
Même si les clubs de la capitale bénéficient de financements importants (Lukoil au Spartak), le Zénith bénéficie de la politique sportive de Gazprom. C’est aujourd’hui le club russe le plus pérenne et le plus performant en coupes d’Europe. https://footpol.fr/gazprom-la-politique-russe-et-le-foot-europeen
🇭🇷🇷🇸 Exceptions : la Serbie et la Croatie sont toujours dominées par les clubs de Belgrade (Partizan, Etoile Rouge) et de Zagreb (Dinamo). La cause : longtemps après la Yougoslavie, les clubs sont restés fermés aux capitaux privés, conservant leur proximité avec le pouvoir.
🇵🇱 Cas particulier, le foot polonais n’a jamais été l’apanage de Varsovie. Les clubs les plus titrés (Zabrze et Chorzow) viennent de la région minière de Silésie. C’est après le communisme que le foot s’est métropolisé, les plus titrés venant aujd de Varsovie, Cracovie et Poznan.
Autre cas, la Moldavie 🇲🇩 est dominée par le Sheriff Tiraspol, club de Transnistrie, une région-Etat qui revendique son indépendance depuis une guerre en 1997. Le championnat est ici dominé par une équipe de province… qui se considère en fait comme la capitale d’un autre Etat !
La Sheriff, conglomérat multisectoriel (alimentation, banque, communications, habillement, énergies…) créé en 1993 par deux anciens agents secrets russes, a fondé le club de Tiraspol en 1997.

Enfin, c’est en Biélorussie et en Bulgarie que la tendance est la plus flagrante :
Le Dynamo Minsk est surclassé par le BATE Borisov ; le CSKA (31 titres) et le Levski (26) Sofia subissent l’hégémonie de Ludogorets. D’autres clubs on gagné 1 ou 2 titres dans les années 1990/2000.
En Biélorussie 🇧🇾 , le Bate Borisov est le club le plus titré depuis l’indépendance : 1er titre en 1999, 14 titres au XXI° siècle.
L’émergence de clubs comme Brest (champion 2019) donne une répartition territoriale très homogène.
Borisov est une petite ville au Nord de Minsk. BATE est l’usine de tracteurs de la ville. Pas de projet faramineux ici, mais un club aux finances saines avec un sponsor solide qui a eu la chance de ne pas voir l’industrie régionale péricliter dans les années 1990.
En Bulgarie 🇧🇬 , l’émergence du Ludogorets Razgrad ressemble au modèle ukrainien :
Le richissime homme d’affaire sofiote Kiril Domuschiev (supporter et ancien membre du board du CSKA Sofia) rachète le club en 2010.
Le resserrement de l’écart entre Plzen et Prague, Mostar et Sarajevo, Cluj et Bucarest, la prise de pouvoir de Maribor sur Ljubljana, de Debrecen sur Budapest, de Kaunas sur Vilnius… révèlent autant d’histoires sur lesquelles nous reviendrons peut-être prochainement
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