Puisqu'on parle de la #rafle du #Veldhiv, mise en oeuvre par le Gouvernement de Vichy et l'infâme René Bousquet dans le cadre de l'opération "Vent Printanier", on va parler d'une autre rafle, programmée à Nancy et qui ne va pas connaître le même destin.
Comme à Paris, la rafle de Nancy se repose sur la Police Française, qui doit procéder à l'arrestation d'environ 400 Juifs.
Cependant, le chef du service des étrangers à Nancy s'appelle Edouard Vigneron, avec son adjoint Pierre Marie et leurs 5 hommes vont tout faire foirer.
Techniquement, ces hommes sont chargés de faire respecter les lois racistes du régime de Vichy et notamment le suivi et l'enregistrement des dossiers des Juifs de Nancy.
On peut imaginer des mecs qui en veulent aux Juifs ... et bien pas du tout.
Le service des étrangers de Nancy fonctionne, sous la direction de Vigneron, comme un vrai service (dans les conditions d'époque, hein) à destination des Juifs, qu'il aide à régulariser les dossiers et les assiste dans la mesure du possible, compte tenu du contexte.
Lorsque l'ordre de procéder à la rafle arrive, Edouard Vigneron s'occupe le 18 juillet avec son adjoint et leurs 5 policiers (Charles Bouy, Henri Lespinasse, Charles Thouron, Emile Thiébault et François Pinot) d'aller prévenir tous "leurs" Juifs, par téléphone, physiquement etc.
Il faut imaginer ces 7 hommes qui vont fiévreusement sortir tous leurs dossiers et appeler, charger, prévenir, directement ou indirectement un à un, l'ensemble des personnes sous leur garde, de ce que l'Etat qui les "accueille" leur veut du mal.
Ils vont remettre à plusieurs d'entre eux des faux papiers d'identité pour les mettre à l'abri, quand ils ne vont pas les escorter directement à la gare pour les mettre dans un train à direction de la "zone libre" après leur avoir remis billets et pièces d'identité.
Plusieurs policiers vont également héberger des Juifs menacés de rafle, les protégeant, avant de leur permettre de se mettre à l'abri ou de passer en zone libre.

Inutile de dire que les risques qu'ils prennent sont colossaux.
La rafle qui se met en branle le lendemain ne conduit qu'à l'arrestation de ... 32 Juifs sur les 385 prévus.

Edouard Vigneron est plus tard inquiété par le régime et incarcéré un mois plus tard à la prison de Nancy, avant d'être accusé d'avoir remis des faux papiers.
Pour ne pas faire trop de bruit (imaginez, la police française qui aide des JUIFS), il est démis de ses fonctions et emprisonné à Fresnes pour trois mois.

Dès la Libération, il est réhabilité et est inscrit au Mémorial de Yad Vashem avec son adjoint, Bouy, Pinot et Thouron.
L'histoire ne le dit pas, mais ils ont probablement du avoir quelques invitations aux fêtes de famille, mariages et autres événements de la communauté juive de Nancy.
You can follow @Collabblues.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: