Bon. On a vu « tout simplement noir » de Jean Pascal Zadi avec ma fille, et...

tout d’abord’, le commentaire de ma fille Stella, 13 ans :
« Papa, il est triste de film ».
Ça situe un peu le truc.

C’est aussi ce que je ressens : de la tristesse.
Non que ce film a su capter la tristesse. Mais que certaines scènes sont tellement triste de nullité et d’incompréhension...

Alors ok, on rit volontiers à certaines blagues, certaines réactions. Après tout c’est un film avec des acteurs comiques qui sont dans le registre de l’autodérision.

Mais trop d’aitoderision tue l’autodérision premièrement. Et deuxièmement, l’exercice est tellement propre à chacun, tellement calibré pour que chacun fasse son petit numéro dans son petit coin, que c’en est à en faire tomber les bras de dépit.

Étant donné que le thème est une problématique collective, en arriver à avoir des petites séquences de sketch ou tout le monde s’applique comme il fait à vouloir casser son image perso... Mais en fait, vous autres là les noir.e.s connus :
ON S’EN FOUT DE VOS VIES !

Il slagit pas que de vous. De vos petits problèmes de représentation, de vos choix de carrière et de vos engagements.
ON PARLE DE NOS VIES À TOUS LÀ !!!

Alors si vous vous voulez expliquer aux blancs ENCORE ET ENCORE ce qu’on devrait même plus leur expliquer tellement ils devraient le savoir que ouais on a pas tous les mêmes opinions et les mêmes aspérités. Que la lutte est multiple. Que pas n’importe qui peut la porter.

Bon ok. Faites.

MAIS PAS EN LES CONFORTANT DANS LEUR IGNORANCE EN LEUR SERVANT UN DISCOURS D’ IGNORANT !

Parce que oui, JP t’es un ignorant. T’y connais rien à la lutte. Tu connais rien aux afro fem, aux hotep, aux chercheurs et chercheuses, aux historiens, aux romanciers, à Angela Davis dont tu te gausse de feindre de confondre son adresse en France avec celle de Dieudonné (spoil).

t’y connais tellement rien que t’as pas compris que quand on porte une cause comme ça, on te laisse pas monter des manifs en roue libre juste parce que tu fais du buzz sur les vidéos.

Ton scénario n’est une INSULTE au collectif Traoré et à tous les militants de terrain et maintenant je comprends pourquoi le Figaro, l’Ons et BFMTV t’applaudissent et disent de ton film qu’il est subversif.

Dans la salle cet après midi, les seuls non b’ancs qui y étaient c t moi et ma fille. Alors qu’elle nauvemement elle croyait qu’il y aurait que des noirs. Je vais faire en sorte que ça continue.

Tu l’as eu ta consécration. Gaumont t’as lancé frère. C’est une très bonne chose. Au niveau du dos ours que tu tenais dans « kiff ta race » j’imagine que t’as peut être fait du chemin depuis le lancement du film et le début de ta promo. Peut être même que tu t’amélioreras...

Mais gars LAISSE NOUS ! Vreumon. On a pas besoin de ce film. qui au feu meurent n’est pas complètement nul. C’est d’ailleurs ça le pire. Il est bien monté. Les dialogues sont vivants. Certaines vannes marchent très bien.

Mais derrière le fond du discours est FAIBLE !
Parfaitement en phase avec toutes les critiques les plus lamentables sur ‘a lutte actuelle.
Ça tourne au ridicule la non mixité. Ça la fait passer pour un truc communautariste et sexiste alors qu’il n’a jamais saxi de ça.

Pour parler d’Histoire ça convoque la brigade anti negrophobie (AU SECOURS) et ça rap en clap de fin sur des archives d’histoires tournée au ridicule.

Toutes les scènes hardcore racistes de micro agressions qui défilent sur l’écran. On dirait c juste des petits épisodes de la vie sans trop de gravité. Hormis peut être la scène avec Mathieu Kassowitz où là plus personne ne rigole, tellement c’est abusé.

Super pour remettre en question les privilèges. T’as des scènes où ça dit baaah c pas si grave il s’est juste gouré... rhooo lolo. Et ta cette scène avec Kassowitz qui est tellement exagérée, tellement premier degré... Et d’ailleurs la lui faire porter c’est pas anodin du tout.

On t’as vu Mathieu que tu veux faire le gars qui n’est pas comme ça. Qui veut se laver ses interview problématiques. Encore une fois aucun blanc dans la salle pouvait se douter de la bonne foi du réalisateur surtout quand il rappelle bien à la fin de la scène : « t’as vu la Haine

encore un bel exercice d’autodérision qui nettoye bien sa petite conscience de showbizman friqué. C’est bien Mathieu t’en manques jamais une.

Bref. Tristesse ! Oui tristesse c’est bien le mot. Tristesse d’un film à qui on a même pas demandé d’être militant. Tu veux faire une comédie ? Fais ta comédie gros. Tu veux te matter avec tes potes ? Fais le ! Que Gaumont te finance pour ça. Good 4 you t’as percé .

Mais laisse nous mec ! Please laisse nos sœurs afrofem, laisse nos thèmes. Tu les maîtrises pas. Aborde plus jamais la negrophobie des non noirs et les tensions intercommunautaires entre juifs et arabes. C’est pas ton délire aborde le pas !

Au final toi et tes copains Fary vous avez voulu parler de nous mais vous avez surtout parlé aux blancs, sans nous. Vous les avez mis ienb comme jamais, vous leur avez dit tkt, on va rien faire on est trop bêtes et trop cyniques pour ça.

Vous leur avez dit : le problème c pas le racisme systémique (enfin pas complètement genre oui ça existe mais flemme de vous expliquer) mais c’est nous on exagère. D’ailleurs regardez même nous on y croit pas. À la fin y a personne à la manif.

BAH NON ! À la manif c t blindé. Ton film là tu l’a sorti trop tard. Il est anachronique. On en est déjà plus à se demander si ces discussions il faut les avoir. ELLES ONT LIEU. En plein dans leur face et sans TOI. Sans ton film.

En sortant de là je me suis dit que peut être ce qu’il avait cherché à faire c’est pousser sa propre autodérision et celles des autres acteurs à son max et sur la forme ça marche : la seule fois où j’ai rit de bon cœur c’est quand il se fait peter la gueule par Claudia Tagbo !

Mais pourquoi diable en nous emportant TOUS, nous autres noir.e.s qui n’avons rien demandé, dans les limbes du ridicule avec lui ? Pour qui tu veux faire ça ? Le figaro ? Berkoff ? Ce genre de « subversion » ?

Les blancs de la salle je les entendais parler du film en sortant : ça faisait que des remarques sur les dents de Zadi.
VOILÀ TOUS QU’ILS ONT RETENU DE TON FILM MEC !