Pour explorer ce très riche rapport, deux questions:

1⃣ Est-ce là que se trouve l'impact principal du numérique? (pas forcément)
2⃣ Pourquoi faut-il quand même penser les usages à préserver et ceux à faire décroître ?
Déjà, est-ce que le numérique est le bon sujet ?
Mine de rien: entre 2 et 5% des émissions mondiales (1% rien que pour la vidéo), comparable avec l'aviation (cf. aussi rapport du @theShiftPR0JECT), en grosse ↗ (+9% par an, soit x2 en 8 ans).
Donc oui, c'est carrément un sujet.
En gros, les émissions du numérique, c'est:

◾️ la fabrication du hardware (chez nous, plutôt importé), quand même 3/4 du total;
◾️ la consommation énergétique, plutôt 1/4, dont
🔹 équipements 50%
🔹 réseaux 28%
🔹 data centers 22%

(tjs selon le rapport).
3/4 d'impact carbone pour la fabrication du hardware, c'est énorme, et si on regarde comment ça se passe dans le détail, c'est pas très jojo non plus (extractivisme à tout crin, guerres pour les terres rares, recyclage à peu près inexistant, obsolescence programmée…).
Donc, s'il ne fallait retenir qu'une chose: faisons vivre ordinateurs, tablettes ou téléphones aussi vieux que possible, ayons moins d'appareils multiples, revoyons leur conception, standardisons, réparons et recyclons… Il y a sacrément de la marge.
◾️ durée de vie moyenne d'un PC auj. = 5 ans
◾️ durée d'amortissement écologique dans les conditions (très polluantes) actuelles = 20 à 44 ans

Ne pas se leurrer: même avec des téls et ordis écoconçus et recyclés, il faudra quand même en avoir moins et les changer moins souvent.
Donc, le gros de l'impact carbone du numérique, c'est le matos. Est-ce à dire qu'on peut continuer l'open bar 🍺actuel sur les usages ? Ou faut-il tout de même « interroger la pertinence de nos usages numériques afin d’en limiter la croissance » comme le prescrit le rapport ?
En fait, hardware, énergie, réseaux ne sont pas des silos indépendants. Prenons le traffic routier:
la construction de la route n'est pas ce qui a le plus gros impact, mais ➕ de routes entraîne➕ de véhicules dessus.
J'entends déjà certains dire que les gains d'efficacité (protocoles, réseaux, etc.) vont suffire à nous sauver. Non, en fait. Il y a un petit quelque chose qui s'appelle l'effet rebond: les gains énergétiques sont généralement plus qu'annulés par l'↗️ des usages qu'ils causent.
Donc, questions fondamentales:
➡️ quels usages bénéfiques à la société veut-on sauvegarder en priorité ?
➡️ quels usages à faible valeur ajoutée/inutiles/nocifs veut-on voir baisser?
Déjà, pour pouvoir partir sur de saines bases, il faut pouvoir estimer finement les impacts des services numériques, et on n'en est pas là, en dépit de projets qui y œuvrent, comme Négaoctet, https://negaoctet.org/ 
Ensuite, j'ai bien envie de répartir les usages à contenir en 4 blocs:
❌ big data, données utilisateurs+IA et pub ciblées;
❌ réseaux sociaux et «économie de l'attention»;
❌ streaming vidéo;
❌ objets connectés.
La pub en ligne, non seulement elle incite à la surconsommation, mais elle a un impact notamment via les besoins en données utilisateurs (et donc IA et data centers pour pub ciblée). @les150ccc proposent d'ailleurs un bloqueur de pub par défaut dans les navigateurs.
Côté data centers, beaucoup à faire: diminuer la redondance, la collecte des données utilisateurs et leur durée de conservation,…
Une question fondamentale et très difficile: comment sortir du modèle où « quand c'est gratuit, c'est que vous êtes le produit » ?
Autre enjeu: l'« économie de l'attention ». Comment sortir des fonctionnements (hello Twitter) à base d'« infinite scrolling », de design manipulateur et de construction d'addiction, de dépendance ?
Sur les objets connectés, pour les particuliers, c'est peut-être plus simple: on en a encore peu pour le moment, me semble-t-il. Il « suffit » de ne pas commencer à en avoir (plus facile que d'y renoncer ensuite).
Venons en au nœud du sujet (aïe). Parlons VIDÉO.

Ordre de grandeur (merci le Shift):
10 min de vidéo sur son smartphone = 5h d'envoi de mails avec pièce-jointe = 5 min. de four électrique

≈ la lecture de 500 articles Wikipédia, si je reprends la base de leur calcul.
Déjà, on peut s'interroger à la course à l'échalotte sur la résolution vidéo, qui doit être toujours plus grosse. On peut essayer de contenir ça, mais attention à l'effet rebond (si la vidéo moyenne est plus petite, ne compensons pas le gain en consommant encore plus de vidéo).
Sinon, il y en a, des usages vidéos aisément substituables ou interrogeables. Anecdotiques:
- tutos vidéos qui pourraient se faire en texte (une excellente manière de compresser de l'information, depuis les tablettes sumériennes);
- «vidéos» de musique (playlist youtubes…)
Mais surtout, pas de fausse pudeur, la pornographie (≈10% de l'usage d'internet) et le binge watching de séries (Netflix ferait 15% du traffic internet, à comp. avec YouTube, 11%).
Pour terminer ce thread déjà long: il faut aussi s'interroger sur les impacts néfastes du numérique en termes de santé, vie privée, égalité homme/femme,…: diminuer certains usages peut être bénéfique pour l'environnement ET la société. D'autres méritent d'être préservés.
En guise d'ouverture, une autre proposition du rapport: organiser une « convention citoyenne pour questionner la pertinence des usages du numérique au regard de leurs impacts sur l’environnement, et déterminer les meilleurs leviers d’action publique». Impliquons les citoyens !
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