[Thread /Call-out, violences, justice]
Là on ne cesse de se casser les dents dans les débats sur le call-out et justice intracommunautaire c'est notre incapacité à prendre en compte les principes de proportionnalité, de justice réparatrice, et d'organisation collective.
Le principe de proportionnalité c'est que la sanction soit proportionnée à la faute. Aujourd'hui la seule sanction débattue dans les call-outs est l'exclusion des espaces communautaires et comme certaines fautes ne semblent pas mériter un acte si radical,
en particulier qd la personne responsable est elle-même très vulnérable et a besoin d'être dans la communauté. Le débat fonctionne alors en bascule binaire, dans lequel l'idée est que c'est la victime ou le.a coupable qui va de toute façon partir.
C'est là qu'on manque de créativité et d'ouverture sur d'autres formes de sanctions. Pourquoi? Sans doute parce qu'il est plus simple, et moralement plus satisfaisant, de rester dans une approche de la justice fondamentalement performative et ancrée dans un binarisme chrétien.
Si nous nous penchons sur la justice patriarcale et bourgeoise, nous sommes svt les premier.e.s à critiquer la disproportion des peines par rapport aux actes. Peu d'entre nous iraient défendre la perpétuité pour l'ensemble des actes de violence.
On pourra répondre que l'emprisonnement n'a pas de commune mesure avec l'exclusion communautaire ; je rappellerai donc que la comparaison vise à interroger l'approche intransigeante qui prévaut ; je soulignerai aussi que pour certain.e.s, cett exclusion peut mener au suicide.
L'approche en "purge", d'épuration de la communauté, crée aussi un climat anxiogène pour tou.te.s. Des dynamiques de pouvoir sont aussi à l'oeuvre entre les figures publiques qui résisteront sans trop de difficultés à des accusations, et des personnes moins entourées.
Ce climat anxiogène est lié au refus de toute forme de réparation et de rédemption, pr rester dans la logique chrétienne, avec l'impossibilité de se racheter, de revenir dans la communauté.
C'est là que nous manque aussi le principe de justice réparatrice ; ce principe permet une justice davantage sur mesure par rapport à l'acte critiqué, de manière à réparer, guérir, plus qu'à punir.
Les besoins de la victime sont pris en compte, comme ceux de la communauté, et ce qui est attendu de la personne fautive est clairement établi. Il existe un chemin clair pour guérir et réparer, dans lequel la communauté s'investit, plutôt que de simplement retirer le.a coupable.
Mais pour mettre en place une telle approche, il faut assumer un principe d'organisation collective qui n'existe pas aujourd'hui dans nos communautés. Un tel principe implique en effet d'avoir des cadres de discussion, des mandats, des principes (comme les mesures conservatoires)
qui sont assumées collectivement, des personnes en accompagnement de la victime comme du/de la coupable, et une capacité à ne pas se laisser déborder par un désir de vengeance mais de mettre en place une échelle des sanctions et des procédures réparatrices.
Cela implique de prendre en compte la volonté de la victime, mais aussi les intérêts de la commauté. Cela va dans les deux sens : pr protéger ses membres de sanctions disproportionnées, comme pr exclure des personnes dangereuses même lorsque les victimes ne le souhaitent pas.
Il s'agit de viser une réflexion collective, et un investissement dans la réparation qui dépasse les postures publiques mais impliquent un vrai travail quotidien.
Aujourd'hui, nous n'avons pas cette capacité collective, que ce soit dans la communauté au sens large ou dans la plupart des organisations communautaires.
Tant que nous refuserons de faire ce travail et d'avoir un sens de la nuance et de la réparation, nous continuerons à nous écharper sur comment les personnes accusées devraient réagir, et à réduire toute dénonciation à un débat "pour ou contre l'exclusion" qui ne résoud rien.
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