La transition énergétique allemande est un sujet passionnant, car elle montre à quel point Jadot et EELV ont tort sur toute la ligne en ce qui concerne l'indispensable transformation écologique. On peut résumer leurs positions en 4 points :
1- l'énergie doit être produite localement dans de petites unités de production, on doit privilégier l'échelon local. En effet, le transport d'électricité occasionne jusqu'à 30% de pertes.
2- L'Etat est un échelon inutile qu'il faut abandonner à terme
3- Marché néolibéral et transformation écologique sont compatibles
4- Du coup, l'échelon européen est le plus pertinent et efficace pour réaliser la transformation nécessaire.
Or la réalité de la transition allemande contredit une à une frontalement toutes ces certitudes.
1- Contrairement à ce qu'on peut penser, l'utilisation de renouvelables contraint plus que jamais à une gestion centralisée de l'électricité et des réseaux. En effet les réalités
géographiques s'imposent. En Allemagne, la quasi totalité de l'électricité éolienne est produite dans les laines du nord, et l'énergie consommée dans les régions industrielles du sud. L'éolien crée la réalité inverse, vu que le sud produit plus que le nord pour des raisons
climatiques évidentes. Autrement dit le postulat d'une gestion locale de l'énergie, via de petites entreprises par exemple, n'est absolument pas à même de gérer les problématiques de la production électriques va les renouvelables.
2- L'acteur de surplomb le plus à même de gérer un réseau bâti sur les renouvelables doit donc être au minimum l'Etat. Encore une fois, l'exemple allemand montre l'impasse où les pouvoirs locaux entraînent la production d'énergie renouvelable. Pour acheminer l'énergie éolienne
produite au nord du pays vers les industries situées au sud, il est nécessaire de construire des lignes à haute tension. Or, aucun des pouvoirs locaux ne veut de ces lignes sur son territoire et chacun espère qu'elles passeront plutôt chez le voisin. Cela paralyse à l'heure
actuelle la transition allemande. Autrement dit, la préférence d'EELV pour des pouvoirs locaux décentralisés entre foncièrement en contradiction avec les impératifs de la production et de la distribution rationnelles d'électricité renouvelable.
3- Un autre obstacle que rencontre la transition énergétique allemande est l'échec total de la notion de "régulation par les marchés." En effet, l'éolien et le solaire sont par nature des énergies intermittentes et irrégulières. Elles nécessitent des unités de production de
"back up" autrement dit des unités qui peuvent produire quelles que soient les conditions extérieures afin d'assurer la continuité de la production électrique. Or les renouvelables sont incompatibles avec le marché pour deux raisons :
- Leur irrégularité fait s'effondrer les
cours de l'électricité lorsque l'éolien et le solaire produisent à plein rendement, vu que l'offre s'élargit alors considérablement sans que la demande se modifie.
- Cette irrégularité contraint à utiliser les énergies de "back up" de façon extrêmement irrégulière, ce qui,
conjugué à l'irrégularité extrême des cours engendrée par les renouvelables, les rend impossibles à utiliser de façon rentable. Le marché impose donc , à la place des centrales au gaz, modérément polluantes mais non rentables du fait du manque de régulation, des centrales au
charbon, ultra-polluantes mais beaucoup moins chères. Ceci prouve que le marché néolibéral et la transition énergétique sont rigoureusement incompatibles, sous peine de nous imposer une catastrophe environnementale.
4- Les Allemands ont essayé de taxer fortement le charbon pour le rendre non-rentable et orienter les investisseurs vers le gaz. Or le récent traité sur la charte de l'énergie adopté par les pays européens impose l'existence de tribunaux internationaux que les multinationales
susceptibles d'être régulés par des législations écologiques. Autrement dit, l'Europe, par l'imposition de la concurrence, rend les Etats impuissants et ruine toute régulation écologique. Elle est de ce fait un obstacle majeur à la mise en place non seulement de la transformation
écologique, mais, au-delà, à la possibilité même de la mise en place de quelconques protections de l'environnement par un cadre légal.
Autrement dit, pour réaliser la transformation écologique indispensable, on doit point par point faire l'inverse de ce que propose EELV.
Une bêtise de ma part : le traité du la charte de l'énergie n'est pas récent, il date de 1994.
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