En ce moment, je suis fascinée par le numéro d'équilibriste que la BBC a dû réaliser pendant la grève générale de 1926. #BBC #AgregAnglais2021 #Agregation
Début 1926, un nouveau rapport concernant la nature de la BBC (privée vs publique) et son mode de financement a été rendu. Il recommandait le passage à une redevance et la création d'une entité publique mais indépendante.
C'est déjà un numéro d'équilibriste en soi d'être publique MAIS indépendante du pouvoir politique. Cette difficulté fut immédiatement rendue apparente dans un conflit majeur : la grève générale de mai 1926.
Je ne reviens pas sur les causes de la grève ( #WikipediaIsYourFriend), il vous suffit de savoir qu'elle était considérée par le gouvernement comme un enjeu politique et constitutionnel majeur, et par les grévistes et les syndicats comme soutenant des revendications industrielles.
L'un des secteurs en grève : les journaux. Pas un journal ne sortait des imprimeries. Comment alors rester informé ? Il restait la radio.
Jusque là, la BBC ne pouvait faire de bulletin d'information qu'à partir de 19h pour ne pas couper l'herbe sous le pied des journaux. #Concurrence #Capitalisme
Mais sans journaux à disposition, elle a pris d'un coup une importance capitale.
La grève générale a été la première épreuve du feu pour un nouveau medium qui devait prouver son utilité, sa fiabilité et son indépendance tout en demandant au gouvernement d'en faire une corporation publique et de voter un nouveau mode de financement.
Winston Churchill voulait faire de la BBC un outil de propagande gouvernementale, John Reith, fondateur et directeur, voulait suivre des idéaux d'indépendance et d'impartialité.
Par exemple, la BBC diffusa un discours de Stanley Baldwin, Premier ministre. Ramsay MacDonald, leader travailliste de l'opposition demanda ce qu'il en soit de même pour lui. John Reith était pour, le gouvernement s'y opposa et eut gain de cause.
La BBC tenta de faire diffuser un appel à la paix de la part de l'archevêque de Canterbury, une nouvelle fois cela lui fût refusé.
Pour autant, la radio ne fut pas transformée en simple porte-voix du gouvernement. Les déclarations des syndicats furent lues à l'antenne et le déroulement de la grève fut rapporté efficacement.
A-t-elle été impartiale ? Non. Mais elle réussit à gagner la confiance de son public, grévistes comme non-grévistes.
John Reith sortit de la crise avec une BBC à l'indépendance renforcée, mais il avait gagné l'inimitié de Winston Churchill pour qui "he had no right to be impartial between the fire and the fire-brigade." #Ambiance
Ce qui me passionne dans cette histoire, c'est d'abord la coïncidence : un moment crucial de l'histoire de la BBC, où on aurait pu penser qu'elle aurait eu besoin de conditions sereines, a coïncidé avec un énorme bordel politique et social.
L'autre chose, c'est à quel point "l'impartialité" est un concept qui demande à être défini, de même que "l'indépendance", surtout en contexte de conflits avec le gouvernement.
Et que malgré les compromis, la BBC est sortie plus forte d'une crise qui aurait pu avoir sa peau.
Ce thread offert par mon enthousiasme à la lecture de An Introductory History of Broadcasting, de Andrew Crisell, et de This New Noise de Charlotte Higgins.
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