Rappel des faits : D.Raoult a signé plus de 230 articles sur une période de 7 ans dans le journal « New microbes and New infections » (NMNI) , dont l'éditeur en chef, l'éditeur suppléant, et 3 éditeur(trice)s associé(e)s sont membres de l'IHU.

D.Raoult cosigne presque 1/3 des articles publiés au total dans ce journal. On a déjà remarqué que les publications dans NMNI influaient très fortement la quantité totale d'articles publiés par D.Raoult depuis 7 ans. https://twitter.com/TatayoyoKesski1/status/1272546780702523392?s=20

Un des arguments des défenseurs de Raoult à propos de l'accaparement de NMNI par D.Raoult lui-même est qu'il n'est pas le seul à pratiquer ce genre de sport. Argument que nous pouvons résumer à la courte phrase : "Tout le monde fait ça !".

Tout d'abord ce n'est pas un argument. Quand bien même une majorité de scientifiques pratiquerait l'accaparement d'un journal piloté par de proches collègues, cette pratique devrait être remise en cause.

Ensuite, tout le monde ne fait pas ça, ils/elles sont même très rares à pousser cette pratique jusqu'à l'absurde, comme le fait D.Raoult. Comment le montrer ? En analysant tous les articles publiés récemment dans l’ensemble des journaux de recherche Biomédicale.

Voici donc le classement mondial des scientifiques ayant publié plus de 50 articles en Anglais depuis 2009 dans un même journal de recherche biomédicale (source : MEDLINE).

Ces scientifiques sont classé(e) selon leur accaparement du total des articles publiés dans la revue (%total published).

Sur plus de 10 millions d'articles analysés et presque autant de scientifiques, seul(e)s environ 3000 d'entre-elles/eux ont publiés plus de 50 articles dans un même journal. D.Raoult fait donc partie de la fraction des 0.03% scientifiques les plus gloutons.

On ne peut donc pas dire que "Tout le monde fait ça". D.Raoult se place même 4ème glouton sur une dizaine de millions d'auteurs. "New microbes and New infections" 4ème journal hébergeant ce genre de pratiques sur une dizaine de milliers de revues référencées.

Les publications de D.Raoult dans NMNI constituent donc une anomalie dans le paysage des publications scientifiques mondiales dans le domaine de la recherche biomédicale.

Notons que P-E Fournier, éditeur en chef suppléant, prend la superbe 19ème place de ce classement international,  grâce à la même revue. Dont il est accessoirement éditeur en chef suppléant et proche collaborateur de D.Raoult.

Ce sont les seul(e)s scientifiques Français(es) qui apparaissent dans le top 100 de ce classement.

Si on se concentre maintenant sur le top 20 des chercheurs Français ayant publié plus de 50 articles dans un même journal.

D.Raoult prend largement la tête du classement et apparaît trois fois dans ce top 20. Plus intéressant encore est la présence de deux autres membres de l'IHU.

P-E Fournier mais aussi P Gautret avec la revue "Travel Medecine and Infectious Diseases", journal dont il est éditeur associé. Une belle récolte de médailles pour l'IHU.

Il n’y avait sans doute pas besoin de pousser si loin l’analyse pour souligner la singularité du phénomène. Mais le fait que D.Raoult & NMNI apparaissent spontanément dans ce classement fait à l’aveugle montre l’absurdité totale de la situation.

NMNI ressemble donc d'avantage à un organe de presse de l'IHU qu’à un journal scientifique à vocation internationale.

Comme le soulignent deux chercheurs spécialisés dans la sociologie des sciences : "La France représente donc 50 % du total des articles, alors que ce pays n’a produit qu’environ 7 % des publications mondiales en virologie entre 2013 et 2020". https://theconversation.com/etre-juge-et-partie-ou-comment-controler-une-revue-scientifique-140595

On peut aussi s’intéresser à la vitesse de publication des articles cosignés par Raoult dans NMNI versus les articles où il n'apparait pas en tant que co-auteur (others), on observe la tendance suivante :

D.Raoult publie donc significativement plus vite que les autres. Cela serait sans doute "normal" si ses travaux étaient globalement de meilleure qualité.

Étant donné les failles méthodologiques majeures détectées dans les derniers articles publiés Par D.Raoult dans NMNI, on peut très fortement en douter.

Comme d'autres l'ont très bien mentionné, cette publication massive dans un petit nombre de revues, que j'avais nommé #bingepublishing, permet de récolter des fonds via le système de points SIGAPS.

D.Raoult utilise sciemment ce système de points. Il en parle non sans fierté dans cette vidéo : https://twitter.com/joursansfin/status/1278104531692400641?s=20

En conclusion, D.Raoult est donc bien une star dans son domaine comme il l'affirme lui-même. Une star de l'accaparement, un as de la gloutonnerie. Et NMNI un journal qui favorise les publications d'un nombre limité d'auteurs, de préférences collègues du comité éditorial.