[PRIDE 2020 ET VALIDISME : POUR QUE CA NE SE REPRODUISE PLUS]

Nous remercions les personnes concernées qui ont eu la force et la puissance de parler de ce qui n’allait pas dans cette Pride. Le validisme et la psychophobie ne devraient pas avoir leur place dans nos luttes.
Et pourtant, c’est encore le cas. En tant que co-organisateur-rices de cette marche nous tenons à présenter publiquement nos excuses aux personnes concernées. Cette situation est loin d’être anodine.
Il serait hypocrite et totalement déplacé de notre part de présenter des excuses et de prétendre que cela suffit. Il s’agit de la perpétuation d’oppressions systémiques au sein d’une marche se revendiquant radicalement politique et convergente, c’est très grave.
Des mesures concrètes doivent être mises en place pour que ça ne se reproduise plus. Nous voulons changer les choses maintenant et pour du long terme.
Nous appelons les autres organisateur-rices à participer à un debrief urgent afin que nous nous penchions sérieusement sur le problème, que nous identifions les fautes commises et que nous proposions des solutions pour y remédier.
A l’issue de ce débrief, nous aimerions qu’un document soit mis en ligne et distribué gratuitement afin que de prochaines orgas puissent y avoir accès, afin que nos erreurs servent de contre-exemples, deviennent des ressources pour les évènements à venir.
Nous appelons publiquement les autre orga à présenter des excuses et à venir participer à cette réunion pour s’assurer que personne ne l’esquive. La question de l’accessibilité n’est pas secondaire, elle est à traiter avec sérieux et transparence.
Nous voulons qu’à l’issue de cette réunion une cotisation entre orgas participantes débloque des fonds pour financer des formations à l’accessibilité. Nous voulons que les personnes (physiques ou morales) qui nous forment soient rémunérées.
A l’issue de ces ateliers, les participant-e-s devraient pouvoir redistribuer les compétences et savoirs acquis-es au sein de leurs organisations.
Nous avons l’impression que le temps serré dont nous avons disposé autant pour la préparation que lors de la marche sert d’excuses à certain-e-s. Rien ne justifie l’exclusion, nous devons prendre nos responsabilités.
Quand le temps est « trop court » pour une bonne accessibilité, il faut repousser la date de la marche.

Des dysfonctionnements dus à la précipitations ont également eu un impact sur notre cortège : autant sur les participant-e-s que sur les membres organisateur-rices.
Nous avions prévu un temps d’information, de sensibilisation et de prévention avant le départ de la marche. Le camion et la musique se sont lancé-e-s juste après les prises de parole, nous n’avons pas pu respecter notre déroulé.
Nous regrettons que les mesures prises pour rendre la marche plus accessible et réduire les risques de contamination n’aient pas été visibles ni rendues possibles une fois sur place.
Nous avions prévu : des snacks, des bouchons d’oreille, de l’eau. Impossible pour nous d’aller chercher les choses à redistribuer sans nous approcher des enceintes alors que la plupart d’entre nous est sensible au bruit.
Nous avions pourtant communiqué à ce sujet avec le reste de l’organisation. Nous sommes nombreuxses à être neuro divergent-e-s dans la communauté queer racisée et beaucoup d’entre nous ne savent même pas qu’iels le sont (les personnes racisées sont sous-diagnostiquées).
Ces distributions étaient importantes et n’ont été qu’insuffisantes par manque de temps dédié, ce n’est pas normal.
Le fait que la marche ait été si rapide pose également problème. Oui, nous avons pris du retard au départ, mais ce n’est pas une raison pour speeder et oublier les personnes à mobilité réduite.
Pour cesser de faire preuve d’un validisme d’omission, il faut que nous préparions des déroulés détaillés des marches en amont et que nous nous y tenions.

Le manque de communication est également regrettable.
L’organisation générale a fait le nécessaire pour ramener des centaines de masques et du gel hydroalcoolique. Des places dans des voitures étaient disponibles. Le problème, c’est que la communication n’as pas suivi.
Personne n’était au courant, les masques n’ont pas été distribués, il n’a pas été rappelé sur place que le port du masque était obligatoire alors que des personnes immunodéprimées étaient dans la marche, nous les avons toustes mis en danger.
Nous ajoutons à cela que peu de gens ont su qu’il était possible d’accéder au camion pour se reposer (pour cela, il aurait quand même fallu qu’il s’arrête plus souvent).
Nous n’essayons pas de nous dédouaner en pointant du doigt les co-orga, nous reconnaissons qu’aucune personne de QTPOC autonomes n’a été dans l’équipe d’accessibilité.
Si c’était le cas, nous aurions pu nous rendre compte qu’il n’y avait pas plusieurs camions mais un seul et que la musique a été privilégiée à l’accessibilité. C’est vraiment mal venu pour une Pride qui se revendique politique et intersectionnelle.
La musique n’était pas indispensable. Nous nous engageons à nous former sur ces enjeux là afin de pouvoir faire partie des équipes d’accessibilité.
Nous aurions également dû faire le nécessaire pour communiquer en amont sur ce que signifie « cortège de tête » car en aucun cas cela signifie qu’absolument personne ne marche devant nous. Ne pas préciser en amont que l’accessibilité à la LSF primait était une faute.
On aurait également dû faire plus attention à ce que les participant-e-s du cortège restent derrière nos banderoles pour laisser de l’espace aux personnes sourdes présentes.
Plus généralement, nous constatons au sein des organisations et initiatives militantes un grand manque de bénévoles pour l’accessibilité. L’accessibilité représente une charge de travail énorme, pour la rendre possible il nous faut du monde.
Nous appelons ainsi toustes les militant-e-s qui peuvent se le permettre de participer aux organisations. Les équipes dédiées à l’accessibilité sont toujours en sous-effectifs. La prise de responsabilité doit être collective pour être efficace.
La team accessibilité de l’ExistransInter (qui aura lieu le 17 octobre 2020) recherche encore des bénévoles. Jusqu’ici, ce sont des personnes concernées qui s’épuisent à faire tout le taf.
Si cette année pouvait servir d’année de transmission d’une équipe accessibilité réduite à une autre plus grande, ce serait parfait.
Nous tenons à rappeler que le validisme dans le militantisme ne concerne pas seulement les luttes queer.
Nous devons faire le nécessaire dans toutes les luttes, également dans les luttes anti-racistes. N’oublions pas que la psychophobie a eu un rôle déterminant dans la mort de Babacar, nous devons impérativement visibiliser ces enjeux.
Nous restons disponibles, vous pouvez compter sur nous pour faire remonter vos critiques à l’organisation générale lors du débrief. Vous pouvez prendre contact avec nous si vous souhaitez participer à la réunion.
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