Plusieurs choses à dire sur ces images et le texte qui l'accompagne : maltraitance animale, manipulation et propagande politique

1/n https://twitter.com/Acermendax/status/1278987078458642439

Tout d'abord, j'émets de gros doute sur le caractère "naturel" de la scène. Il me semble que les souris blanches sont extrêmement rares dans la nature.

Il y a des cas d'albinisme et de leucitisme mais c'est une particularité qui a peu de chance de se répandre étant donné qu'un pelage blanc est un gros handicap pour la survie (hors zones enneigées).

Les rongeurs sont des proies pour toutes sortes de prédateurs terrestres et aériens. Ils ont nettement plus de chances de ne pas se faire repérer avec un pelage qui les camoufle dans leur environnement.

On peut donc affirmer avec une quasi certitude qu'il s'agit d'une souris d'élevage (où, là, le pelage blanc n'est pas rare du tout, bien au contraire !).

Un autre indice est l'immense naïveté de la souris qui s'approche avec curiosité d'un potentiel prédateur. En vrai, les animaux sauvages sont souvent extrêmement méfiants. C'est donc un individu totalement inadapté à la vie sauvage.

On a donc à faire à une mise en scène grotesque de la part d'une personne très peu soucieuse de l'éthique en photo animalière.
Alors pour le côté "naturel", on repassera.

Une rapide recherche sur un moteur de recherche m'indique que l'auteur est Tanto Yensen. Et il n'en est pas à son coup d'essai.
@troglodette avait fait un fil à ce sujet https://twitter.com/troglodette/status/1011183168077090817

L'autre problème, c'est qu'en fait les deux images ne montrent pas la même scène. Le "photographe" indique que la crapaud n'a finalement pas mangé la souris. https://www.dailymail.co.uk/news/article-7759535/This-funny-moment-hungry-frog-decides-not-eat-mouse.html

La deuxième image provient probablement d'une autre séance photo au même endroit avec une autre souris. D'ailleurs, on voit que les conditions de luminosité sont différentes.

Ensuite, penchons nous sur le texte qui l'accompagne qui dit, en somme : « Vous qui pensez que la nature est belle et nous veut du bien, regardez ces images, la preuves que vous racontez des conneries ! »

C'est le type de discours qu'on retrouve très souvent chez les opposants à l'écologie politique pour décrédibiliser leurs adversaires (il suffit de regarder les un peu les tweets de L. Alexandre et ses sbires).

« la nature est belle » est une opinion. Moi, je la trouve belle. Je pense même que des scènes de prédations peuvent être belles.
Si vous trouvez qu'il n'y a pas de beauté dans la nature, votre vie est probablement triste à mourir.

« la nature veut notre bien »
Honnêtement, vous avez déjà entendu quelqu'un dire ça sérieusement ? À part quelques gogos ultra-minoritaires ?
Cette idée, je la vois surtout attribuée aux défenseurs de l'environnement par ceux qui les combattent.

Pour résumé, on a :
– une mise en scène pas du tout naturelle
– de la cruauté de la part du photographe envers des animaux
– une manipulation associant deux photos de scènes différentes
– un homme de paille typique des opposants à l'écologie politique

Un peu déçu de la part d' @Acermendax dont j'apprécie le travail qu'il fait à la @TroncheBiais

Mendax me rappelle que des gourous utilisent l'idée d'une "nature bienveillante" pour recruter des adeptes. Je suis au courant et je pense que c'est une idée à combattre.

Mais le fait que cela soit associé à l'idée que la "nature est belle" me donne l'impression que la cible est plus large que ça (je peux me tromper, c'est l'impression que ça me donne).

Certains soulignent que l'appel à la nature est très présent dans l'écologie politique ainsi, la santé, le marketing. C'est très vrai aussi.
(note : j'ai déjà vu des militants pro-libéralisme, pro-capitalisme, utiliser également ce sophisme pour défendre leur modèle économique)

Sauf que là, on est un peu plus que dans l'appel à la nature. Quand on dit que "la nature veut notre bien", on personnifie carrément la nature en lui prêtant des intentions bienveillantes envers nous, humains.
Je maintiens : cette idée est minoritaire.

L'idée fausse qui est très répandue, c'est que ce qui est "naturel" est forcément meilleur que ce qui est "artificiel". Il y a tout de même une grosse nuance entre les deux idées.

AMHA, le succès de cette idée tiens plus aux peurs engendrées par les scandales sanitaires, catastrophes industrielles et écologiques, usage militaire des technologies, etc. qu'à la croyance en une volonté bienveillante de la nature.

Il faut combattre cette idée également mais ce n'est pas en caricaturant les propos des gens, en leur prêtant des positions aussi grotesques que l'appel à la nature régressera.