Je viens de découvrir qu'un intellectuel dont je recommandais le livre à tout le monde est un gros fils de pâté en croûte.

Il reste encore Henri Laborit et Janusz Korczak sur la liste des hommes que j'admire... Vous avez des infos sur eux ? Imposteurs, violeurs, pédocriminels ?

Je pense qu'à terme, je vais finir par lire exclusivement des meufs et par ne recommander que leurs livres à elles. Ça m'évitera de contribuer à charrier des pelletées de purin.

Je réfléchis beaucoup à tout ça depuis des mois, et encore plus ces derniers jours. Je lis vos threads sur des call-outs de youtubeurs. Je re-relis des articles sur les dangers de la cancel culture. J'essaie d'interroger ma position. J'ai envie d'être lucide et juste.

Je vois bien ce que cet idéal de pureté morale peut avoir de toxique. Intellectuellement. Et dans mes relations IRL. Et même pour moi, qui suis looooooooin d'être irréprochable.

Tout se mélange peut-être un peu trop dans ma tête. J'ai tendance à considérer (peut-être à tort) les intellectuels que je lis et que j'écoute et dont j'embrasse la pensée comme des personnes que je fréquenterais dans la vraie vie.

Je choisis d'avoir confiance en leur jugement. Je leur accorde donc du temps. Du temps de lecture, de discussion, d'élaboration de ma propre pensée. Je modifie plus ou moins mon réel en fonction d'eux.

Parfois, un élément un peu sale, un comportement un peu nul apparaît au grand jour. Je ne vais pas forcément rompre cette confiance intellectuelle tout de suite. Comme dans la vie, c'est une accumulation de faux-pas qui finira par me faire lâcher.

Mon parallèle est peut-être complètement foireux. Après tout, c'est sans doute un peu bête, un peu trop extrême surtout, de me priver de la pensée lumineuse d'une personne parce qu'elle a merdé sur tel ou tel truc (et tel autre + tel autre + tel autre...).

Je ne peux pas m'empêcher de repenser à cet ex, qui aurait sans doute pu m'apporter encore beaucoup, mais dont le comportement a été tellement nul, que continuer à le fréquenter équivaudrait à valider ce qu'il a fait.

Je repense aussi à l'exemple que Titiou cite dans son article sur la cancel culture : Françoise Dolto. Elle a fait tellement en nous invitant à considérer les bébés comme des personnes. Ces divagations sur l'inceste devraient-elles tout gâcher ?

Évidemment que non.
Mais dans un cas comme dans l'autre, j'ai envie de ceci : prendre ce qui est bon, ce qui est lumineux, et laisser là la personne ou les livres. Ne pas y consacrer une minute de plus. Passer à d'autres gens.

Ce qui me condamne, j'imagine, à une sorte de fuite en avant perpétuelle, épuisante, et probablement irréaliste.

Ma pensée est encore en mouvement sur le sujet. J'ai encore besoin de lire, de réfléchir. Et je garde à l'esprit qu'il est essentiel de garder une certaine souplesse.

Vigilante, mais souple.
Vigilante, mais souple.

Je me rends compte que ce thread pourrait être résumé par "à qui ai-je envie de donner du temps, du pognon et du crédit ?"