On va tenter un thread d'anecdotes sur les pièces de théâtre célèbres, histoire de se culturer un peu, ça vous dit ?

Macbeth est la tragédie la plus courte de Shakespeare. Jouée dans son texte intégral, elle ne dure "que" environ 2h45

(Pour l'avoir vue, le temps ressenti est plus proche des 4h30)

Elle a la réputation d'être une pièce maudite. En coulisse, on ne prononce jamais son nom : elle est surnommée "la pièce écossaise", et les personnages de Macbeth et sa femme sont surnommés "M" (rien à voir avec Matthieu Chedid) et "Lady M"

Les pièces de Shakespeare sont très longues car, en début de chaque acte, il y a un dialogue entre 2 personnages (svt secondaires) qui résument TOUT ce qui s'est passé avant. Au dernier acte, ça prend facile 10 min

C'est un peu le "previously" des séries Netflix avant l'heure

La pièce la plus jouée au monde est La Souricière, d'Agatha Christie. Ecrite en 1952, elle a dépassé les 25000 représentations dans le monde en 2012.

Le secret de son succès ? Il est demandé aux spactateurs de ne JAMAIS révéler la fin.

Même wikipedia ne la dit pas.

D'ailleurs, la dernière réplique est dite par un policier s'adressant au public en tant que "complices du crime" et exigeant de "ne jamais révéler l'identité du tueur".

Procédé audacieux pour l'époque, mais qui continue de marcher.

On peut pas faire plus meta comme réplique

Autre record : la pièce la plus jouée DANS UN MÊME THÉÂTRE est la Cantatrice Chauve, jouée depuis 1950 au Théâtre de la Huchette, à Paris.

19000 représentations, elle fête sa 70e saison de programmation dans cette salle cette année.

C'est une vraie institution (jveux y aller)

D'ailleurs, pour ceux qui se demandent, spoiler, il n'y a ni cantatrice, ni chauve dans la pièce.

C'est juste deux mots prononcés dans un monologue complètement délirant et sans queue ni tête d'un des personnages...

A la base, dans ce monologue, Ionesco parlait d'"institutrice blonde".

En repet, un comédien a eu un trou de mémoire, a improvisé "cantatrice chauve" à la place. Ca a tellement plu à Ionesco qu'il a décidé de garder ce nom.

Corneille a fait scandale avec le Cid, non pas sur le fond de la pièce, mais sur la forme : c'est le premier qui n'a ouvertement pas suivi le dogme des 3 unités, qui était considéré comme la norme absolue pour le théâtre de l'époque (et voulue par Richelieu himself)

En attendant Godot, de Beckett, est sûrement la pièce de théâtre qui a eu le plus grand nombre de "théories de fan" : qui est ce Godot que les 2 personnages attendent ? Qui est l'enfant messager à la fin des actes? Quel est ce lieu ? Qui sont les 2 personnages principaux ?

Pourquoi ne se rendent-ils pas compte du temps qui passe ?

Il y a d'autres questions qui, aujourd'hui encore, ne sont pas vite répondues.

(Beckett lui même avait tendance à envoyer copieusement chier ceux qui l'interrogeaient à ce sujet)

La première pièce "féministe" connue est Lysistrata, d'Aristophane, environ 410 ans avant JC.

Le pitch : pour empêcher leurs hommes de faire la guerre, les femmes décident de faire la grève du sexe.

(Et je crois que les femmes les plus moches montrent leur cul et leurs seins aux assaillants pour les faire fuir.

Je suis plus sûr de ça, je sais pas si c'est dans la pièce originelle ou dans des adaptations du texte qui ont eu lieu plus tard)

La première pièce ouvertement féministe du théâtre classique doit être "La colonie" de Marivaux aux 17e siècle.

Les femmes commencent par demander à gouverner à égalité avec des hommes, puis font carrément scission, foutent les mecs dehors et fondent leur société matriarcale

Pour échapper à la censure, Marivaux a quand même dû "remettre les choses en ordre" à la fin de la pièce. Les hommes reprennent le pouvoir en mentant, en manipulant et au passage en passant pour de parfaits enfoirés

Marivaux a aussi écrit "L'île de la raison", qui est réputée techniquement injouable : elle demande aux comédiens de physiquement grandir tout au long de la pièce.

Pour ça, il a été envisagé de faire jouer des nains, des enfants, des ados puis des adultes.

Ou bien de changer régulièrement de décor pour faire croire que les acteurs grandissent.

Mais il est communément admis que "ça rend pas bien", c'est pourquoi elle est très peu jouée.

Shakespeare a aussi TRES FORTEMENT inspiré Disney pour l'un de ses plus grands succès : Le Roi Lion et Hamlet sont sensiblement la même histoire.

Disney ne s'en est jamais caché, et a même glissé quelques clins d'oeil.

Etre ou ne pas être...la question n'est pas vite repondue

- le roi est tué par son frère : check
- le prince est exilé : check
- le nouveau roi épouse la reine : presque check
- le prince voit le fantôme de son père : check
- le prince revient et tue son oncle : check

Roland Topor (qui a traumatisé toute une génération avec Telechat) a aussi écrit des pièces de théâtre absurdes.

Ma préférée : L'hiver sous la table. Une femme sous-loue une partie de son appartement à un immigré d'Europe de l'Est.

Mais au lieu de sous-louer une chambre, elle lui loue... le dessous de sa table de salon.

Pour la jouer, il faut donc fabriquer une table géante, suffisamment grande pour que deux acteurs puissent jouer accroupi dessous

Tartuffe de Molière a été une pièce ultra sulfureuse : d'une part pour son message politique (ce qui lui a valu la censure), mais aussi parce que le personnage-titre, bien que mentionné tout au long de la pièce, n'apparaît qu'au 3e acte. Ce qui a fait bondit les puristes.

Bien que Cyrano de Bergerac, de Rostand, est l'une des pièces les plus populaires du théâtre français, elle est réputée pour être extrêmement difficile à monter. Elle necessite une cinquantaine de comédiens, et comporte plus de 1600 alexandrins.

(Mais elle est trop bien)

Fun fact, elle a inspiré une des chansons les plus connues des années 70 : Roxanne de Police