Donc le milieu du JV est à nouveau bousculé : nouveaux cas de harcèlement sexuels et/ou morals.

Je bosse dans le JV depuis 10 ans.
Et je suis dans quelques groupes de discussion avec des nanas du milieu.

Voici donc un thread de l'ambiance en ce moment en coulisse.

Actuellement, avec les copines et collègues, on se partage les différents articles, tweets, etc qu'on trouve. On est horrifiées, mais pas surprises. Ce sujet nous prend toutes aux tripes, on a la rage, mais on a peur.

On échange nos expériences. J'aurais pléthore d'anecdotes à raconter, si j'avais pas peur de griller ces meufs, ou de me griller moi-même. Pas une seule n'a échappé à la violence misogyne de notre milieu. Depuis l'article de Mar_Lard, les choses ont évolué mais... pas assez.

Parce que oui, pendant que les mecs chouinent à la "chasse aux sorcières" (alors que c'est plutôt "chasse au gros porc impuni pour ses crimes/délis" mais passons), le nombre de meufs qui ont peur de parler sont... encore majoritaires.

Encore aujourd'hui, en 2020, les meufs tremblent face à ces histoires. Le dilemme qui s'impose à nous est cornélien :
- Parle et prend le risque de ruiner ta réputation et ta carrière alors que tu n'as rien fait de mal.

- Tais-toi et prends le risque de maintenir le statut quo. De continuer à évoluer dans ce milieu misogyne qui te tue à petit feu mais sans lequel tu ne peux pas gagner ta vie.

La double contrainte. "Face ils gagnent, pile tu perd."

On a toutes envie d'être des héroïnes et de braver la loi du silence. Ce serait beau comme un roman. Mais rien n'est simple et n'est pas Louise Michelle qui veut.

L'une doit pouvoir continuer de payer sa thérapie non remboursée par la sécu. L'autre a un prêt à rembourser. Etc

Personnellement, voilà presque 10 ans que j'évolue dans le milieu du jeu vidéo. Trop souvent, j'étais l'unique meuf. Et rien que d'être la seule femme, c'est une violence. Même avec les mecs les plus gentils de la terre. Ça renvoie le message qu'on est une erreur de parcours.

Ça renforce le syndrome de l'imposteur. La sensation qu'on devrait pas être là. Sensation renforcée à la moindre blague sexiste, à la moindre remarque sur "les goûts de fille pour les "faux" jeux" (aimer Journey et Monument Valley ne m'a pas aidée).

C'est dans ce genre de situation que l'aide d'alliés masculins serait plus que bienvenue. Qu'ils prennent le relais et dénoncent les prédateurs à notre place. Qu'ils recadrent les comportements douteux. Puisque leur parole est toujours plus reconnue et respectée que la nôtre.

Mais hé, pour dire "on est pas tous comme ça", ya du monde hein ? Mais pour nous aider, ça fait moins de bruit, étrangement.

Allez, je retourne dans mon silence.
Bisettes.