Dans un manuel d'arts martiaux et plus généralement traité humaniste, Pietro Monte, maître d'armes, mercenaire condottiere et ami de Leonard de Vinci décrit comment il perçoit les peuples de son temps.

Ca vaut son pesant d'or. Nous sommes en 1509, je vous le traduit :
" L'espagnol est de stature équilibrée, entre force et faiblesse. Il y a très peu de disparité chez ce peuple. Ils sont influencés par leur climat sec, qui les rend agiles, comme tous les animaux qui y naissent [...]
L'espagnol est plus versé dans les exercices physiques que toutes les autres nations que j'ai pu rencontrer. Il court, saute et lance avec talent, fait le reste avec moyenne. L'espagnol est compétent à la lutte et talentueux aux armes.
Le portugais est particulièrement doué dans l'art de la lutte, même si sa technique est pauvre, car il lutte avec son cœur, et c'est quelque chose qui lui est propre. Les portugais se jettent avec fureur dans la bataille, mais ils le font en désordre, chacun ayant ses objectifs.
Néanmoins, ils sont sans égal dans les nations pour défendre les forteresses, tout comme dans l'art de les enlever, notamment par la force ou encore par la famine. Ils sont habiles au harcèlement de troupes et au franchissement d'obstacles.
Les siciliens sont raisonnablement puissants et bons lutteurs, bon voltigeurs et sauteurs. Ils sont doués dans les armes.
Il n'y a aucune moyenne chez les italiens. Beaucoup sont faibles, certains sont exceptionnels. Beaucoup sont assez agiles, et doués pour la lutte. Ils sont assez grands de taille, sans être gigantesques, sauf en Lombardie où les hommes sont imposants.
Ils sont intelligents et disciplinés dans le domaine martial. Mais ils se mettent rarement en danger. Ils ne sont pas brutaux avec leurs adversaires, et font souvent des plans pour les abattre par surprise.
Les français sont colériques, de taille moyenne et de grande diversité physique. Certains sont forts, même s'ils ne sont pas très agiles. Les autres sont faibles. En bataille, ils se tiennent serrés et ont l'habitude de tuer systématiquement les adversaires qu'ils capturent.
Lors des premières charges ils sont exceptionnellement vaillants et savent comment obtenir la victoire. Mais s'ils rencontrent la moindre distance, ils s'écroulent. Quand ils attaquent, ils ont pour habitude d'envoyer les gens du commun en première ligne.
Les français sont cependant excellents dans l'attaque de forteresses, mais mauvais dans leur défense.
Enfin, comme les anglais, allemands et hongrois, et tous les peuples du nord, les français sont cruels avec ceux qu'ils capturent, n'hésitant pas à les massacrer. C'est pour ça qu'ils boivent, pour oublier la peur et la douleur qu'ils provoquent.
Les bretons, mélancoliques, ne sont pas grands, mais puissants physiquement et pratiquent la lutte avec talent. Cependant, ce sont des gens simples. Même s'ils tombaient face contre terre, ils ne reconnaîtraient pas leur défaite, pas avant d'être expulsés de force du combat.
Les anglais sont de stature moyenne. Solides et puissants, ils pratiquent la lutte. Ce sont des experts en archerie et ils sont réputés dans la bataille. Ils peuvent être comparés aux bohémiens. Ils sont brutaux avec leurs prisonniers.
En Allemagne/Flandres, les gens sont larges de corps. Peu sont puissants, et encore - sont agiles. Ils sont très mauvais pour lancer des choses, sauf des objets comme des gros cailloux. Ils maîtrisent les arts mécaniques. Ils sont fiers, et puissants quand ils sont en guerre.
La Hongrie est peuplée d'hommes en bonne santé et de bonne taille. Ils ne pratiquent pas d'exercice physique hormis une forme de lutte à 4 pattes, comme des quadrupèdes. Ils ressentent peu les variations de température.
Puissants à la guerre, ils y sont lents et immobiles.
Les habitants de la Bohème sont grands, forts, larges, avec des os solides. Ils aiment la lutte, où ils rampent sans gène. Avec les armes, ils sont comme les hongrois, mais ne s'exercent plus de nos jours. Ce sont les meilleurs soldats que je connaisse, avec les bretons.
En Pologne, Russie et terre tartare, les hommes sont forts mais ne s'exercent pas beaucoup, sauf en lutte et dans le lancer de rochers. En bataille, leur volonté est forte.
Les grecs sont plus compacts que les espagnols, même s'ils leurs sont très semblables. Ils ont un esprit qui cherche toujours à innover. Ils sont bons archers, et luttent un peu, avec le droit de saisir les jambes avec les mains, ce qui n'est permis qu'en Hongrie et en Allemagne.
Au nord de l'Asie, les gens sont puissants, au sud ils sont faibles.
Le long des côtes méditerranéennes, les habitants sont particulièrement versé dans l'art de la guerre, dans l'escarmouche, l'embuscade et les raids. Comme les Italiens et les Espagnols, les Africains sont parfois cruels avec leurs ennemis une fois qu'ils les ont capturés."
Je vous jure que je n'invente aucune ligne, tout est contenu entre les chapitres 91 et 105 du "Collectanea" de Petrus Montius, ou Pietro Monte, ou Petro Monti...
Poke @CathKikuchi pour le rapport aux étrangers via la culture martiale d'un mercenaire italien au XVe et @KevinTroch85 pour les lancers de cailloux dont semblent friands les peuples européens.
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