De mon point de vue d’homme straight blanc cis (HSBC), c'est particulièrement facile pour nous de s’oublier entre nous, et donc de participer au développement d’un #boysclub.
D’où un besoin de s’éduquer et de s’auto-surveiller encore plus. Petit exemple personnel, thread. 1/n

J’ai participé à une structure dont un membre (HSBC donc) a collectionné plusieurs drapeaux au-moins-jaunes au fil du temps.

Aujourd’hui, j’apprends qu’il met mal à l’aise plusieurs personnes et structures incluant des minorités.

A l’époque, je n’ai rien vu, parce que… 2/n

…on était membres de la même structure "engagée". Entre "gens bien" quoi, et du même univers culturel. Et puis, les soucis ne me semblaient « pas si grave que ça ».

Comment suis-je arrivé à cet état de fait ? Plusieurs possibilités croisées… 3/n

Déjà, je pense que par défaut, en qualité de privilégiés, on part avec un mauvais niveau de compétences sur la détection des oppressions et comportements problématiques. Potentiellement, c’est encore pire quand on COMMENCE à se renseigner, effet Dunning Kruger oblige. 4/n

Evidemment, comme on n’a pas été habitués à être remis en question, on se croit facilement « super woke », et donc on se sent bien « entre gens woke » (sauf que non).

L’autre raison, c’est d’ailleurs que, finalement, on partage des codes, des habitudes « entre privilégiés ». 5/n

Dans mon cas, la personne en question jouissait de beaucoup de points le rendant sympathique à mes yeux : se définit "de gauche", pétri de culture et d’éloquence, connaît d’autres gens "du milieu", apprécie Usul, Lepage et Jancovici. 6/n

Il a fallu un clash sur des logiques de gouvernance interne et de postures, puis une rupture de contacts associée, pour que je me rende compte qu’en fait… il y en avait pas mal, des signaux, avec du recul. 7/n

(note : l’idée n’est pas de revenir sur ce clash précis, sur lequel se mêlaient des soucis interpersonnels et sur lequel je partage une partie des torts) 8/n

Ci-après, quelques exemples vécus que j'ai trouvé symptomatiques de la situation, et inférables en "signaux à surveiller entre HSBC", pour essayer de contrebalancer notre potentiel d’oppresseur (qui est là, qu’on le veuille ou non !) en tentant d’être des alliés corrects. 9/n

Le fait que plusieurs associations de minorités se méfient d’une personne (voire la blacklistent), particulièrement des femmes et des personnes trans.
Méfiances souvent balayées d’un revers de main par la personne sous prétexte que ce sont des « personnes agressives ». 10/n

Une tendance à prendre beaucoup de place, et à préférer que "les choses avancent", quitte à se mettre sur le devant de la scène pour "gagner du temps" plutôt que de se mettre dans une posture d'accueil de personnes marginalisées. 11/n

Des commentaires en privé en contradiction avec des valeurs affichées publiquement, par exemple transphobes, ou « cette personne ne sert à rien, pas la peine de faire des efforts pour l’inclure ». 12/n

(sur certaines des phrases précédentes sorties en privé, venant d’inconnus, je me serais probablement méfié davantage… sauf qu’on était potes, donc j'ai laissé facilement passer – ce qui est probablement le problème) 13/n

Une tendance à sortir des "blagues limite" de temps en temps, mais "en sachant qu'on est entre gens woke, donc c’est ironique". Seulement, ça participe quand même à cultiver un climat pénible à vivre pour personnes concernées. 14/n

Aussi, en tant que signal, les « blagues limite » peuvent dénoter des valeurs « de façade », en contradiction avec une pensée réelle (voir point 12) et/ou avec une vraie écoute de personnes marginalisées. 15/n

Une tendance à « faire profiter les copains » quand l’occasion se présente, parce qu’il vaut mieux que « les choses soient faits entre gens cool et de gauche ».

Ce népotisme est d’autant plus pernicieux qu’il semble inoffensif… 16/n

…sauf que « les copains », ce sont souvent des gens du réseau avec qui on se sent le plus proche, et donc ça tombe souvent sur les autres copains hsbc. Dommage pour les autres. 17/n

(Note : pourquoi ce réseau se structure comme ça ? Peut-être par habitude d’être avec des gens "comme soi", peut-être parce qu’on ne se pose plus la question. C’est un biais que je vis aussi personnellement dans "mon réseau") 18/n

Dernier signal : des personnes marginalisées et/ou vulnérables qui gardent/prennent leurs distances avec l’association.
En leur demandant pourquoi, on se rend compte que c’est pour ne pas gérer le stress d’interagir avec la personne en question. 19/n

A mon sens, c’est un problème même (surtout) quand la personne est « bien intentionnée ».
Ça l’est d’autant plus qu’elle risque de briser le moral et l’implication sans même s’en rendre compte. (voir :
https://twitter.com/bananawarmer/status/1274813636758827008) 20/n

Alors, cette introspection est compliquée. En tant qu'HSBC, je ne suis pas trop habitué à contredire "mes potes", n'aime pas trop les conflits (pas grand monde n'aime d'ailleurs !), et ça implique de me remettre en question (ARGH !). Pourtant... 21/n

...c'est d'autant plus capital que les personnes marginalisées ont autre chose à faire que de nous éduquer. 23/n

Surtout, quand on donne l’impression de porter un gros panneau "WOKE !!", on prend en plus le risque de briser un embryon de confiance quand on merde. Et ça fait souvent mal à tout le monde. 24/n

Je voulais mettre des ressources complémentaires, mais mon énergie a été pas mal drainée par ce thread, alors j'essaierais plus tard. Si vous avez des choses à mettre, allez-y ! :)

Prenez soin de vous et buvez de l'eau, il fait chaud. 25/25