Cette semaine, thread sur un sujet sensible : l’environnement. Alors que l’écologie est enfin devenue un thème politique majeur en France, elle est trop souvent portée par des déclinistes, collapsologues, militants de gauche radicale ou adeptes de la décroissance. 1/
2/ Pourtant, l’environnement est un enjeu qui nous concerne tous, par-delà les oppositions traditionnelles droite / gauche. Malheureusement, en France, l’écologie est présentée la plupart du temps sous un angle anti-capitaliste simpliste, punitif, voire apocalyptique.
3/ Afin de proposer un autre regard sur l’environnement, je présente dans « ce fil » un classement international méconnu en France : celui de l’indice EPI (Environmental Performance Index) des prestigieuses universités américaines de Yale et de Columbia.
4/ Je précise en préambule qu’adepte de montagne, j’ai pu constater que le réchauffement climatique est bien une réalité inquiétante. J’ai aussi eu le privilège de voyager sur tous les continents et suis épouvanté par la dégradation de nos écosystèmes.
5/ Partisan de la sobriété en matière de consommation, j’ai vu plutôt d’un bon œil, contrairement à nombre de mes amis, la Convention Citoyenne pour le Climat et suis convaincu que nous devons faire beaucoup plus en matière d’écologie.
6/ Car oui, avec 1 milliard d’humains sur Terre en 1810, 3 milliards en 1960 et bientôt 8 milliards… nos environnements naturels sont logiquement attaqués.

Pour autant, je reconnais avoir du mal avec les discours français culpabilisants et les postures idéologiques.
7/ La crise du coronavirus fut l’occasion de voir fleurir une multitude de tribunes qui faisaient un lien parfois ridicule entre ce virus et nos modes de vie, au motif que la "nature se rappelerait à nous". C’est ici que l’EPI offre une autre perspective.
8/ L’indice EPI, publié pour la première fois en 2002 dans le cadre des engagements pour le Millénaire de l’ONU, a succédé à un autre indice, l’Environmental Sustainability Index (publié lui depuis la fin du 20e siècle).
9/ L’EPI, dont la méthodologie de calcul est régulièrement affinée, classe en 2020 180 pays sur leur performance environnementale selon 32 indicateurs couvrant 11 catégories, répartis selon 2 axes : la santé et la vitalité des écosystèmes.
10/ Comme tous les indicateurs et classements pays, sujet sur lequel j’ai publié plusieurs études, l’EPI est forcément partiel et en partie subjectif, donc critiquable. Pour autant, il constitue le tableau le plus complet sur la performance environnementale des nations.
11/ L’équipe qui le prépare est composée de spécialistes de l’environnement, de statisticiens, de programmeurs, de géographes et de chercheurs des universités de Yale et de Columbia. Des experts en environnement issus d’organismes externes participent également aux travaux.
12/ A noter que l’équipe EPI appelle de ses vœux des transformations politiques profondes afin de rendre la planète durable, transformations qui seraient bien sûr pertinentes sur le plan environnemental… mais qui seraient également « economically vigorous ».
13/ Dans la dernière édition (2020), l’axe santé est pondéré à 40% et comprend 7 critères répartis en 4 catégories : la qualité de l’air, l’accès à l’eau potable, les métaux lourds et la gestion des déchets
14/ L’autre axe, sur la vitalité des écosystèmes, est pondéré à 60% (logique !), et comprend 25 critères répartis en 7 catégories : biodiversité & habitat, destruction des écosystèmes, ressources halieutiques, changement climatique, pollution, agriculture et ressources en eau.
15/ Pour calculer l’indice, chaque critère et chaque catégorie reçoivent une pondération. Il est évidemment possible de contester la pertinence de ces pondérations. Mais il faut remarquer que tous les grands thèmes de l’environnement sont intégrés et quantifiés.
16/ Quels enseignements tirer du classement EPI de 2020?
-Les 10 pays les mieux classés sont TOUS européens
-Le Danemark (1er), la Finlande (7e), la Suède (8e) et la Norvège (9e) y figurent
-Suisse (3e), RU (4e), Autriche (6e), Allemagne (10e) aussi
-La France est (5e)
17/
-Les Etats-Unis ne sont que 24e
-La Russie est 58e
-La Chine est 120e
-L’Inde est 168e...
18/ Loin du discours ambiant, notamment en France, la classement EPI montre que l’Europe est le continent le plus performant en matière environnementale. Le développement économique n’est donc pas forcément rédhibitoire. Au contraire !
19/ Les auteurs soulignent d’ailleurs que les nations les mieux classées sont celles qui ont des revenus par habitant plus élevés. Une nation plus riche a en effet plus de moyens pour assurer une meilleure santé à ses habitants et protéger ses écosystèmes.
20/ Par exemple, construire des infrastructures pour fournir de l’eau potable et gérer les eaux usagées, pour réduire la pollution de l’air, pour gérer les déchets… coûte très cher.
21/ Autre enseignement : à un premier stade de développement économique, les pays émergents ont tendance à polluer plus largement, notamment l’air et l’eau. Ils ne doivent cependant pas renoncer car la croissance est nécessaire.
22/ Cette croissance peut être compatible avec l'environnement à condition d’avoir des institutions politiques qui favorisent la liberté de la presse, la prise de conscience écologique et l’expression des communautés qui veulent agir et proposer des solutions concrètes.
23/ Dernier enseignement : chacun des 180 pays peut mieux faire, même ceux qui sont bien classés. Invitation nécessaire pour changer nos pratiques et favoriser la transformation énergétique, sans pour autant compromettre le développement économique ni l’exigence sociale.
FIN
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