Au sein des milieux antispécistes, il y a une trop grande tolérance aux argumentaires naturalistes qui semblent (et je dis bien semblent) aller dans notre sens. Bcp de militant·e·s ne voient pas le souci de tolérer ces discours ( quand ils ne les profèrent pas eux-mêmes.)
Certain·e·s se disent sûrement, de bonne foi, que "tout argument qui sert la cause est bon à prendre" et qu'étant donné les attaques obsessionnelles quotidiennes des anti-véganes, on ne peut pas s'interdire d'utiliser des arguments qui pourraient aider à légitimer le véganisme.
Sauf que non. Il faut être intraitable sur nos valeurs. La pensée animaliste n'est pas un tout cohérent ; elle est le reflet de différents courants politiques, de valeurs parfois diamétralement opposées, de conflits. Le thème commun "cause animale" n'efface pas le reste.
Aussi, le fait que chez bcp de militants de la cause animale, le déclic soit lié à des raisons écologiques est peut-être aussi pour quelque chose dans cette résurgence de l'essentialisme. Les discours écolo en France ajd tendent quand même svt au naturalisme et à l'essentialisme.
Pour bcp de gens, l'écologie c'est la défense de "La Nature", comprise comme une entité supposément "pure" et perçue de manière fantasmée. Certaines écoféministes y compris reconnues se vautrent d'ailleurs allègrement dans ces délires : ce "naturalisme" est un pb partout.
Comme c'est le cas dans le mouvement féministe, les pensées essentialistes, en plus d'être complètement stupides, conduisent à des ignominies fascisantes, extrême droite-compatibles, transphobes et j'en passe. C'est pour ça que c'est grave et pas juste "ridicule".
C'est pour cela qu'on doit être particulièrement vigilant et ne pas reprendre à notre compte ces arguments, même quand on pense qu'ils sont utiles / qu'ils n'ont pas l'air dangereux. Si certains discours sont caricaturaux, d'autres sont plus insidieux.
Je pense notamment aux discours sur la bouffe où certains véganes vont essayer de justifier qu'on serait herbivores et non omnivores. Ça n'a aucun sens puisque de toute façon, omnivore n'indique pas une nécessité de manger des produits animaux mais une capacité à s'en nourrir.
(C'est un peu le même type d'argeumentaires qu'on entend dans les milieux féministes où on va chercher par tous les moyens à prouver que l'homosexualité serait "naturelle", comme si l'enjeu était là, comme si, si elle ne l'était pas, ça serait un problème.)
Les anti-véganes posent souvent le débat en termes de nature et c'est parfois tentant de leur répondre en ces termes. Sauf que c'est à la fois une impasse (la pédagogie a ses limites) et un terrain particulièrement glissant (on naturalise des questions historiques et sociales).
Tout ça pour dire qu'il faut cesser de voir le mvmt animaliste comme une grande famille, et arrêter de vouloir nier les conflits pour "ne pas diviser". Refuser de prendre en compte les oppressions intrahumaines ne les fait pas disparaître. On laisse pas notre identité à la porte.
Soit on reconnaît les clivages et on choisit consciemment de soutenir une pensée politique claire et propre, soit on fait l'autruche et à ce moment-là on admet jeter sous le bus des personnes que la société brutalise et qui sont déjà marginalisées au sein de toutes les luttes.
Désolée ce thread c'est à la fois une réflexion à voix haute et une prise de position ... C'est pour ça que c'est pas très bien écrit mais ça me paraissait quand même important de pointer ces questions-là vu qu'on est en plein dedans ces derniers jours.
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