Hello!
Comment est-ce que tu as vécu le manque de diversité ethnique lors de tes années d’école? Le fait d’être p… —

Très bonne question... Je réponds en dessous (mini-thread) https://curiouscat.qa/Hka_/post/1113457179

En fait le manque de diversité se fait surtout ressentir au niveau social, pas au niveau ethnique. La réelle barrière, c'est celle de la catégorie sociale de tes parents et l'environnement dans lequel tu as vécu, pas celle de ta couleur de peau/ton origine.

J'ai d'ailleurs côtoyé des étudiants brillants qui étaient marocains, algériens, tunisiens, sénégalais, chinois, indiens... mais qui avaient grandi dans leur pays d'origine et qui n'étaient pas français.

Ces étudiants sont issus de classes sociales aisées dans leur pays, ont fait l'école et les lycées français à l'étranger pour la plupart, parlent parfaitement le français et n'ont aucune difficulté à s'intégrer dans le modèle occidental.

Au contraire, il est très rare de rencontrer des personnes françaises, ou binationales, nées en France et issues de l'immigration, et qui auraient "réussi" à travers le système éducatif français.

Là où le système éducatif français a échoué à mon sens, c'est dans l'inclusion des personnes multiculturelles. On ne valorise pas assez le patrimoine culturel des enfants d'immigrés, parce que le système d'intégration à la Fr n'accepte qu'1 seul modèle, et rejette la différence

Sans tomber dans le cliché de la discrimination victimaire, il est beaucoup plus difficile de réussir en France lorsque tu es issu de l'immigration, tout simplement parce que tu n'as pas les "codes" pour intégrer ces milieux élitistes.

Il te faudra redoubler d'efforts : d'une part pour te hisser à leur niveau et te construire tant bien que mal les références et codes qui te permettront d'accéder à ce nouvel environnement, d'autre part pour t'en faire accepter, sans oublier d'où tu viens.

Mais pour moi, un blanc qui habite en ZEP aura également beaucoup de mal à "réussir" (alors qu'un arabe du 16ème à Paris n'aura pas ces mêmes obstacles) : la première barrière est sociale, et à celle-ci, s'ajoute celle de l'origine.

Les enfants d'immigrés subissent donc une double peine : celle de leur condition sociale, et celle de leur origine (couleur de peau, langue, religion...)

Mtn pour répondre à ta question, comment je l'ai vécu : je suis partie du principe que le système est tel qu'il est, et que si je veux le changer à mon échelle, je dois d'abord réussir avec les mêmes armes, les mêmes codes que les autres. Le système méritocratique par excellence.

J'ai tjs été l'arabe que les autres considèrent comme "ah mais t'es pas comme les autres",alors même que je n'ai absolument pas renié mon arabité & qu'elle fait partie intégrante de mon identité. La réussite, ce n'est pas de substituer un système à un autre,c'est de les accumuler

Il ne faut pas gommer ses différences, il faut s'en servir comme d'un levier pour marquer sa singularité. Etre irréprochable sur les pré-requis, ce que les autres attendent, mais quand même avoir "ce truc en plus" qui fait de toi ce que tu es. (Religion, langue, couleur...)

Pendant toute ma scolarité, je n'ai pas croisé beaucoup de mes pairs, malheureusement. Les choses commencent à bien bouger néanmoins, dans le bon sens, et on voit fleurir plusieurs initiatives pour diversifier ces milieux, et qu'on appelle généralement "discrimination positive"

(Bon après, la discrimination positive, ça reste très critiquable, mais c'est un autre débat !)

C'est en partie pourquoi je suis si impliquée avec les questions d'éducation (ex: @HowToBe_Edu) A côté, quand j'ai du tps libre, je fais du tutorat et des interventions dans des établissements défavorisés, parce que j'ai réalisé que pour certains, mon parcours sert d'exemple)

Je veux montrer que l'ascension est possible, que la "réussite" est possible, et que le vrai combat est celui de l'information :

Si tu as la bonne info, les bons codes, que tu développes ton réseau, que tu travailles d'arrache pied pour faire valoir ta singularité et te faire accepter parmi le groupe social auquel tu aspires... Alors rien ne peut t'empêcher d'y parvenir !

Et franchement, ça me rend super heureuse quand je vois qu'à mon humble niveau, j'ai pu contribuer à l'ascension sociale de quelques étudiants qui partaient défaitistes, en pensant que leur handicap culturel était insurmontable

Donc pour tous les binationaux et/ou enfants d'immigrés qui ont réussi:n'oubliez pas d'où vous venez, et si vous le pouvez, parlez de votre expérience à des jeunes, montrez-leur que c'est possible, aidez-les à se hisser au niveau que vous avez atteint après avoir travaillé si dur

C'est important de trouver des figures auxquelles se comparer, s'inspirer du parcours des autres, et ne pas s'enfermer dans la case des "laissés pour compte du système éducatif à la française". ça demande du travail acharné, mais c'est possible !