D'habitude, je suis plutôt fan des vidéos de Samuel Buisseret, mais là il y a plusieurs problèmes qui m'empêcherait de recommander cette vidéo à des étudiants. Voici rapidement lesquels. https://twitter.com/MrSam144/status/1273666420983975936
Alors, déjà, je rassure. On est loin des absurdités à la Raoult. Niveau réalité des définitions, Raoult c'est le mec qui dit que la Terre est plate. Ici, on est plus genre la Terre est un citron. C'est pas parfait, mais on approche quand même plus du vrai.
Déjà, je pense que la métaphore générale employée (socle, buste, couronne) n'aide pas beaucoup. C'est subjectif, certes, mais on verra que la métaphore vient d'une approche aristotélicienne de la question.
Bon, déjà, le moment qui m'a fait le plus grincer des dents (à 3 minutes et des poussières). La définition de la déduction est effectivement une inférence dans laquelle, si les prémisses (point de départ) sont vraies, alors la conclusion (point d'arrivée) est forcément vraie.
Mais Mr. Sam refuse de dire ça, il préfère dire que la conclusion est "très probablement vraie". Argument de Mr. Sam : la prémisse pourrait être fausse.
Autrement dit : ce serait faux qu'une déduction est une inférence dans laquelle la conclusion est forcément vraie quand les prémisses sont vraie, parce que si les prémisses étaient fausses, alors la conclusion serait fausse.
Relisez-bien ça.
Donc non : ce n'est pas une horrible "absolutisation" de dire que, dans la déduction, la conclusion est forcément vraie SI les prémisses sont vraies. En fait, c'est PRECISEMENT la définition d'une déduction.
La déduction, c'est une inférence qui conserve la vérité des prémisses dans la conclusion car elle procède selon les règles de la logique. (Ce qui ne veut pas dire que les autres types d'inférence sont "illlogiques", hein ?)
Deuxième problème : l'idée (suggérée par la métaphore du socle et de l'exemple donnée) que la déduction procède forcément du général (ce que Mr. Sam appelle la "règle").
Pour le coup, il n'est pas seul responsable, c'est une vision répandue (voir la page Wikipedia france par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Raisonnement_d%C3%A9ductif, qui est très mauvaise). Mais une vision fausse, qui provient d'une surutilisation de certains exemples d'Aristote.
(Oui, c'est encore la faute à Aristote.)
En effet, l'exemple classique de déduction, c'est :
1. Tous les hommes sont mortels
2. Socrate est un homme
3. Donc : Socrate est mortel
Mais on peut trouver des déductions qui vont du particulier au général :
1. Bob est un cygne
2. Bob est noir
3. Donc : tous les cygnes ne sont pas blancs
Ou encore :
1. J'ai 3 abonnés en tout : A, B et C
2. A aime la science
3. B aime la science
4. C aime la science
5. Donc : tous mes abonnées aiment la science
Certains raisonnement déductif ne font d'ailleurs intervenir aucune règle générale :
1. A aime la science
2. B aime la science
3. A et B sont deux personnes différentes
4. Donc : il y a au moins deux personnes qui aiment la science.
Ou encore, mon préféré :
1. Raoult est un héros et un génie
2. Donc : Raoult est un héros
(Oui, c'est un raisonnement circulaire naze, mais c'est une déduction. SI 1 est vraie, alors 2 est forcément vraie. Et on voit qu'il n'y a aucune référence à une règle générale.)
Alors, vous allez me dire, est-ce bien important ? Oui, au moins pour deux raisons. La première, c'est le statut des mathématiques. Les mathématiques sont depuis longtemps considérée comme une science certaine/apodictique.
Pourquoi ? Justement parce que les mathématiques procède par déduction, c'est à dire par un mode de raisonnement qu est tel que la vérité des conclusion est garantie par la vérité des prémisses.
Or, il est clair que le raisonnement mathématique ne procède pas uniquement par déduction de cas particuliers à partir de règles déjà connus, comme dans les exemples aristotéliciens. Les maths n'iraient pas très loin comme ça.
Le deuxième point important, c'est que si on nie à la déduction cette propriété, on ne comprend plus très bien ce qui fait qu'elle a toujours plus fait fantasmer les penseurs que l'induction (qui est un peu son faire-valoir).
En effet, l'opposition classique, c'est que la déduction conserve nécessairement la vérité des données, alors que l'induction peut partir de prémisses vraies mais quand même arriver, même bien faite, à une conclusion fausse.
Genre:
1) J'ai vu une foultitude de cygnes.
2) Ils étaient tous blancs.
3) Tous les cygnes sont blancs.
(Mais en fait, merde, il existe des cygnes noirs.)
Si on pense que la déduction peut ne pas garder la vérité des prémisses, alors on perd le sens de cette valorisation de la déduction au détriment de l'induction en philosophie classique.
Voilà, je vais arrêter ici, mais si vous voulez continuer sur l'induction et l'abduction, @Cedric_Eyssette a fait plein de tableaux de synthèse super utiles sur ces questions (qu'il connaît mieux que moi). Celui-là est top par exemple :
https://pbs.twimg.com/media/EajiH5GXgAAv-IV?format=jpg&name=4096x4096
Pour finir, je voudrais tout de même dire que, si l'un de vous a besoin de se faire relire par un philosophe à un moment donné, je suis disponible (en général).
You can follow @CovaFlorian.
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