Saviez-vous que le 1er mai 1962, un essai #nucléaire français dans le Sahara algérien tourne mal, contaminant notamment des ministres présents pour l’occasion ? Voici un 1er thread dédié aux incidents/accidents nucléaires.

Thread 1 : L’accident de Béryl. ☢️💣

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En 1957, en pleine #guerre d’ #Algérie, débutent les travaux de construction du Centre saharien d’expérimentations militaires (CSEM) du CEA dans le Sahara algérien, près de Reggane. C’est ici qu’ont lieu les 4 premiers essais nucléaires atmosphériques français (1960-1961).
Alors que les connaissances sur les effets de la #radioactivité encore lacunaires, les premières consignes de sécurité sont mises en place et les militaires protègent les zones contaminées. Des expériences sur les effets de l’onde de choc et des radiations sont réalisées.
En 1954, l’essai atmosphérique américain « Castle Bravo » dans l'atoll de Bikini tourne mal. Les retombées radioactives touchent différents atolls et un bateau de pêche japonais. C’est le début de mobilisations citoyennes contre l’arme atomique.
Les #USA, l’ #URSS et la GB décident en 1958 de suspendre leurs essais aériens. La #France abandonne également (et provisoirement) les essais aériens au profit d'essais souterrains, qui doivent permettre de "piéger" dans la roche la plus grande partie des éléments radioactifs
Les essais en galerie se déroulent plus au sud, à proximité d’In Ecker, à 150km au nord de Tamanrasset. Les militaires et les populations locales touaregs participent à la construction du CEMO (Centre d’expérimentations militaires des oasis).
Entre 1961 et 1966, la France procède à 13 tirs souterrains dans un massif granitique du Hoggar, le Tan Afella. Les essais prennent le nom de « pierres précieuses ». Le 1er, « Agathe » se déroule le 7 novembre 1961.
Le principe des tirs souterrains est le même pour que celui mis en place par les USA dans le Nevada. Les services de renseignements américains suivent d’ailleurs le déroulement des essais français et les surveillent en installant des stations sismiques en Libye…
Les tirs ont lieu au fond de galeries creusées horizontalement dans la montagne dont la longueur totale peut atteindre deux kilomètres. La galerie de tir se termine en colimaçon pour que l’effet du tir sur la roche provoque la fermeture de la galerie.
Pour fermer la galerie, des doubles portes blindées sont mises en place et scellées dans le granit. Une multitude de sacs remplis de sable renforce l’étanchéité des portes blindées. L’ensemble de la galerie est bouché une fois la bombe introduite.
Taillées dans les cavités latérales de la galerie principale, des " cages de faraday ", tapissées de feuilles de cuivre, protègent les instruments de mesure (sismographe, mesures électromagnétiques, rayonnements gamma…) contre les interférences électromagnétiques.
Les sondages et les prévisions météorologiques s’annonçant favorables, le 1er mai 1962 au matin est prévu le second essai nucléaire souterrain dit « Béryl », un engin de 50 kt destiné plus tard à armer un bombardier « Mirage IV ».
Le PC opérationnel est situé à 2,5 km du point d’impact. On y trouve les moyens de mise à feu et de communication mais également des « spectateurs » : Pierre Messmer (à gauche de de Gaulle), ministre des Armées et Gaston Palewski, ministre de la #Recherche scientifique.
Le bouton de mise à feu s’enclenche le 1er mai au matin. Un nuage s’échappe du Tan Afella. L'obturation de la galerie a été trop tardive et une fraction égale à 5 à 10 % de la #radioactivité en sort, sous forme de laves et de scories projetées, d'aérosols et de produits gazeux.
Un nuage radioactif se forme et culmine jusqu'aux environs de 2600 m d'altitude. Il se dirige au sud-est, au-dessus du poste de commandement, que le personnel et les officiels quittent dans la panique. (Vidéo : l’explosion vue par Pierre Messmer.)
Un militaire explique : « On se serait cru dans les ténèbres et il fallut allumer les phares des véhicules. (…). Sur les vingt kilomètres de la route goudronnée menant à la base vie une véritable course automobile s’était engagée : chacun n’avait qu’une hâte, rejoindre la base.»
Dans la zone autour de la galerie, le rapport parle de l’OPECST parle d’un débit de dose de 3 Gy/h à H + 8 minutes. La contamination atmosphérique est significative jusqu'à environ 150 km (à H+1 h : 200 mGy/h dans les premiers km autour du site et 2,5 mGy/h à 150 km).
Neuf militaires qui ont traversé la zone contaminée ont reçu une dose évaluée à 600 mSv. Ils seront transportés à l'hôpital militaire Percy à Clamart pour surveillance et examens radiobiologiques complémentaires.
Près de 2000 personnes participaient à la réalisation de cet essai. Une contamination substantielle (induisant une exposition supérieure à 50 mSv) touche une centaine de personnes.
Le nombre d'Algériens contaminés reste inconnu à ce jour. Le rapport de l’OPECST estime que les populations locales étant très éloignées, elles ont reçu des doses de « l'ordre du centième à quelques dixièmes de mSv. »
Les essais nucléaires dans le Sahara sont stoppés en 1966. Le rapport de l’OPECST précise : « après qu’il ait été procédé au démontage de l’ensemble des installations techniques, au nettoyage et à l’obturation des galeries. »
Les sites d’essais nucléaires sont transférés, de 1966 à 1996, vers les atolls de Moruroa et Fangataufa en Polynésie française. Aujourd’hui, ces essais nucléaires sont remplacés par un programme de simulation numérique opéré par le CEA (ex : Photo laser Mégajoule du CEA)
Les années 1990-2000 ont ravivé la mémoire de l'accident de Béryl. Une mission de l’AIEA, dont le rapport est publié en 2005, estime qu’en raison d’une contamination encore présente dans les sols, la zone autour de la galerie de l’essai Béryl doit être nettoyée et surveillée.
Suite à des mobilisations de vétérans des essais, la Loi n° 2010-2 du 5 janvier 2010 relative à la reconnaissance et à l’indemnisation des victimes des essais nucléaires français a notamment permis de créer Le Comité d'indemnisation des victimes des essais nucléaires (CIVEN).
Pour l’anecdote : Gaston Palewski, atteint d'une leucémie, meurt en 1984. Il estimait alors que les conséquences de l’accident de Béryl était la cause directe de sa maladie
Sources vétérans des essais atomiques :
https://cutt.ly/JucKST4 
https://cutt.ly/BucKKu7 
https://cutt.ly/pucK0Vt 

Extraits vidéo :
Reportage sur L'histoire des essais nucléaires au Sahara : https://cutt.ly/KucJJFE 
Vidéo INA « Heure H » 1960 : https://cutt.ly/wucKQZ3 
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