Toutes les autorités fondées sur le prestige et le contrôle de l’information s’effondrent les unes après les autres, et le covid risque d’être ce qui met à bas l’autorité de la science et de la communauté scientifique.

Cette autorité dépend de credentials (la blouse blanche, les titres, la reconnaissance des pairs) et de l’autorité de la méthode scientifique (une étude montre que...) les deux sont battus en brèche, c’était déjà le cas avant mais le covid a donné un coup d’accélérateur

Les fameuses études qui montrent étaient avant dans des revues chères, difficiles d’acces, réservées aux spécialistes, elles sont désormais accessibles directement et soumises instantanément à un feu nourri d’analyses

Et alors on réalise que le mythe - la science dit la vérité, si ce n’est pas le cas c’est qu’il y a fraude, corruption, ou tromperie - s’effondre. C’est que toutes les études scientifiques, même honnêtement, reposent sur des interprétations, elles ne « concluent » pas

Même l’expérience d’eddington, qui a créé le mythe de la science au 20ieme siècle, en « démontrant empiriquement » la véracité de la relativité était plus compliquée que cela, les données ont été interprétées, à elle seule elle ne « prouvait » pas tant qu’on en a dit

Mais quand on a tellement repose sur l’argument d’autorité - la vérité existe et la science la révèle - la chute est d’autant plus dure. On découvre qu’un chercheur qui a tous les credentials - blouse blanche, chef de services, multiples publis - peut faire n’importe quoi

On découvre qu’une revue qui publie à la hâte sur un sujet laisse passer une étude aux choix et aux conclusions discutables. La crise de la réplication était restée cantonnée à quelques domaines et les gens que ça intéresse, c’est désormais sur la table

Et la réaction du public c’est le nihilisme, le tous menteurs et corrompus, le choix de gourous, de théories du complot, tandis que les tenants de l’autorité contestée se braquent et défendent « la science »

Ne faisant que saper encore un peu plus leur autorité. Je me demande quelle sera l’issue. Un nihilisme généralisé? La destruction de la science comme autorité et institution? Ou une reconstruction du rapport de la science au public?

Parce que si on y ajoute la crise des universités, elles aussi mises à nu par le covid, tout cela ne va pas être joli à voir