Aujourd'hui c'est parti pour le 3 ème [Thread] sur deux maladies encore très mal connues par tous. Je vais parler de la bipolarité et du trouble de la personnalité limite (trouble borderline).

Encore une fois, ce sont deux maladies qu'on ne connaît pas assez et qu'on s'amuse à évoquer à tort ou à travers. Si j'évoque ces deux maladies dans un seul [Thread] c'est parce qu'elles ont beaucoup de similitudes.

Pour vous donner un ordre d'idée, sur deux ans de suivi dont quatre hospitalisations (2 qui ont durées plus de 2 mois) je ne sais toujours pas si je suis bipolaire, borderline ou les deux.

La psychiatrie c'est quelque chose de très difficile, dans le sens où la plupart des psychiatres ont des avis qui divergent. J'en ai consulté une dizaine et je peux vous dire que vous êtes complètement largué après ça.

Comment voulez-vous que l'on s'en sorte si chaque psychiatre a un avis différent ? J'ai essayé une vingtaine de médicaments différents (benzodiazépines, antidépresseurs, thymorégulateurs, somnifères,etc.).

A chaque nouveau rendez-vous avec un psychiatre j'apprenais de nouvelles choses que l'ancien psychiatre ne m'avait pas dit et qui sont pourtant très importantes à savoir. J'ai donc peaufiné moi même mes connaissances en faisant beaucoup de recherches.

Certaines fois, j'arrivais même à apprendre des choses à certains psychiatres. C'est un domaine où on a difficilement le choix, soit on s'informe, soit on a une confiance aveugle en son psychiatre. J'ai choisi la première option.

Il ne faut pas hésiter à consulter plusieurs psychiatres. Non, un psychiatre ne sait pas tout. Oui, il a fait des études et connaît de nombreuses choses mais il peut se tromper. La psychiatrie n'est pas une science exacte. Il peut très bien se tromper sur le diagnostique.

Vous aurez besoin d'un psychiatre pour vous en sortir mais si vous n'avez pas un bon feeling avec lui, il ne faut pas hésiter à changer. Maintenant je vais vous expliquer en bref ce qu'est un trouble bipolaire et un trouble borderline.

Un trouble bipolaire est une maladie psychologique où nous avons plusieurs phases. Je m'explique, ce trouble est caractérisé par des troubles récurrents de l'humeur. L'humeur évolue selon deux phases d'où le terme bipolaire.

Il y a la phase dépressive et la phase maniaque (hypomaniaque si on fait parti du second type). La phase dépressive c'est plus ou moins ce qui se rapproche des symptômes de la dépression. Pour la phase maniaque c'est tout l'opposé.

Vous vous sentez invincible, vous avez un comportement à risque (sexe, drogue, alcool,etc), vous dormez très peu, vous êtes euphorique, vous avez une excitation physique et psychique, une sociabilité accrue, une désinhibition,etc. L'hypomanie c'est pareil mais en moins excessif.

Pour le trouble de la personnalité limite, vous retrouvez également cette cyclothymie avec des changements de phases plus fréquents.

Vous y ajouter beaucoup plus de symptômes : trouble de l'identité, sentiment chronique de vide, instabilité émotionnelle, impulsivité, prise de risque, idées suicidaires, mutilations, peur de l'abandon, sentiments disproportionnés au stress,etc.

Dans mon cas, j'ai de nombreux symptômes du trouble borderline mais en même temps ça ne concorde pas totalement, idem pour le trouble bipolaire puisque j'ai des phases qui s'alternent plus rapidement ainsi que d'autres symptômes qui diffèrent.

Certains psychiatres pensent que je suis bipolaire, d'autres borderline. Je suis le genre de personne à aimer poser un mot sur ce que j'ai, pas pour me mettre dans une case mais ça me "rassure" dans un sens. Et puis c'est nécessaire pour avoir le bon traitement.

Parce qu'au niveau du traitement c'est vraiment différent. Un trouble bipolaire est traité à 80% par le traitement médicamenteux. Pour le trouble borderline, c'est surtout la thérapie qui est nécessaire pour aller mieux.

Un trouble bipolaire ne guérit pas, c'est à vie. Il est la 6ème maladie la plus handicapante selon l'OMS (physique comme psychique), pour vous dire à quel point c'est une vraie souffrance à ne pas prendre à la légère.

ça m'a détruit la vie pendant plus de deux ans. Durant ces deux ans, j'ai fait 3 tentatives de suicide, j'étais accro aux anxiolytiques, aux somnifères et j'en suis même venu à certaines mutilations. J'ai pris 15kg à cause de mes différents traitements.

A cause des anxiolytiques j'ai eu de gros troubles de la mémoire, à cause des somnifères de lourds troubles du sommeil. Ce n'est pas anodin et ce n'est pas un sujet facile à aborder.

Lorsque vous avez déjà été en clinique ou en hôpital psychiatrique, que vous êtes incapable de suivre une année scolaire normalement, que vous avez déjà tenté de mettre fin à vos jours, vous êtes catalogué comme fou par la plupart des gens.

Comment voulez-vous parler à qui que ce soit de ce qu'on ressent, de ce qu'on vit lorsque la société ne cherche pas à démentir ces stéréotypes et que la plupart des gens utilisent ces termes à tort et à travers.

Les troubles psychologiques sont encore trop tabou. J'ai rencontré beaucoup de personnes où leur famille et leur entourage n'ont apporté aucun soutien car, pour eux, il suffisait de se donner un coup de pied au cul pour aller mieux.

Le taux de suicide chez une personne bipolaire s'élève à 11-19%. Chaque année, 1500 personnes souffrant de trouble bipolaire décèdent par suicide. J'ai failli faire parti du lot. Heureusement une personne m'a sauvé la vie durant ma dernière hospitalisation.

Je ne sais pas combien de temps je vais réussir à être stable, pour le moment je n'ai jamais été aussi bien depuis des lustres. N'ayez pas peur de vous faire aider, n'ayez pas peur de mettre votre vie en suspend pour vous soigner. Si vous ne le faite pas, votre état s'aggravera.

Les personnes qui m'ont le plus soutenu sont des personnes qui ont traversé un trouble psychologique (bipolaire, borderline, dépression,etc). Votre entourage peut vous soutenir au mieux, ça ne sera jamais la même chose.

J'ai rencontré mes meilleurs amis en clinique psychiatrique. Lorsque vous pouvez partager tout ce que vous ressentez sans aucun jugement et sans tabou c'est vraiment libérateur. La plupart des personnes que j'ai rencontré en hospitalisation sont comme vous et moi.

Je parlerai plus précisément des hôpitaux et des cliniques psychiatriques dans un autre [Thread] car il y a beaucoup de choses à dire... Sachez qu'il est possible de vivre normalement avec un trouble bipolaire.

Il faut être suivi par un psychiatre et un psychologue et avoir un traitement adapté. Une fois le traitement mis en place, il attenuera les changements de phase.Pour un trouble borderline le plus important est de suivre une thérapie spécifique.

D'ailleurs, très récemment sur Twitter en parlant d'un autre sujet, un mec m'a dit qu'il avait rencontré un mec qui avait le VIH et qui était bipolaire, il n'a pas cherché à comprendre il s'est juste barré...

Quand je rencontre un mec par le biais des applis, il est très rare que j'aborde le sujet lors des premiers rendez-vous. J'ai cette peur du rejet qui d'ailleurs fait parti des symptômes du trouble borderline.

Tout le monde n'est pas tolérant, tout le monde ne cherche pas à comprendre, tout le monde n'est pas à l'écoute. J'ai tendance à entendre que, puisque je suis jeune je n'ai rien vécu, que je ne connais rien de la vie, que je ne sais pas ce que c'est de souffrir.

Non, je ne suis d'accord, j'ai vécu des choses, beaucoup de choses. Tout ça m'a permis de grandir et de gagner en maturité. Ce n'est pas parce qu'on est jeune, qu'on est ignorant et qu'on a pas vécu ce que des personnes plus âgés ont vécus.

Pour ceux qui se reconnaisse dans les symptômes que j'ai cité, qui ne savent pas quoi faire, qu'ils pensent que c'est juste une phase, ne jouez pas avec le feu, consultez !

Ce n'est pas une honte d'aller voir un psychiatre ou un psychologue. Il sera là pour vous écouter sans vous juger. Si vous avez besoin de discuter, n'hésitez pas mes DM sont ouverts.

Je sais à quel point c'est horrible de se retrouver dans cette situation, vous allez traverser quelque chose de difficile mais pas insurmontable. J'ai été comme vous à me dire que rien ne pourrait me faire aller mieux et aujourd'hui, ça va mieux.

Ce [Thread] fut difficile à écrire mais nécessaire. Je n'ai pas su dire tout ce que j'aurai voulu dire mais j'ai dit le nécessaire. Si je peux au moins aider une personne ou sensibiliser quelqu'un c'est que j'aurai bien fait d'écrire ce [Thread].

Merci à tous d'avoir lu jusqu'au bout. Prenez soin de vous !