Farm to Fork, F2F ou de la ferme à la fourchette. Si le slogan n’est pas neuf, le plan de l’Union européenne pour son agriculture a des ambitions. Tour d’horizon des propositions de la Commission et… Réactions. C’est le #thread du mercredi. ⤵️
Que Farm to Fork soit fortement teinté de vert n’aura surpris personne. Ce plan est la suite du Green deal annoncée par la Commission il y a quelques semaines… Un deal, ou pacte, qui doit mettre l’Europe sur une voie plus durable. https://ec.europa.eu/info/strategy/priorities-2019-2024/european-green-deal_fr
Entre-temps, Covid-19 est passé par là et la présentation du plan concernant l’agriculture s’est fait attendre, jusqu’à la semaine dernière. Quelques annonces ont fait la une des journaux, réduction des pesticides de 50 %…
Réduction des intrants de 20 %, augmentation de la part de l’agriculture bio jusqu’à 25 %, lutte contre le gaspillage… Alors comme tout ceci fournira un cadre intellectuel à la prochaine PAC, il faut regarder au-delà du communiqué de presse. Vous venez ?
Pour avoir une idée de comment peut s’articuler la PAC avec le Green deal ? C’est autour de 3 axes, une gestion nationale, une amélioration de la régulation pour + la compétitivité et + de subsidiarité, pour arriver à la neutralité carbone en 2050 ⤵️

https://ec.europa.eu/info/sites/info/files/food-farming-fisheries/sustainability_and_natural_resources/documents/analysis-of-links-between-cap-and-green-deal_en.pdf
Alors que trouve-t-on entre la ferme et la fourchette ? Un fort document de 23 pages divisés en quatre chapitres, de la nécessité d’agir ; bâtir une filière alimentaire qui convienne aux consommateurs ; aux producteurs au climat et à l’environnement …/…
…/… rendre la transition possible ; promouvoir la transition mondiale ; plus un chapitre de conclusions.
Prenant acte que notre système alimentaire est menacé, la stratégie est présentée comme une « nouvelle approche globale » qui permettra « d’améliorer les modes de vie, la santé et l’environnement. »
Cet exposé des motifs reconnaît toutefois que « L’alimentation européenne est déjà une norme mondiale en matière de nourriture sûre, abondante, nutritive et de qualité. » Un résultat attribuable aux politiques de l’Union selon le texte et aux efforts des agriculteurs.
Rentrons dans le dur du sujet, le premier chapitre. Celui-ci est consacré au futur du système alimentaire européen, avec trois objectifs, que les filières aient une incidence environnementale neutre/positives, que la sécurité alimentaire et la santé publique soient garanties…
… Et que le prix des denrées alimentaires reste abordable « tout en générant des rendements économiques plus équitables dans toute la chaîne d’appro.» Bref que « les aliments les plus durables soient les plus abordables »
Pour parvenir à ces résultats, plusieurs moyens sont proposés. La séquestration du carbone par les agriculteurs, le recours à l’économie circulaire, les ENR (solaire, méthanisation…) la réduction de l’usage des pesticides, la promotion de pesticides biologiques…
Il est question aussi de réduire les apports de fertilisants (-20 %) et de réduire les pertes de nutriments (- 50 %). Reconnaissant que l’agriculture ne contribue que pour 10,3 % des émissions européennes de gaz à effet de serre, dont les deux tiers issus de l’élevage…
Farm to Fork entend que l’Union revienne sur la production des protéines végétales sur le sol européen mais aussi des insectes ( @canardumidi), des algues et des additifs pour améliorer l’alimentation animale. Les programmes de promotion de la viande sont aussi sur la sellette…
Il est aussi fait mention de la réduction des usages des antimicrobiens à l’usage de l’élevage de 50 % d’ici 2030, de la révision des règles du bien-être des animaux (transport, abattage compris), de mieux protéger les végétaux contre les maladies et les nuisibles…
… Quitte à mobiliser les nouvelles techniques innovantes, dont la biotechnologie et le développement de produits biosourcés « pour accroître la durabilité, à condition qu’elles soient sûres pour le consommateur et l’environnement tout en…
… Procurant des avantages à l’ensemble de la société. » C’est aussi une des voies évoquées pour diminuer la dépendance aux pesticides d’ailleurs. Le plan prévoit aussi de faciliter l’inscription des variétés de semences, notamment des variétés traditionnelles…
… Et enfin, pour cette partie uniquement agricole, mais le plan est bien plus large que cela, la promotion de l’objectif « 25 % de la SAU en bio en 2030. » La totalité du document est consultable ici. https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=CELEX:52020DC0381from=EN
Et le calendrier ? D’ici à la fin de l’année, la Commission doit adopter les recommandations destinées à chaque État membre concernant des 9 objectifs spécifiques de la politique agricole commune. Le .pdf du document est là.
https://ec.europa.eu/food/sites/food/files/safety/docs/f2f_action-plan_2020_strategy-info_en.pdf
Alors il y en a pour qui ce n’est pas assez comme le Bureau de l’environnement européen qui, s’il supporte l’initiative, trouve que tout ceci est un peu mièvre.
https://mk0eeborgicuypctuf7e.kinstacdn.com/wp-content/uploads/2020/03/EEB-consultation-response-to-Farm-to-Fork_2020pdf.pdf
D’ailleurs, à parcourir toutes ces déclarations, on a même presque l’impression que personne n’est vraiment content. Pour les uns, c’est trop, pour les autres, pas assez. Vous me direz, c’est business as usual.
Il manque par exemple, pour certaines ONG, des objectifs de réduction de consommation de viande ou de produits laitiers, pour d’autres les réductions pesticides et intrants ne sont pas assez prononcées… https://bit.ly/2AavLlK 
Si à gauche le plan est plutôt bien reçu, vous imaginez que bien que ça a donc quand même un peu grogné dans le landerneau une fois ces pistes rendues publiques le 20 mai. Le président de la commission agriculture (PPE) a regretté que le commissaire européen à l’agriculture…
Un député PPE autrichien, membre de la commission agriculture du parlement, a regretté que la Commission ait maintenu la présentation de ce plan à « un moment où les agriculteurs européens envisagent avec une incertitude croissante leur avenir…
En Andalousie on râle principalement parce qu’on estime que les systèmes agricoles locaux répondent déjà aux critères de durabilité invoqués. Et qu’au contraire, le plan proposé va « tuer l’agriculture andalouse », ni plus ni moins.
http://agrodiariohuelva.es/2020/05/22/la-estrategia-europea-de-la-granja-a-la-mesa-condena-el-campo-andaluz-segun-carmen-crespo/
Bon après il y a aussi des polémiques sur le nutriscore, l’étiquetage… Mais on garde ça pour une autre fois parce que sinon on va y passer la nuit !
Pour ceux qui veulent profiter du week-end de Pentecôte pour aller plus loin, vous avez au bout de ce lien tous les documents de l’Union européenne sur le sujet. Bonne lecture ! https://ec.europa.eu/food/farm2fork_en
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