[THREAD] Pour une réhabilitation de Lithopédion, le mal-aimé de la discographie de Damso.
Très souvent classé au rang de bon dernier parmi les albums de Damso, Lithopédion a été une déception pour beaucoup d’auditeurs rap et fait office de paria dans la discographie de Damso.
Il faut dire que c’est l’album le plus expérimental de Damso : celui sur lequel il s’essaie à des choses qu’il n’a jamais tentées auparavant. Il le fait toutefois avec un certain brio.
Ceci est observable dès l’introduction de l'album, ravageuse, fougueuse et violente. Le ton de Damso, que l’on avait l’habitude d’entendre si serein et posé, est beaucoup plus violent, sombre et habité.
Passé cette brutale introduction, Damso propose une expérience parfois plus douce et rêveuse (le très aérien et abstrait Festival de Rêves ou la comptine Silence).
Il s’essaie également à de nouveaux flows sur Feu de Bois, en privilégiant le ressenti et les sensations à l’intelligibilité.
Le symbole le plus évident de cette volonté d’expérimentation est le morceau Julien, qui fera couler beaucoup d’encre. Les choix du Dems désorientent jusqu’à sa propre fanbase.
Le thème abordé est celui de la pédophilie, très peu abordé dans le rap, avec une interprétation et une production à doubles tranchants car à la limite de la variété.
Lithopédion est l’album le mieux écrit de Damso. Les thèmes sont plus variés, le propos plus concis et vif, le morceau Baltringue est à ce titre une véritable démonstration d'écriture.
C’est d'ailleurs sur Lithopédion que Damso se confiera réellement pour la première fois de sa carrière sur le très touchant « William ».
Ce morceau est la clé de voûte pour comprendre le logiciel Damso. Il est aux antipodes de tous les propos que Damso tient à l’endroit des femmes dans ses morceaux et de l’image de fuckboy insensible qu’il renvoyait. C’est une réelle introspection.
Le morceau ne dure qu’une minute 35. « Ça devient difficile même d’en parler donc je vais plus trop parler » se justifie t-il dans le morceau. Cette sensation de proximité avec l’artiste, ses peurs, ses doutes et ses faiblesses, est le point fort de Lithopédion.
Contrairement à Ipséité, Lithopédion est dénué de tubes en puissance. Pas de toplines ravageuses ici, l'oeuvre se veut brute, complète, pure et sans concessions.
En résulte forcément une oeuvre moins accessible au grand public, moins dansante, mais plus authentique.
Les productions de l’album sont une vraie réussite, la volonté de proposer autre chose est palpable et le pari est rempli. L’album ne sonne comme aucun autre.
Silence est le parfait exemple de cette volonté d’expérimentation. La production n’est rien d’autre qu’une loop mélodieuse, sans drums et le résultat n’en est que plus savoureux. Angèle est d’ailleurs le seul featuring de l’album.
Lithopédion est l’album le plus sombre et le plus radical que Damso ait jamais concocté. C’est l’album qui s’affranchit de tous les codes, des formats radio, des clips, des tubes. C’est l’album de l’art total.
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