Pour soutenir celleux qui ont déjà pris la parole, je prends la prends aussi anonymement. Merci à @tourbillonfou et à toustes celleux qui ont déjà eu le courage de témoigner.

Voilà, #JeSuisIntersexe
[Evidemment TW, violences médicales, sexuelles, mutilations]
Petit préalable : les guillemets sont les mots des médecins (oraux ou écrits). C’est important de le noter, car ils ont été pour moi les gages de LEUR vérité, celle de l’horreur médicale.
Interxuation indécelable à la naissance, apparemment, quelques semaines plus tard la « puberté du nourrisson » révèle une "insensibilité partielle aux androgènes", un "Prader 2 ou 3", hésitations. Hôpital numéro 1, hôpital numéro 2 avec des spécialistes.
Une première hospitalisation longue pour faire un bilan. J’ai 6 mois. On veut me faire une "chirurgie exploratoire". J’ai appris depuis qu’elles se traduisent généralement par une castration. Mes parents refusent, me voient en pleine santé, s’en vont.
Quelques mois plus tard, on les rappelle à l’ordre, on leur dit que c’est urgent, qu’on ne peut pas me laisser comme ça, que je risque d’avoir un cancer. Stressé.e.s, acculé.e.s, illes choisissent cependant de prendre un deuxième avis. Les voilà à Paris chez une "ponte".
On me dira et redira souvent que j’ai eu de la chance d’être passée entre ses mains. Quand elle reçoit mes parents, elle leur demande "s’ils souhaitent avoir un autre enfant". Ne comprenant pas cette question, elle leur répond "il ne faudrait pas nous en faire un deuxième".
La pression est omniprésente, mes parents acceptent l’opération. On leur promet "deux chirurgies" : "castration bilatérale" pour cause de risque de "dégénérescence gonadique" (pour ôter les testicules qui allaient en fait très bien) et une "vaginoplastie".
Ils s’opposent à la troisième opération, une réduction du clitoris. La chirurgie dure longtemps. En chambre de réveil, mes parents questionnent ce qu’elle a fait, elle annonce qu’elle finalement effectué une récession clitoridienne, et qu’elle fait ça "au passage". C’est cadeau.
Les années passent, je grandis joyeusement, sans savoir. Quelques irritations, quelques infections urinaires et constipations terribles qui m’amènent aux urgences, quelques voyages à Paris chez la chirurgienne, quelques regards inquiets, mais ça va.
A sept ans, on m’apprend que je ne peux pas avoir d’enfant et que je n’aurai pas mes règles. Ce qui m’atteint le plus, c’est l’angoisse de mes parents. On me dit que c’est un secret. Il se dessine déjà un deuxième sujet, derrière, en empreinte. Le tabou grandit, salement.
J’ai 10 ans, à Paris encore. Elle examine mon entrejambe, je suis tétanisée, elle semble satisfaite. On me dit que je vais devoir commencer un traitement hormonal, à Lyon avec les précédent spécialistes.
Je ne savais pas encore que j’allais me rendre chaque trimestre, religieusement, et sans comprendre, dans cet hôpital. Qu’on allait me mesurer, me peser, me palper les seins, regarder dans ma culotte et sous mes bras. Je ne savais pas que je voudrais disparaître à chaque fois.
Pourtant, on me rassurait maladroitement « vous êtes une fille normale », tout est « normal ». C’est elleux-mêmes qu’iels rassuraient, mon corps devait les rassurer.
A 16 ans, je tombe en dépression. Je souffre de ne pas savoir, de ne pas comprendre. Je me scarifie, je me fais les cicatrices que l’on me cache. Je n’en parle à personne. Comment dire que l’on souffre de quelque de quelque dont vous n’avez pas connaissance ?
Je pose beaucoup de questions, trop de questions, ça embarrasse les médecins. Ça renforce aussi la pathologisation. On me renvoie à Paris, la chirurgienne demeure satisfaire son oeuvre. Elle trouve mon vagin "trop étroit" mais "suffisamment profond".
On me laisse le choix (gasp), réintervention ou séances dilatations. Je choisis les secondes, qui n’empêcheront pas un nouveau "geste chirurgical".
Les dilatations me font souffrir, en sortant de chaque séance, j'ai l'impression d'avoir les jambes à un mètre l'une de l'autre. Près de deux ans plus tard, échec des dilatations, qui ne sont pas assez "régulières". Chirurgie, donc.
Au réveil, le chirurgien justifiera son succès en disant "qu’ils avaient vérifié et qu’ils avaient pu introduire l’équivalent d’un pénis de taille moyenne". Je sombre, je fuis. Je veux mourir.
3 ans plus tard, j'ai 22 ans j’apprends enfin la vérité en fouillant dans les affaires de mes parents et en trouvant un morceau de mon dossier médical. J’apprendrai quelques années plus tard, que ma mère à volé ce compte rendu opératoire.
On a dont castré, construit, réduit. Et j’ai un caryotype XY. Je ne pourrai jamais en parler, à personne. La honte est immense. Mon corps n’est plus mon corps, une scission entre lui et ma tête s’établie, je tremble dès que je le ressens, j’ai le ventre nouée et la nausée.
Je me sens enfermée. Soit je suis née abominable et les médecins ont eu raison, auquel cas je ne pourrai jamais en parler. Soit mon corps était sain et c’est l’ensemble des actes ce qu’ils ont fait à mon corps dont je ne pourrai jamais parler.
La suite, un autre jour, si je parviens à réécrire.
En attendant FORZA au collectif @IntersEtAllieEs
Et surtout hurlez partout #StopMutilationsIntersexes
You can follow @Gabrielle_Inter.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: