🚨⬇️⬇️ THREAD sur Ol' Dirty Bastard. 🗽

Audace sans limite, folie légendaire, talent unique.

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Russell Tyrone Jones, de son vrai nom, est né le 15 novembre 1968 à Brooklyn. Avant tout populaire en tant que membre du mythique Wu-Tang Clan, collectif qu’il a formé progressivement aux côtés de ses cousins Robert & Gary a.k.a. RZA & GZA, sa folie a également marqué l’histoire.
Alors oui, on connaît tous le célèbre slogan « Wu-Tang is for the children », mais dans le cas d’ODB il s’avérait plus sage de traduire children par les « enfants » approchant la trentaine qui refusent fermement le passage à l’âge adulte et les responsabilités qui viennent avec.
O.D.B. incarnait tout à la fois mis à part la maturité et le sérieux. En parler comme un simple rappeur serait être aussi criminel que lui, il représentait un personnage à part entière. Imprévisible et rarement en manque de scandale, Russell aurait savouré l’ère actuelle des RS.
On pourrait représenter sa folie de mille manières. L’instabilité serait peut-être le terme le plus juste pour le qualifier, notamment l’instabilité financière. Ses parents avaient pourtant fait le nécessaire dans sa jeunesse pour ne plus toucher les aides publiques.
Mais ODB retombe très vite dans la pauvreté de son côté et bénéficie de nouveaux de ces fameuses aides alimentaires mensuelles. Résultat ? Cela permettra notamment de donner naissance à l’un des épisodes les plus scandaleux de sa carrière.
Alors que Russell s’affirme déjà comme un personnage publique et reçoit des premiers versements conséquents pour les accomplissements du Wu-Tang (sans compter une avance de 45 000$ du label pour son premier album), il tarde à déclarer afin de continuer à toucher les aides.
Cette situation lui donnera la plus mauvaise brillante idée de sa carrière : ODB appelle les caméras de MTV, les embarque dans une limousine avec sa famille et sa cons d’alcool... pour aller chercher ses aides alimentaires.
Et ce n’est qu’un des nombreuses épisodes qui forgeront sa légende. Judiciairement, sa situation devenait également de plus en plus insoutenable au fil des années. Des arrestations incessantes, des petits séjours récurrents en prison pour se changer les idées.
Mais même dans ce domaine, Russell avait l’art d’être versatile : vol, violences, non versement des pensions alimentaires, tentative de meurtre, possession d’armes et drogues... Il passe même un mois en tant que fugitif en 2000 qu’il immortalise avec un passage sur scène.
Avec toutes ces péripéties, ODB se fait tirer dessus plusieurs fois dans le cadre d’affrontements ou bien de cambriolages mais rien ne semblait vraiment pouvoir l’arrêter.
Ses sorties médiatiques nous offraient aussi de grands moments :
On retrouve également cette folie à 200% dans sa musique. Sans vraiment en avoir l’intention, ODB va changer les règles. Ses morceaux n’ont bien souvent aucune structuration, il peut se mettre à chuchoter après avoir crié un verse entier tout en amplifiant son ivresse.
Comme de nombreuses personnes ont déjà pu l’avancer, on tient avec ODB les prémices du mumble rap d’ajd. Mais son absence totale de structuration lui a permis de faire encore plus. Nous étions encore à une époque où lorsqu’un rappeur voulait du chant, il appelait un artiste RnB.
Cette coutume, c’était clairement le dernier des soucis de Russell qui lui prenait bien plus de plaisir à chanter complètement faux des mélodies qui, par on ne sait quel miracle, devenaient sacrément entraînantes. Il va complètement décomplexer cette frontière rap / chant.
À tel point qu’il se retrouve invité sur des morceaux RnB à l’image de sa collaboration avec Mariah Carey sur le remix de Fantasy. On ne sait même plus si on doit encore être surpris en voyant la dégaine iconique d’ODB dans ce clip.
Lyricalement, Russell fait bien évidemment dans la décadence la plus totale : on ne compte plus les références sexuelles, les drugs bars... Son humour légendaire a marqué l’histoire du rap, ODB le maniait si bien qu’il en faisait une marque d’authenticité.
Le natif de New-York a réussi à bâtir un univers à part entière dès ses premières apparitions sur le mythique debut album du Wu-Tang « Enter the Wu-Tang (36 Chambers) » en 1993. On retrouve Russell sur cinq morceaux du projet.
Dès les premiers verses d’ODB, les auditeurs ont conscience de faire la découverte d’un rappeur, ou plutôt un personnage, très particulier. Son flow si spécial marque d’entrée et son humour riche en référence font fureur.



Fidèle à lui-même, Russell marquera les esprits de différentes manières pour son premier album. Alors qu’il était censé être le premier membre du Wu à dévoiler son projet solo, l’enfant de Brooklyn avait trouvé plus judicieux de dépenser la majorité de son avance dans une voiture
Forcément, Elektra Records n’a pas compensé par magie cette dépense, le processus de création s’est alors bien allongé entre defonces, écritures et longues routes. Pendant ce temps, ses compères du Wu brillaient pour leurs débuts en solo.
C’est finalement le 28 mars 1995 que sort enfin le premier album d’ODB : « Return to the 36 Chambers: The Dirty Version ».
Projet qui a brillamment gagné son statut de classic au sein du rap new-yorkais avec le temps. 7ème du Billboard 200, disque d’or, nomination aux Grammy...
Cet album se détache de toutes les normes à l’image de son créateur. Obligé de s’arrêter sur la cover. ODB a tout simplement eu le culot de caler sa carte attestant son droit aux coupons alimentaires sur la cover de son premier album. Difficile de faire plus fort sur cet aspect.
Musicalement, il faudrait un thread entier pour analyser de façon pertinente cette merveille. On retrouve RZA à la quasi totalité des productions du projet, le taff du producteur met Russell dans des conditions optimales pour s’amuser avec sa voix et lâcher quelques vannes.
Sans trop de surprise, on retrouve toute la clique du Wu et une grande partie des affiliés sur l’album. Avec ce classic, ODB nous dévoile son univers dans lequel la structuration n’existe pas. La manière dont le rappeur exploite les prods ferait une belle définition de la liberté
Comme évoqué précédemment, son flow faisait l’effet d’un véritable ouragan sur le game à l’époque. Le mec te murmure deux trois trucs avant de te hurler dessus avec une haleine d’alcoolique que tu peux ressentir à travers ton enceinte.
Avec cette audace, ODB va repousser bien des limites et inciter l’opinion publique à « repenser » le statut d’un rappeur.
Le charisme et la confiance de Russell demeurent toujours intacts, il s’introduit dans le projet comme étant le plus grand performer depuis James Brown.
Les deux singles de l’album cartonnent. On a premièrement l’iconique « Shimmy Shimmy Ya » véritable hymne sexuel et le démonstratif « Brooklyn Zoo ». Les deux finiront platines.



Entre blagues, exagérations, déclaration d’amour en état d’ivresse & bruits de gorges (cc Goin’ Down) Russell se livre sur pas mal de sujets. Mis à part son amour pour la drogue et le sexe, il aborde également ses troubles mentaux, son amour pour le rap, son rapport à l’argent...
Avec cet album, ODB finira par intégrer massivement la pop culture. Il nous a été possible de constater cela encore très récemment lorsque les jeunes ont eu une soudaine attirance pour le nostalgique/rétro, il n’était pas rare d’apercevoir cette cover mythique sur des vêtements.
Il ne sortira son second album « N***a Please » que cinq ans plus tard mais avec de très belles apparitions sur les dernières sorties du Wu-Tang entre temps bien évidemment. Ce second projet solo est criminellement sous estimé par le « grand public » du hip-hop.
Avec cet album, ODB, à la manière d’un Andre 3000, va littéralement s’émanciper du hip-hop et pratiquer son propre genre musical. On retrouve autant de couplets chantés que rap, une liste de producteurs bien plus variée avec notamment 3 beats de la part de The Neptunes.
Le hit « Got Your Money » fait un véritable carton, on y retrouve un Russell toujours aussi charmeur qu’à son habitude. Une passion pour les femmes qui ne lui coûte pas un dollar comme il aime le rappeler dans le titre « I Want Pussy ».
La fin de carrière d’ODB est un bordel monstre à l’image du rappeur. Elektra met fin au contrat de Russell, lorsqu’il est en prison, en sortant un album best-of alors que le natif de NY n’avait que 2 projets à son actif. Le label suivant sort les sons sans l’autorisation d’ODB.
Il parviendra malgré tout à sortir un dernier album « legit » en 2002 intitulé « The Trials & Tribulations of Russell Jones ». Malheureusement, le projet, étant à des années lumières de ses prédécesseurs sur le plan de la qualité, se fera très rapidement oublier.
Ce triste épisode n’était rien par rapport au drame du 13 novembre 2004. ODB perd la vie d’une overdose alors qu’il était au studio de RZA. Comme souvent à la mort d’une star, les conspirations fusaient, Russell a d’ailleurs longtemps clamé avoir la CIA & le FBI à ses trousses.
Mais c’est avec tristesse que nous sommes forcés de reconnaître le fait qu’il n’est pas si étonnant de voir cette histoire légendaire se terminer sur une overdose à l’image de la vie excessive du rappeur. Pas mal de choses posthumes se feront sans vraiment grand interêt.
Bien qu’elle est trop peu citée, l’influence d’ODB est ajd indéniable. Il a incontestablement apporté sa pierre à l’édifice pour le mumble rap ou encore directement influencé de grands rappeurs actuels tels que Danny Brown (fils spirituel) ou bien Young Thug sur plus d’un point.
ODB aurait sans doute été un phénomène dans notre société actuelle et un cauchemar pour la direction d’Instagram. Il est compréhensible que les sonorités fassent un peu trop « anciennes » pour les plus jeunes mais le flow de Russell sera à jamais d’actualité.
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