1/ J’ai suivi hier les échanges après les propos de @Camelia_Jordana et j’ai bcp hésité à y prendre part.

Thread ↘️

D’un côté je me sens concerné comme citoyen, français d’origine maghrébine, venant d’une banlieue du 95 avec toute ma famille toujours là-bas et comme magistrat.
2/ De l’autre, j’ai peur d’exprimer une opinion sur Twitter sur ce sujet tellement les réactions sont violentes. Personne ne s’écoute.

La seule chose que je demande c’est de lire ce THREAD en entier.
3/ Depuis ce matin, je vois #JeNeMeSensPasEnSecuriteFaceAUnFlic sur Twitter.

Pdt le confinement, j’ai participé à un débat avec des policiers dont @PJ_un_jour et @AbdoulayeK3 et des jeunes de Paris 18ème sur les rapports police-justice.

Que nous disaient ces jeunes ?
4/ Qu’ils ne sentaient pas en sécurité, que la police était ‘raciste’. Qu’ils se faisaient contrôler ou gazer sans aucune raison. Les mots étaient très durs.

Qui suis-je pour leur dire : vous mentez !

Je ne vis pas à leur place. Je ne vis plus à leur place.
5/ Je ne peux parler que de mon propre vécu. C’est la seule chose qui m’engage.

Plus jeune, j’en ai subi des contrôles au faciès. Des propos racistes. Des propos scandaleux.

Des mots que je ne pourrais pas écrire ici sans violer mes obligations déontologiques de magistrat.
6/ Personne ne peut me retirer ses souvenirs.

Ces policiers se comptent sur les doigts d’une main. Toujours les mêmes. Voir le même. Celui qui pollue le groupe.

Plus jeune, j’ai aussi rencontré plein d’autres policiers. Des gendarmes. La grande majorité.
7/ Des femmes et des hommes incroyables. Qui s’arrêtent pour vous demander si ça va quand vous rentrez seul du collège. Qui discutent avec vous. Poliment. Qui vous disent : bonjour Monsieur. Merci Monsieur. Même quand vous avez 14 ans.
8/ Je pense, ça n’engage que moi, qu’il est injuste de jeter le discrédit sur toute une profession sous prétexte que certains n’ont pas leur place dans la police.
9/ Magistrat, j’ai aussi exercé dans le 93.

J’ai été référent de plusieurs commissariats. J’ai eu la chance de travailler avec des policiers incroyables. Des professionnels engagés qui n’étaient préoccupés que par la volonté de faire leur métier et de le faire bien.
10/ Quand j’entendais des propos déplacés, je le signalais et le policier s’excusait. Encore une fois, je ne dis pas que des comportements graves n’existent pas. Je dis qu’il faut savoir faire le tri car la majorité des policiers sont des professionnels qui méritent le respect.
11/ Et je dis aussi qu’il faut savoir écouter les autres. Quand on me dit que la police est raciste et que la justice les couvre, je peux discuter et argumenter contre. Mais je ne peux pas tout rejeter en disant ‘circulez il n’y a rien à voir’. C’est le principe de la démocratie.
12/ je pense qu’il faut entendre la peur que manifestent certains et que cela doit nous interpeller. Mais il faut aussi ne pas oublier que la police est là pour assurer la sécurité des personnes, au risque de passer pour un ‘bisounours’. J’y crois personnellement.
13/ ‘Les hommes construisent trop de murs et pas assez de ponts’ disait Newton. Les échanges citoyens-police, comme ils en existent déjà, doivent se multiplier au risque de voir grandir une jeunesse qui va rejeter sa police, la même qui est censée les protéger.
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