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J'ai hésité, mais je veux aussi témoigner sur le hashtag #JeSuisIntersexe

Je suis également une personne intersexe et je pense que c'est important de parler, de nous écouter et de relayer notre parole.

Je rappelle que toutes les variations intersexes et tout les vécus sont différents, certains beaucoup plus atroces que d'autres. J'ai choisis d'inclure des détails et d'en taire certains, comme tout mes camarades à qui je donne ma force absolue.

J'espère ne pas être trop maladroite en m'exprimant, c'est relativement récent pour moi et encore difficile d'en parler

Pour comprendre ce thread, sachez que je suis une femme intersexe.
On commence à ma naissance ou le corps médical à trouvé que quelque chose clochait.

C'est sûrement lié au fait que je ne sois pas née en France, mais on ne m'a rien fait, par chance. Cependant, j'ai beaucoup été suivi par des médecins, qui disaient tous que ça allait évoluer avec l'âge.

On ne dirait pas, mais se faire examiner l'entrejambe fréquemment, c'est épuisant. Et douloureux. On m'a imposé ces examens jusqu'à mes 7 ans.
Puis je suis arrivée en France, et là plus rien jusqu'à mes 12 ans environ.

On m'a emmenée voir un gynécologue (celui de la famille). Je ressens encore la douleur et le mal être quand il m'a ausculté, avec ses doigts et divers instruments. Son résultat était sans appel : il fallait entailler, sinon j'allais avoir des problèmes.

"Juste un coup de ciseau" à t'il dit. Mais rien ne s'est fait. On n'en a plus reparlé jusqu'à mes 15 ans environ. Mon adolescence n'arrivait pas, je grandissais, grandissais, sans signe de puberté (poils, poitrine, règles...)
Et on m'a emmené revoir le gynécologue familial.

J'étais terrifiée, et je ne voulais pas y retourner, et s'est ensuite passé de nombreux actes médicaux, que ça aille de la prise de sang jusqu'à l'opération.
J'ai en tout et pour tout vu 3 gynécologues, 5 endocrinologues et 2 chirurgiens

On m'a fait des échographies un bon nombre de fois, des prises de sang à répétitions et 3 caryotypes (3, dont 1 pour rechercher, un pour vérifier et un troisième car "Non, c'est pas possible qu'une fille ait des chromosomes XY, ils doivent s'être trompés")

J'ai eut les derniers résultats par téléphone, et j'ai eut le droit à "Léa est un garçon en très bonne santé !"....
Mes échographies m'ont conduites à une IRM avec pour résultat : absence d'utérus, absence de vagin, absence d'ovaires"

Sauf que, même l'IRM a donné faux.
On m'a emmenée jusque Paris pour me faire retirer mes gonades car "Elles pourraient muter et se transformer en cancer". On en a profité pour explorer toute ma région pelvienne, sans mon accord

Mon état à moi, c'était d'abord un profond dégoût de moi même, une haine des autres. Je voulais tout abandonner et ne plus jamais en parler. Ma mère se lamentait de ne pas avoir une enfant normale, j'avais des rendez vous très fréquemment

Pour donner une ordre d'idée du temps, les examens ont commencé vers mes 15 ans, j'ai 20 ans et j'ai toujours des examens (qui eux sont liés à mon intersexuation et au véritable BESOINS de mon corps, ça n'en reste pas moins horrible.)

Pour revenir à mon état, j'étais vraiment mal. Mes rêves d'être enceinte et d'accoucher ont explosés, j'ai perdu totalement confiance en moi, et confiance aux autres, j'étais triste tout le temps, mais aussi dégoutée, et en colère, et surtout, j'avais peur

On m'a promis un suivi par un psychologue, mais je n'ai jamais rien eut de ce côté là. J'ai relancé 3 fois pourtant, et on m'a toujours répondu qu'on prendrait soin de moi. Evidemment.

L'avant dernier endocrinologue que j'ai eut ne voulait faire de moi qu'une femme "normale", c'est à dire avec un développement pubertaire et la possibilité d'avoir des relations sexuelles

Il fallait que j'ai des seins et que je sois pénétrable. C'est tout. Il m'a proposé des interventions chirurgicales et plastiques "pour mon bien", j'ai refusé. Il voulait me "Montrer" (oui, ce sont ses mots) à ses collègues, pour qu'ils m'examinent. J'ai refusé

Lors des rendez vous que j'avais avec lui, il faisait des examens qui étaient inappropriés, je me sentait violée. Mais je ne pouvais rien dire, j'avais peur.

Tout ce que j'ai dit au dessus est sûrement très brouillon et je dois avoir oublié beaucoup de choses, mais j'avais besoins de parler, de faire naître un témoignage qui puisse servir et de pouvoir me joindre à mes camarades

Peut-être que ce que j'ai vécu n'est pas aussi poignant que ce que vous avez pu lire autre part, j'en suis consciente, mais les réalités restent les même pour la grande majorité des personnes intersexes

Merci d'avoir lu ce que j'ai réussi à vous raconter

Voici le lien du site du Collectif Intersexe, qui est la seule association par et pour les Intersexes, en France https://cia-oiifrance.org/ 

Je crois en la force de toute les personnes intersexes, je veux que le monde remarque enfin les violences que l'on subit.
#StopMutilationsIntersexes