Il y a un modèle commun de relation à la "Nature" qui nous est prescrit. Une espèce de culture du "joli coin de verdure" où nous retrouverions le paradis d'une relation supposée sans médiation avec le vivant et qu'on porterait depuis l'enfance lectrice de Wapiti.

Vous êtes sensé vous appeler Thierry, commercial à la Digix, avoir voulu faire veto quand vous étiez petit (ou au moins avoir vu le roi lion), et disposer d'une voiture pour vous rendre après 3h de route depuis Pontault-Combault vers la maison de tonton pour vous "reconnecter".

Tout cela me semble totalement imposé. Pour découvrir les oiseaux maintenant, ceux des Villes, je ne pense pas être le seul à ne rien "reconnecter" mais à affiner encore tant bien que mal une biophilie boiteuse d'avoir été contrainte par un rapport très réduit au vivant.

Ces expériences n'ont jamais été immédiates pour personne. On n'est pas dans une pub Ushuaïa.

Je préfère encore mon ignorance au costume qu'on voudrait me mettre. Il y a autour de moi de l'autre qui n'est pas du tout autre, de l'autre qu'on m'a appris à hiérarchiser comme si c'était notre seule expérience possible à la différence. À classer. Joli. Sale bête. Vraie nature.

Paysage utile/paysage à carte postale. Plante qu'on dirait de bureau. Mauvaise herbe. Plante à faire du pain de mie. Plante qui fait des taches dans les pelouses ordonnés. Maquis autour des locations de vacances. Pentes de montagne hérissées de pylônes.

J'apprends encore non pas à délaisser toutes représentations mais à essayer de m'ouvrir à d'autres. J'apprends encore que partout ce sont des mondes.

Le Monde de Thierry, je ne le classe pas. Je regarde juste la culture locale essayer de me Thierriser avec des souvenirs qui ne sont pas les miens.

Je ne sais pas pourquoi je regarde ceci ou celà. Je ne sais pas ce que je suis sensé y lire, y faire "experience". Je ne sais pas quand il est de bon ton de dire "on est bien, là. On n'est pas bien, là? Hein? Ouais on est bien là".

Tout cela ne me rend ni triste ni amer. Au contraire "La Nature" est partout, je suis juste en permanence un peu à côté de la plaque. Mais je m'y fais. Et j'en redemande.