Allez, c'est samedi, on va se détendre et rigoler un peu, y a plus que ça à faire. Mon mec, inscrit à Pôle Emploi jusqu'à récemment a reçu une offre d'emploi que ni lui ni moi n'avions vu venir puisqu'on lui a proposé d'être enseignant contractuel.

Il a donc reçu ce mail disant que pôle emploi l'avait sélectionné pour participer au recrutement des contractuels. En PJ, une fiche de mission, estampillée du logo de pôle emploi et de l'académie. On y cause salaire, matières déficitaires et missions (on y reviendra).

La rémunération d'abord. Aux alentours de 2000€ brut, quand on est au chômage depuis longtemps, je pense que ça fait réfléchir. Les matières déficitaires ensuite, elles sont en photo.

Maintenant, le profil du candidat. Mon mec a un bac+5 d'école de commerce, il est spécialisé dans le marketing digital et l'analyse de données. Jamais il n'a émis l'idée d'enseigner et il n'a aucune formation qui se rapproche de ce domaine.

Et pourtant, en cherchant bien, je suis sûre qu'un inspecteur donnerait le feu vert pour qu'il enseigne.

Quelles matières ? La techno en collège, avec ses compétences informatiques et technologiques, sûre que ça passe. L'anglais, peut être. Je suis certaine qu'un inspecteur estimerait que ses expériences en pays anglophones et sa maîtrise de l'anglais suffisent à l'enseignement.

Certaines matières pro ou STMG dans le domaine du commerce, du marketing. C'est tellement la dèche que je suis prête à parier qu'un mec qui sort d'école de commerce serait pris sans souci.

La fiche de mission développe la question des valeurs de la République, du bien être des élèves, de la place du numérique (sic), du travail en équipe. La formation ? Un paragraphe, à la fin, que je vous laisse apprécier.

Des jolis mots. La réalité derrière on la connait bien à l'éducation nationale. Zéro formation, ou alors en mars après six mois de galères. Et en sous texte, l'idée que le métier de prof s'apprend sur le tas, grâce à des fiches eduscol et que c'est à la portée du premier venu.

Aucun mot sur la spécificité des élèves, les élèves à besoin particulier et leur prise en charge alors qu'on sait très bien la place que ça prend au quotidien.

Dans mon académie, il manque plusieurs centaines de poste pour la rentrée 2020. Ça va recruter large.
Je me mets à la place d'une personne, au chômage depuis un moment, avec zéro perspective sauf celle d'une crise économique, je pense que l'annonce donne à réfléchir.

Et voilà comment on retrouve devant les élèves des gens très bien pour la plupart, mais qui n'ont rien à faire là, encore moins sans formation. Et tant qu'on s'attaquera pas à la rémunération et à la représentation du métier de prof, c'est un cercle vicieux qui durera longtemps.

Sans transition et parce que c'est le weekend, je vais aller faire passer ma colère et mon dépit en cuisine et m'attaquer à la réalisation d'un Saint Honoré maison, ça devrait me calmer. Ou au moins m'occuper.