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Aperçu sur le quotidien d'Abdülhamid ⤵⤵⤵
Tous ceux qui approchent Abdülhamid sont très frappés par la simplicité de son cadre de vie, de ses manières et de sa mise.
Charles de Mouy décrit les salons très simples, le cabinet du sultan dépourvu de tout luxe inutile : « On croirait, écrit-il, entrer chez un riche pacha, modéré dans ses désirs, mêlant dans une mesure élégante le style européen et celui de l'Orient»
Simplicité de ses manières, de son cadre de vie ordinaire; simplicité de sa mise aussi. Le plus souvent, le sultan porte une simple redingote noire boutonnée et un fez ordinaire, dépourvu de l'aigrette qu'y mettaient ses prédécesseurs.

1867, le Château de Balmoral (Royaume-Uni)
Dans les grandes occasions, comme les cérémonies d'ouverture du Parlement, ou celles, répétitives, qui accompagnent les deux bayram, c'est-à-dire pour les cérémonies d'allégeance qui se déroulent dans le grand salon des cérémonies à Dolmabahçe,…
… sa mise stricte et dépouillée contraste avec les grandes tenues, les costumes chamarrés, les uniformes aux épaulettes brillantes, recouverts de médulles des dignitaires militaires, civils et religieux.
Abdülhamid critique les pachas qui « ne se soucient absolument pas de la simplicité » ; ils devraient savoir, estime-t-il, que « la distinction suprême réside dans le savoir et la justice ».
Il prêche la simplicité dans l'habillement et la sobriété dans la nourriture. « Je donne moi-même toujours l'exemple sous ce rapport », dit-il.
Au-delà de cette simplicité qu'il affecte dans la vie courante, Abdülhamid sait aussi, quand il le faut, éblouir ses hôtes et faire étalage de la richesse de la monarchie et de l'État ottoman ; il reçoit alors dans le plus grand faste.
Mais en dehors de ces circonstances exceptionnelles, il tient à ce que l'on ait de lui l'image d'un homme simple, modeste, réservé, qui corresponde à la fonction de calife à laquelle il veut redonner du lustre.
Car ce comportement qu'il affectionne, c'est aussi celui du musulman convaincu qu'il est; il accomplit ponctuellement ses devoirs de croyants, et notamment ses prières.

La mosquée Yıldız juste à côté du Palais Impérial
(...) D'autre part, même s'il n'a pas toujours une grande estime pour les oulémas ottomans, auxquels il reproche leur conservatisme - il traite de « sot » le cheikh ül-islam lorsque celui-ci s'oppose à l'adoption d'un nouveau couvre- chef dans l'armée -, ...
...et même s'il se méfie d'eux [les oulémas], il les respecte. Tous ses actes, d'homme et de sultan calife, sont donc à l'aune de la religiosité.
Mais il n'y a aucune trace de fanatisme chez lui. Il sait se montrer tolérant à l'égard d'autres comportements. Il s'accommode fort bien de ce que, dans son propre palais - pourtant la résidence du calife-, les secrétaires de la chancellerie n'observent pas le jeûne du ramadan ;
selon le témoignage de l'un d'entre eux, pendant le mois saint de l'islam, on fume et on boit dans les bureaux sans se gêner, et les plateaux de nourriture circulent en plein jour au vu et au su de tous.
Ce qui importe au sultan, c'est que les apparences soient sauves. Il exige des musulmans à son service l'observance publique des devoirs religieux, rien de plus.
En particulier, il tient à ce que les délégations officielles qu'il envoie dans les pays musulmans donnent une image respectable de ceux qui sont au service du calife - et du calife lui-même.
Abdülhamid mène une vie régulière. Ses journées bien remplies sont presque entièrement consacrées au travail, qui peut se prolonger fort tard dans la nuit. Dès le matin, après la prière et un petit déjeuner frugal, il s'occupe des affaires de l'État.

(la montre du Sultan)
Il étudie la correspondance du grand vizirat, décide des nominations et des promotions, prend connaissance des rapports du Conseil des ministres; puis il lit les rapports émanant des provinces et des commissions spéciales, et traite des affaires de la Liste civile ;
ensuite, il s'occupe des questions diplomatiques et se penche sur les télégrammes en provenance des différents postes à l'étranger.
Après quoi viennent les visites ; la plupart du temps, le sultan ne reçoit pas personnellement, mais la communication se fait par l'intermédiaire des chambellans, du premier et du second secrétaire de la chancellerie.
À midi, il se contente d'un repas léger, un simple börek et un pilaf lui suffisent.
Ses seuls vices - en plus d'un petit verre de cognac qu'il boit de temps à autre - sont les cigarettes et le café dont il abuse tout au long de la journée.
L'après-midi le sultan étudie les rapports de la police secrète puis accorde des audiences
Ce travail considérable peut être entrecoupé d'une promenade dans le jardin d'une visite auprès de ses animaux favoris ou encore d'une heure passée dans l'appartement de l'une de ses femmes
D'après François Georgeon dans sa biographie sur Abdülhamid
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