J’ai fugué à 17 ans ( Thread )

Ma période d’adolescence a été vraiment une épreuve à surmonter psychologiquement. Si mon albinisme lui me poursuivait déjà depuis longtemps, je commençais à ressentir beaucoup d’autres difficultés.

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À l’age de 13 ans, j’ai dû aller m’installer avec ma tante et son mari car je voulais revivre dans une vraie famille où je serai l’enfant et eux les parents. Mon père lui a privilégié ses rêves et ses ambitions, il est parti les vivre et m’a laissé j’avais à peine 5 ans.

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Ma mère quant à elle, en épousant mon ex beau père, ne savait pas que celui-ci était opposé au fait de vivre avec des enfants. C’est une fois mariée et en France que ce dernier lui dit qu’il ne souhaite pas avoir d’enfants et donc je n’étais pas la bienvenue chez lui.

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Je me retrouve donc à 12-13ans avec mes grands parents qui ont d’ailleurs pris merveilleusement soin de moi. Malgré cela, le ressentais un vide constamment, je voulais un père et une mère ensemble dans une maison avec moi. Les soucis commençaient ...
Une fois chez ma tante et son mari où je croyais enfin avoir trouvé cet environnement parental, les choses n’étaient pas exactement comme je les avais imaginer. Mon oncle était quelqu’un d’assez distant avec moi, il souriait à peine avec moi et vraiment c’était intriguant.

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Bien que ma tante faisait tout pour me faire ressentir de l’amour maternelle, son mari avait toujours le don peut-être involontaire de transformer tout en noir à mes yeux. Je me sentais seul et malheureusement mes autres insécurités on refait surface.
Mon albinisme a recommencer à me tracasser. Les questions n’arrêtaient plus de me hanter :

- pourquoi moi ?
- Pourquoi suis-je différent des autres ?
- pourquoi les autres ne m’acceptent pas ? Etc

Chaque fois que je me retrouvais seul, j’y pensais continuellement.

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J’ai commencé à me fabriquer une coquille, j’ai commencé à me renfermer et le résultat n’a pas tardé à se faire voir. J’étais plus heureux, je n’arrivais plus à sourire comme auparavant.

Le collège devenait mon seul exutoire, je m’y sentais mieux mais une fois que je

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rentrais à la maison, je tombais dans la tristesse et la dépression. J’ai également commencé à avoir deux visages : celui du garçon heureux sans problème devant les autres et le garçon fade, timide et pas sociable à la maison.

Je restais presque toujours dans ma chambre

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J’ai atteint le pic de cette situation à l’âge de 16 ans. Tout ce que je voulais, c’était de disparaître, avoir une nouvelle vie et même me suicider. Heureusement pour moi, ma mère est revenue au bon moment au Cameroun Elle m’a reboosté et j’ai oublié cette idée sombre.

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À son retour en France, je me suis réfugié dans la lecture et l’écriture pour pouvoir évacuer mes frustrations et sentiments inavoués. Mon oncle devenait de plus en plus désagréable, je commençais à le détester et je supportais plus être dans la même pièce.
En semaine, je me sentais bien avec ma tante mais quand il revenait du travail le week-end, l’atmosphère changeait. Je partais me cacher dans ma chambre, ce qui est devenue une source de conflit entre lui, ma tante et moi.

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Une nuit alors que j’étais âgé de 17 ans, j’étais au bout de ma vie à ce moment. Dépression, solitude et tristesse me rongeais et j’avais déjà pleuré toutes les larmes de mon corps à l’abris des regards dans ma chambre. Ce jour-là, je voulais réellement me suicidé

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À 4h du matin, j’ai eu l’idée de m’enfuir vu que tout le monde dormais. J’ai pris mon sac à dos, j’y ai mis quelques vêtements, ma brosse, un drap, une couette et une paire de babouche.

En ouvrant la porte de la cuisine, ma tante s’est réveillée, j’ai pris peur et je me

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Suis enfuis en laissant la porte ouverte.

La cours ayant pleins d’arbres et d’angles morts, je me suis d’abord caché derrière un de ces endroits question de ne pas me faire stopper. J’étais décidé à partir et rien ni personne n’allait m’arrêter.

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Elle est venue regarder dehors, elle ne me voyait pas dans cette nuit noire mais moi je la voyais. Elle est retournée dans la maison pour certainement vérifier si j’étais à l’intérieur, c’est là que j’ai traversé de l’autre côté pour me rendre dans une des dépendances me cacher.
Cette dépendance était vide et inoccupée, elle devait servir à accueillir la famille en vacance et heureusement on n’avait pas fermé à clé.

Je me suis réfugié à l’intérieur le temps de savoir où j’allais partir sans qu’on ne me retrouve.

J’avais 5,300 FCFA en poche.
Toute la journée, je pleurais puis je me ressaisissais ensuite je recommençais à pleurer. Je me sentais seul au monde, incompris et surtout j’avais déjà des tendances suicidaires. Mon téléphone avait commencé à sonner incessamment, les messages pleuvait ( TU ES OÙ LOÏC ? )

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Je voyais tout ça, mais je n’y répondais pas.

La nuit tombée, personne n’avait même pris la peine de venir guetter dans cette maison.

Je suis allé dans une des chambres, j’ai étaler le drap a même le sol. J’ai pris les habits, j’en ai fais un oreiller.

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Fatigué de pleurer, je me suis endormi là comme un bébé sans avoir avalé même de l’eau depuis mon départ.

Le lendemain lorsque j’ai entendu le portail s’ouvrir puis se fermer. Je suis sorti, ma tante était allé au boulot. J’ai attendu 10 minutes et ensuite je suis allé

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À la boutique achèter de quoi manger. Vers midi, ma grand-mère et ma tante m’appelle, je décide de répondre.

“Loïc tu es où ? Faut rentrer à la maison, arrête les caprices et rentre” je me suis offusqué en entendant qu’elle s’appelait ça un caprice et j’ai raccroché.

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Elle n’avait pas encore compris que ce n’était pas un caprice mais un ras-le-bol de ma vie, j’avais besoin d’être seul, d’être loin de tout.

Avec les amis, je continuais les discussions sans leur dire un mot de tout ça. Les gars savait que j’étais chez moi en paix

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Troisième jour, personne n’était encore même venu guetter dans la dépendance. Ayant remarqué ça, je me suis donc installé là-bas. La résidence était tellement grande avec deux portails donc je les comprends aussi. C’était quasi impossible qu’on se croise

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J’ai commencé à m’y habituer.

Dormir à même le sol n’était plus un problème, le froid commençait de moins à moins à me déranger.

Pour ne pas faire trop de bruit, je puisais l’eau dans un ancien sceau de peinture, j’y trampais mon gant et je me nettoyais le corps

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Pour ma tête, j’allais la mettre dans le lavabo à la cuisine sous le robinet et je la lavais.

Le pain beurre chocolat était devenu mon petit déjeuner de tous les jours et le poisson braisé mon dîner. Je faisais toujours attention de sortir quand y’avait personne.

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Malgré tous les appels de la famille, je ne voulais plus rentrer.

Cinquième jour, le froid que j’avais encaissé a eu raison de moi. J’étais malade, fièvre et grippe. Est-ce que je voulais rentrer enfin à la maison ? Non.
Il me restait je crois 3,150 FCFA

Je vais au CMA d’Odza, je paie le billet de session et je me fais consulter. On me prescrit des examens et des médicaments.

Mais j’avais plus beaucoup de sous.

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J’appelle désespérément une de mes tantes pour lui dire que j’ai plus de quoi manger tout en lui promettant de rentrer ( je voulais juste de l’argent.)

Elle me fait un OM de 10k que j’utilise pour acheter du doliprane et une boite d’Ibex ainsi que 2 bouteilles d’eau

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Je rentre vite fait à ma cachette.

J’aimais vivre ainsi jsp pourquoi.

Il m’a fallu un week-end pour me remettre sur pied.

J’étais déjà à cours d’habits propres, je lavais mes sous vêtements et je les séchais à même le sol.

Ça faisait déjà 7 jours donc
On dirait que cette fugue avait libéré mon cœur. J’aimais cette liberté et ça me faisait du bien.

Le 8ème jour, mamie m’appelle plus posément et discute avec moi en essayant de comprendre les raisons. J’ai lâché prise et je me suis ouvert. Le lendemain, j’ai décidé de back.

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C’est donc ainsi que vers 17h je prends toutes mes affaires et je contourne le camp pour faire croire que je sors de l’extérieur.

Mon oncle était là et il a agit de manière indifférente mais ça ne me faisait pas quelque chose comme il ya quelque jour. J’ai ignoré !
Une fois toute la famille là, j’ai ouvert mon sac, mon cœur et j’ai dis tout ce qui me tourmentait. C’était comme enlever un poids des épaules.

Je me sentais libéré.
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