Quand les étudiant·es me souhaitent "bon courage pour l'écriture de mes articles" :
Je ne sais plus à quel moment je l'ai évoqué avec elleux, mais je me dis que pour l'année prochaine, parler plus ouvertement du défi que représente l'écriture d'un article même au niveau MCF/PU peut être utile aux masterant·es. En mode "on va pas se mentir, on sait que c'est dur"
Cette année j'ai pondu un guide du mémoire, mais je me rends compte que nulle part je n'ai abordé les problèmes suivants :
- L'angoisse de la page blanche
- L'absence d'envie de s'y mettre (rien à voir avec la motivation, plutôt du genre "je me sens pas de le faire là")
En un sens, demander une masse de travail plus importante en master qu'en licence me semble logique ; par contre, accueillir les plaintes en mode "c'est de la fainéantise de leur part" me semble contre-productif.
Surtout venant de nous, les MCF/PU, qui sommes payé·es pour ça.
Une étudiante de Master est finalement dans une position similaire à celle de l'enseignante : il faut jongler entre plusieurs tâches, plus ou moins massives, avec des deadlines et des plans de travail à plus ou moins long terme. Et éventuellement, bosser sur le côté.
On se plaint de ce que les tâches administratives plombent notre travail d'enseignement et recherche, mais après on crache sur les étudiant·es qui disent "j'ai du mal à gérer mes temps d'études car je bosse à côté pour payer le loyer" ?
Je me dis qu'au niveau Master on devrait justement apprendre aux étudiant·es non seulement à penser par elleux-mêmes, mais aussi à organiser leur temps de travail. A gérer la procrastination, l'angoisse, l'importance qu'on attribue à telle ou telle tâche.
Au lieu de quoi on les lâche dans le grand bain en se disant "ils et elles vont apprendre sur le tas, comme nous ! ça leur apprendra à ces petits morveux !"
Bref, on fait comme partout, on reproduit le modèle contre lequel on a joué pour arriver là où on est, que ce soit avec les docteur·es ("tu vas trimer pendant 5 ans pour un poste, c'est normal cocotte") ou les étudiant·es ("vous savez pas être multitâche ? Vous êtes des nazes").
Etre multitâche, ça s'apprend, et ça peut servir dans plein de domaines pros qui nécessitent de jongler entre des tâches aux natures et degrés d'importance variés. Sauf qu'on ne l'apprend pas forcément à nos masterant·es.
Un bon moyen de leur apprendre, pourtant, pourrait commencer en étant un peu plus méta.

"Tu flippes à l'idée d'écrire ton mémoire alors tu mates des vidéos sur TikTok ?
Bah moi, je flippe tellement à l'idée de réviser cet article que je fais un thread Twitter. Je comprends."
Sur ce, je termine ce thread en mode rant pédagogique et je retourne à la révision de cet art--

Ah merde non, c'est l'heure de faire les courses, quel dommaaaaaaaaage !
You can follow @FlorentFavard.
Tip: mention @twtextapp on a Twitter thread with the keyword “unroll” to get a link to it.

Latest Threads Unrolled: