Je profite de l'annonce du programme de l'agrégation d'histoire en 2021 pour rappeler que "l'imprimé" ce ne sont pas que des livres, et qu'il faudra accorder toute l'attention nécessaire aux brochures, feuilles volantes et placards imprimés.
La production d'imprimés dépend largement de la présence d'officines, ainsi que des commanditaires. Dans bien des villes, on a des tentatives d'installation d'officines qui ne durent que peu de temps, quand le contrat se termine ou faute de clients (acheteurs auteurs).
Il faudra bien voir que le recours à l'imprimé peut être tout à fait circonstanciel et qu'il n'est jamais définitif. L'imprimé peut être une arme de communication dès les premières années de son invention.
Les villes allemandes s'emparent de cet outil de manière encore ponctuelle, mais assez frappante. Par exemple, dans des lettres adressées à l'ensemble des princes et des villes de l'Empire lorsqu'il s'agit de préparer une offensive diplomatique.
En 1480, la ville d'Erfurt, accusée de déloyauté par l'archevêque de Mayence, publie un placard où elle tente de définir son statut (assez flou il est vrai) - il faut éviter la débâcle de la ville de Mayence châtiée en 1462 pour avoir voulu être un peu trop libre.
La ville de Nördlingen, en 1485, fait imprimer à Ulm des placards destinés à alerter sur la gourmandise du duc de Bavière-Landshut ; au contraire, Ratisbonne justifie le fait que, mise en faillite, elle a renoncé au statut de ville libre et est devenue bavaroise. (ouuuuuh).
L'imprimé sert aussi pour défendre les foires à un moment où toutes les villes essaient de se placer sur leurs propres créneaux. Les villes font confirmer leurs privilèges par l'Empereur puis fanfaronnent en proclamant par l'imprimé la date, nouvelle ou ancienne, de la foire.
presque systématiquement (certains d'entre vous devaient s'attendre à ce que j'en parle), pour ne pas juste annoncer cela, mais frapper un grand coup, les villes organisent un grand rahout : tir à l'arbalète, à l'arquebuse, palio de chevaux, jeux en tout genre, et LOTERIE !
Voici la première lettre imprimée - à Augsbourg - pour la ville de Nördlingen, pour un concours qui doit avoir lieu 10 ou 11 mois plus tard ; un délai très inhabituel, d'habitude on est plutôt sur 3 à 5 semaines.
Le grand avantage de l'imprimé n'est pas seulement le fait d'épargner des frais de copistes et a priori une plus grande lisibilité ; c'est aussi limiter la consommation de papier et permettre de faire rentrer le même nombre de caractères sur un truc tenable.
(en l'occurrence je peux vous dire qu'une lettre comparable en terme de caractères, deux ou trois plus tôt, faisait deux ou trois fois mon bras et était donc un objet très périssable en cas de manipulation. Là, on peut placarder facilement.
Même si le "placard" n'est pas forcément cloué sur une porte, il a néanmoins cet avantage de "portabilité". ce qui ne veut pas dire que toutes les invitations à des concours de tir passent par l'imprimé : il faut encore 1) avoir l'officine ou une officine pas trop loin
2) trouver un intérêt à avoir bcp de copies (sinon c'est plus rentable de copier à la main). à Wurtzbourg, où un imprimeur réussit à emporter un marché de production de théologie et liturgie, imprimer 40 petites feuilles pour les villages du coin, c'est un geste commercial.
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