Être une femme en 2020, c'est faire des vidéos qui parlent de politique ou d'économie, et recevoir systématiquement ce genre de commentaires, quand mes collègues hommes en sont dispensés. C'est le faire remarquer et s'entendre dire que "ça va c'est le jeu d'internet".
Non, c'est le jeu du sexisme, et je ne suis pas tenue de toujours lire ça sans broncher. Ca fait partie des risques à prendre quand on s'exprime publiquement, et j'en étais consciente avant de le faire. Mais ce n'est pas parce que j'en ai l'habitude que c'est normal.
Ces commentaires ne sont que la pointe de l'iceberg. Une femme est encore réduite à son apparence, qu'elle parle cuisine, politique ou physique quantique. Qu'elle soit grosse, mince, jeune, vieille, belle ou disgracieuse, ce n'est pas le propos, c'est le prétexte.
Ce qui importe, c'est avant tout de lui rappeler que ce qu'elle dit n'a pas d'importance. C'est de la ramener à sa condition de femme puis lui interdire de s'en indigner, à coup de "On te dit que t'es belle, de quoi tu te plains sérieux?"
C'est le sort de celles qui ont l'arrogance de s'exprimer. Il n'y a qu'à voir la nature des commentaires sous les vidéos des femmes politiques, des activistes ou des youtubeuses...
Beaucoup doivent affronter ces compliments ou reproches sur leur physique, leurs vêtements, leur maquillage, leurs cheveux, leur poids, quand leurs homologues masculins sont critiqués sur le contenu de leur discours.
Vous ne voyez toujours pas le problème?
Alors, je vous le demande : imaginez que vous passiez des heures voire des jours à étudier un sujet, décortiquer des articles de droit pour produire un contenu, sur des thématiques parfois très graves.
Alors, je vous le demande : imaginez que vous passiez des heures voire des jours à étudier un sujet, décortiquer des articles de droit pour produire un contenu, sur des thématiques parfois très graves.
Et imaginez que l’on vous écrive pour vous parler du seul élément qui n’a strictement aucun rapport avec ce que vous évoquez : votre physique.
Et ce plusieurs fois par jour.
C'est au mieux insignifiant, au pire dégradant. Mais ce n'est jamais flatteur.
Et ce plusieurs fois par jour.
C'est au mieux insignifiant, au pire dégradant. Mais ce n'est jamais flatteur.