Alors c'est donc cela le monde d'après. Deux mois après mes 1ers patients covid puis le retour de nuit à l'hôpital public, voici le nouveau monde qui pue encore plus que l'ancien. La seule reconnaissance ce sera une médaille, et encore pas sûr , mais une bonne deprime, sûr...
...Il est pourtant loin ce temps des 3 semaines de zéro contact avec mes proches au retour du service, de la gestion quotidienne de la pénurie tandis que le DGS perorait à la télé. Et que nous avions tous peur, coincés chez vous, soignant chez nous. Les seuls liens, virtuels...
...il y a beaucoup à dire de ces liens virtuels noués, car ils étaient vitaux et pour vous et pour nous. Parce que le confinement, parce que les soins et le temps centrés autour du covid sont chiants, répétitifs, usants, et que plus que la peur d'être contaminé, c'est la peur de
le transmettre à l'intérieur de l'hôpital, et à l'extérieur, à nos proches, à la boulangère. Au moins "discuter sur Twitter" ne permet pas la contamination, et combien je serai reconnaissant à jamais à ceux et celles qui ont eu un petit mot, simple, quotidien souvent, en public..
Ou non, d'encouragement quand je me tapais ma route déserte pour aller m'enfermer au 1er étage pour cette nuit de boulot avec cette équipe de choc et de rires malgré les angoisses des patients, malgré leurs détresses et celles des familles quand le corps s'epuise
Vite chassé les pseudos influenceurs qui au début de l'épidémie parlait d'une grippette, les artistes que j'admirais, mais qui dans leurs nombrilismes parlait d'un virus qui ne touchent que les vieux alors "zontkakaner", restent beaucoup d'entre vous, dont je serai à jamais...
Redevable, cet auteur par exemple qui n'a pas hésité à m'envoyer par ebook ses œuvres, pour les lire quand je le pourrais, pour penser à autre chose. Merci à toi, le verre sera pour moi. Et toutes celles et ceux qui d'un simple "ça va?", même au milieu de la nuit, mine de rien...
Ça faisait enormement de bien, surtout au plus fort de la crise.
Aujourd'hui c'est visiblement le monde d'après, j'ai la sensation d'être coincé entre deux mondes voyez vous, dans cet interstice où on continue dans une moindre mesure à recevoir des patients covid, ce temps...
Qui s'étire, rythmé par les procédures de désinfection, habillage, déshabillage, protocoles covid.
Par seulement les allers-retours hopital/domicile
Covidcovidcovid
J'en ai un peu soupé, je crois que je vais raccroché de l'unité. Pas sûr d'avoir meme une médaille, même pour le..
plaisir d'avoir à la jeter, ou la détruire. L'impression d'avoir été un dindon qui a démissionné d'un poste plus rémunérateur pour pouvoir être là, et pourquoi, pour se rendre à l'évidence que le monde d'après je n'en veux pas, et qu'il ne veut pas de moi non plus.
Bref c'est un peu la deprime, et sa petite musique lancinante, avant autre chose. Reste la porte de l'imaginaire. Elle, toujours ouverte en grand.
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