Ce n’est pas exagérer de dire qu'une bonne part du cyclisme professionnel lutte pour sa survie. Je pourrais détailler la menace qui pèse sur les courses, les équipes, mais d'après votre papier, la documentation et les faits semblent peu vous chaloir.
V’la-t-y-pas que, dans ce papier qui ne reflète l’avis que de celui qui l’a écrit, le football se la joue vilain petit canard, complexé d’une infériorité intellectuelle, ce qui trahit le comportement gâté de qui n’était plus habitué à perdre ses privilèges.
Premier mensonge : le cyclisme fixe un nouveau calendrier, non pour que « tout continue », mais pour que « tout reprenne ». C’est à cette tâche que s’attèle justement la France entière. Croire que le football ne fait pas de même est naïf. Mais l'auteur n'est pas naïf.
La seule différence, c’est que le cyclisme (comme JM Aulas) communique beaucoup sur cette reprise, par seul souci de rassurer les sponsors qui le font vivre. Cette communication de survie est-elle indigne ? Omet-elle le mérite des soignants, la situation sanitaire tragique ?
Qui atteint le summum de l’indignité : celui qui cherche une manière, avec le gouvernement, de reprendre son activité, ou celui qui, dans un papier, pour servir son argumentaire, se sert des Français qui meurent, de la société qui souffre, pour l'opposer sans lien direct ?
Rappelons que le cyclisme est un sport qui est habitué à travailler avec les pouvoirs publics, de concert et non de front. Et qui mobilisent des gendarmes, non pour prendre des mandales dans la gueule d'ultras à l'abord des stades, mais pour un déroulement en bonne intelligence.
Le monde se divise en 2 : celui du football, solidaire avec le personnel soignant, et celui du cyclisme pas « solidaire », parce qu’il tente de ne pas laisser coureurs et familles sur la paille, . Quel tiraillement pour les coureurs qui ont pour proche du personnel hospitalier !
Salaires : si les footballeurs ont le LUXE de baisser le leur, côté cyclisme, ceux qui voient actuellement leur revenu fondre assistent conjointement à la mort de leur équipe, et seront peut-être sur la paille l’an prochain. Quel joueur de Ligue 1 les envie ?
Si aucun coureur n’a ouvert les portes de son hôtel de luxe pour accueillir des malades, c’est parce que l’exode fiscal s’est, pour les cyclistes, arrêté à un domicile à Monaco ou en Andorre, et n’a pas encore atteint les Caïmans. Trop juste pour de tels investissements.
(Vérification faite, Ronaldo n'a pas transformé ses hôtels en hôpitaux. L'invention venait probablement de quelques journalistes supporters gagas, les mêmes qui justifient le fraude fiscale par la philanthropie parallèle).
Difficile à comprendre pour l'auteur, qui pense que le cyclisme aurait dû faire "cadeau de sacrifice". À qui ce "cadeau de sacrifice" ferait-il plaisir, à part à l'auteur aigri ? Quelle utilité aurait-il ?
Voilà donc l'idée : puisque la France est privée de rassemblements, la meilleure chose pour l'effort national est le sacrifice de toute distraction. Rendez vos abonnemts Netflix, brûlez livres et baskets... et cassez vos télés, comme le plus brillant et fameux fan de foot.
Bref, c’est une mauvaise d’idée de regarder l’assiette du voisin, car le cyclisme n’aura jamais de quoi nourrir le moindre championnat de football. Vous n’aurez jamais rien à lui envier. Et c’est sans doute mieux comme ça.
Le cyclisme paye son modèle économique fragile. Et pourtant, il n’est pas venu à l’esprit de la Petite reine de se faire jalouse victime de la machine à cash footballistique, ses Coupes du monde d’oligarques et ses stars attardées fiscales.
Le cyclisme est-il vraiment un chouchou surprotégé par le pouvoir ? Pourquoi ne pas rappeler dans votre brillante démonstration que la baisse des salaires dans le football est appuyée par une exonération de charges de l’État ?
Vous pouvez toujours intenter un procès à la nature. Elle semble la seule responsable de la possibilité de reprise des entraînements individuels des cyclistes et non de ceux collectifs des footballeurs.
Mansuétude du premier ministre, vraiment ? À ma connaissance, les pelotons de 5000 personnes n’existent pas, et pour trouver un tel nombre de spectateurs, il faut parcourir plusieurs kilomètres.
Ce n’est donc pas par mansuétude mais parce qu’elles ne sont pas des événements de plus de 5000 personnes que les courses pourront avoir lieu. Un peu d’honnêteté intellectuelle vous aurait permis de faire cette différence avec un stade de foot.
Enfin, je ne sais pas dans quel monde vit @martov pour penser que le représentant du tiers état est celui qui peut renoncer à une partie de son salaire pendant des mois, alors que la France est plongée dans le chômage partiel et que les faillites guettent.
Vous parlez de privilèges : le football n’en bénéficie plus car il en est devenu un à lui tout seul, bulle dans un monde qui ne lui ressemble en rien. Un sport qui a adopté le vocabulaire de la finance : fonds d'investissement, bulle spéculative. Drôle de tiers état.
Car c’est peut-être ça, au fond, qui vous fait le plus mal : que la situation actuelle révèle un peu plus à quel point le football s’est embourgeoisé, et combien le cycliste moyen n’a jamais semblé si proche de l’anxieux salarié français.
PS : vous vous permettez quelques pics amusants sur le dopage. Cela fait longtemps que les clients du Dr Ferrari qui entrent à l’Élysée ne sont plus cyclistes. Alors le football, chouchou de la République ?
PS 2 : Si jamais le groupe @SO_PRESS_, au diable le "cadeau de sacrifice", sortait un numéro de @PedaleMag à l'été 2020, je le découvrirai avec tout autant de plaisir. Souci d'honnêteté intellectuelle 🙃
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