Mes parents qui sont toujours de gauche après avoir été socialistes, mon petit frère qui est devenu communiste comme moi, sont ma boussole. Leurs conditions sociales passée et actuelle comme la mienne me rappellent toujours ce que je suis : fils d'ouvrier, fils de prolos.

C'est ce qui interroge mon rapport au mouvement communiste dans son ensemble, à la JC et l'UEC lorsque j'y étais militant et dirigeant local puis national en étant boursier à 480€/mois. J'interroge constamment mon engagement, mes positions, je me demande si le PCF est utile.

J'ai discuté récemment avec quelques camarades ouvertement. J'ai discuté hier au téléphone 2h30 chacun avec mes parents de comment eux voient la gauche, l'écologie, le monde du travail, l'engagement politique et syndical. Quelles sont leurs positions et interrogations.

Mes parents : mon père, apprenti puis ouvrier dès ses 14 ans dans l'auto puis le bâtiment entre autres mais pas que, toujours syndiqué, passé par le PS, ayant participé aux gilets jaunes et rejoint récemment la CGT. Ma mère : coiffeuse, avant de s'occuper de moi et frères/sœur.

Mon frère : vaguement de gauche initialement, puis avec un travail lent de ma part de conviction et son envie de combattre l'ascension de l'extrême-droite, est devenu communiste comme moi. Plus tranché que moi et un confident.

Ma mère trouve que l'écologie est la tendance pour du monde, que pourtant que ça coute cher d'acheter bio/français. Mon père s'offusque des voitures électriques qui coûtent 25000€ contre 8000€ pour une voiture classique en restant dans le bas de gamme.

Ma mère a voté Mélenchon puis blanc en 2017. Mon père Macron aux deux tours pour faire barrage à l'extrême-droite. Et s'offusquent des bas salaires, des appels aux dons pour l'hôpital, de l'argent que le gvt sort en masse face à la crise qd on nous dit qu'il n'y en a pas.

Mon père pense que la question sociale prime sur l'écologie. Trouve que Hamon, Mélenchon, Autain, Laurent disent des trucs vrais. Trouve Roussel "trop mou". Pense que Hidalgo est une bourgeoise qui ne fait pas grand chose pour les prolos. S'identifie à Poutou qui est ouvrier.

Il pense que les minimas sociaux c'est de la survie, que c'est aussi ce qui fait monter l'extrême-droite, que c'est important que chacun ait droit à un salaire. Qu'il est pour un salaire étudiant car "on peut pas faire deux choses à la fois" et réussir ses partiels à la fac.

Mes parents pensent qu'il n'y a pas de justice sociale ajd'hui, que c'est pire qu'avant, que Macron s'en fiche de la démocratie, que moi je me suis bien rendu compte que je pouvais pas réussir en école d'ingénieur post-bac privée et que c'est dommage.

Mon père est pas pour le nucléaire mais pour l'hydraulique, pense que certains écolos sont utopiques voire illuminés et que les écolos sont bien contents du confort moderne qui demande toujours plus d'électricité selon lui. Que l'anti-pesticides à tout pris est pas réaliste.

Ma mère parlait de jeunes filles qui sont mères et en couple et au RSA/allocs. Je lui disais que ça me fait penser à ce que disait Linguisticae sur le rapport des classes pops à la famille et la sexualité dans sa vidéo sur le mérite. Que l'essentiel c'est l'autonomie des femmes.

Mon père pense que la police est d'extrême-droite, que Le Pen pense plus à l'Arc de Triomphe tagué qu'à des GJ éborgnés pour contenter son électorat. Qu'il déteste LREM/LR qui veulent casser le droit du travail, que les travailleurs soient pas syndiqués et aient pas de week-ends.

Qu'il pense que LR pense la même chose que Le Pen sur l'immigration et qu'ils valent pas mieux. Que les socialistes et l'État ont fait des fausses promesses et ont abandonné les banlieues et le monde rural. Que la délinquance dans les banlieues fait le lit de Le Pen.

Mon père pense que l'économie parallèle est un vrai problème dans les banlieues, qu'il y a des gens intégrés au pays dans ces quartiers en sachant qu'ils vivent en banlieue et travaillent à Paris. Que l'État doit permettre à tous de travailler et vivre décemment.

Que c'est trop cher de vivre à Bordeaux, Paris, Lyon par exemple. Que la voiture est utile pour tout comme y a pas assez de bus ou que le train prend trop de temps et/ou est trop cher, vu que lui et ma mère vivent dans l'Indre (36).

Mon père a travaillé dans sa jeunesse "avec des espagnols, des portugais, des arabes". Il critique Renault qui paye les travailleurs d'Algérie et du Maroc au lance-pierre car cette entreprise veut pas accepter le SMIC en France. Que la droite, les socialistes, l'extrême-droite

sont contre le droit des étrangers aux élections car selon eux ça permettrait à la gauche, la vraie, aux communistes par exemple de gagner dans plein d'endroits. Il pense que tout les travailleurs en France doivent avoir les mêmes droits.

Lui comme ma mère sont prêts à voter pour un projet à gauche. Mon père comprend pas pourquoi les forces de gauche, les vrais (pas les socialistes, d'après lui) sont pas capables de s'unir pour permettre aux travailleurs de vivre mieux.

Ma mère pense que le seul truc qu'on peut concéder à Hollande c'est qu'il a admis qu'il a échoué et que c'est une bonne chose qu'il se soit pas représenté. Mon père déteste Faure, l'actuel secrétaire national du PS, qui n'a jamais soutenu les frondeurs face à Hollande.

Je parlais à mon père de la sociologie du PCF et je lui demandais si il s'y identifie. Comme y a pas de prolos, il m'a dit que non. Ma mère trouve que les prolos servent de faire-valoir dans les partis de gauche, qu'on les écoute pas.

Voila, je conclus ce thread. Camarades @Fabien_Rssl @plaurent_pcf @IanBrossat @AntoineG_uec @mjay_uec @anaisfley, je soumets ça à votre réflexion. Je suis prêt à en discuter franchement avec vous. Les prolos ont besoin d'un PCF qui réponde à leurs aspirations. Fraternellement