Distanciation physique et impact sur nos villes (et nos vies)

Le monde qui s’ouvre devant nous ne sera pas (au moins pour un certain temps) le même que celui d’avant le mois de mars. La présence du virus, sa contagiosité, la nécessité des gestes barrières et de la distanciation
physique vont profondément modifié nos manières de vivre. Cela nécessite aussi pour les communes de réfléchir vite à la distanciation physique et à ses conséquences sur l’espace public. Et il faut bien constater que nos villes, nos vies ne sont pas adaptées à cette distanciation
physique. Par exemple, la recommandation pour la largeur d’un trottoir était entre 1,40m et 1,80m, ce qui laissait suffisamment de places pour se croiser. Mais aujourd’hui, demain quand ce trottoir sera devant un commerce, une boulangerie par exemple, et que la file d’attente
se fera sur le trottoir, d’un seul coup, notre largeur de trottoir qui paraissait suffisante avant deviendra alors beaucoup moins satisfaisante. Pour élargir le trottoir permettant aux piétons de croiser sans danger une file d’attente, il va donc falloir supprimer du
stationnement, voire une voie de circulation. Si nous voulons que les bars et restaus rouvrent dans de bonnes conditions et profitent de la période estivale, peut-être faudra-t-il revoir le fonctionnement de rues entières en privilégiant l’installation de terrasses permettant la
distanciation physique.

Cette distanciation physique va également poser des problèmes sur les mobilités, notamment sur les transports en commun qui sont, par définition, un lieu de non distanciation physique. Il faut donc tout à la fois rendre ces transports le plus sécurisant
possible du point de vue sanitaire ; cela passe par l’augmentation de l’offre pour permettre un minimum de distanciation physique, la désinfection des bus et tramway régulièrement, la protection des chauffeurs etc... et par la prise en compte de l’impact de cette désaffection des
transports collectifs sur les mobilités. Il y a fort à parier que nous verrons une hausse de la pratique du vélo. Il faut donc profiter de cette période qui va durer jusqu’en septembre où il y aura moins de voitures en circulation pour expérimenter des pistes cyclables
temporaires permettant une plus grande sécurité des cyclistes et l’absorption d’un plus gros flux de cyclistes pour assurer là aussi la distanciation physique.
A partir de septembre, cette possible désaffection des transports collectifs risque, malgré tout, de conduire à une
hausse de la circulation automobile.
Ainsi la période qui s’ouvre devra voir les collectivités lutter contre la pollution avec des transports collectifs moins attirants, permettre la distanciation physique avec un impact sur l’espace public et sur la place de la voiture, une
hausse de la pratique de vélo comme de l’utilisation de la voiture.
Ces enjeux sont quelques fois contradictoires. Quand vous trouvez une solution à un problème, vous créez souvent un nouveau problème. Exemple : vous devez élargir l’espace public devant une boulangerie et
c’est une piste cyclable qui longe le trottoir. Il faut donc réfléchir à remplacer/déplacer cette piste sur la même rue en enlevant une voie de circulation (mais où passeront les voitures ?), sur une autre rue mais il faut alors relier cette rue à la piste cyclable en amont et
en aval. Des problèmes qui ne sont pas insolubles mais nécessitent un peu de temps et de réflexion pour ne pas faire comme le gouvernement : annoncer des choses qui sont contredites 2 jours après.
Ce genre de problèmes nécessite donc un peu plus de temps que la rédaction d’un message en 280 caractères.
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