Depuis le temps que je vois passer des discours pré-conçus (principalement misandres) sur les #ViolencesConjugales H/F, que je râle dessus et que je fournis les dossiers, je vais essayer de synthétiser ça ici.

C'est parti pour un #thread, à lire et à relire à vos souhaits.
On va parler ordres de grandeurs et proportions des hommes victimes, de leurs possibles sous-estimations et le rôle que jouent les discours féministes.

Pour ce faire, on va sortir des études françaises et anglo-saxonnes en essayant de pas trop digresser sur les questions annexes
En France, commencez par jeter à la poubelle les estimations du 3919. S'il prend effectivement en compte les hommes victimes (quelques % de mémoire), le discours est complètement centré sur les femmes victimes.

Fiabilité zéro.
Evolution du nombre estimé de victimes de violences conjugales en France.

En 2016, le questionnaire a été reformulé pour tenter de mieux inclure les victimes qui auraient pu être oubliées.
En chiffres:

68% des victimes sont des femmes... Dit autrement, 32% des victimes sont des hommes.

Presque du 2/3 - 1/3

Le ratio est à peu près constant d'année en année.

Intéressant de voir que le cas des hommes victimes est rarement explicité.
Dans le discours féministe, ~135 meurtres conjugaux prouvés par an, c'est une épidémie de violences machistes.

Qu'est-ce qui empêche d'accorder une réelle considération à 32% d'un ensemble de plusieurs centaines de milliers de gens, actuellement laissés pour compte?
Elements de contexte :

Hommes comme femmes déclarent des violences multiples dans plus de 50% des cas.

Pour ces violences multiples, les hommes seraient surtout victimes de violences physiques.
"Ces femmes tuent pour ne pas mourir"

J'ai 2 problèmes avec cet argument et je vais les illustrer juste en-dessous.
1- Le cas Jacqueline Sauvage ou l'arnaque du Storytelling.
Pour la version pédagogique je vous renvoie à cette excellente vidéo de Pavalek Norajovitch

Mais détaillons tout de même par écrit
L'affaire est loin de se résumer au fait de se faire justice soi-même. Jacqueline Sauvage avait montré qu'elle était largement capable de violences elle aussi, notamment vis-à-vis de la femme adultère.

C'est un cas très complexe, et non un cas d'école.
2eme problème : La violence passée peut-elle justifier un meurtre ?

Renversons le cas de figure et trouvons un cas où un homme tue sa femme et tente de se dédouaner en évoquant les violences subies:

Le cas Alexia Daval.
L'avocat du meurtrier tente de jouer la carte des violences subies.

Et ça ne passe pas. Normal. Un meurtre reste un meurtre. Qu'est-ce qui rendrait ça juste dans le cas inverse ?

Rien. Ceux qui excusent une femme coupable pour la même raison ont selon moi une attitude ordurière
Il en va de même pour les violences conjugales.

En France, la réciprocité des violences conjugales n'est pas mesuré. Et c'est là qu'entrent en jeu les études américaines.
Aux USA, on sait depuis ~1975 qu'il existe une symétrie Hommes/Femmes dans les violences conjugales.

Le pionnier du domaine est le chercheur Murray A. Straus, co-inventeur de la méthodologie CTS (Conflicts Tactics Scale).
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89chelle_des_tactiques_de_conflit
Cette avancée est majeure dans la mesure des VC et Straus l'a corrigée pour la rendre + fiable.

Le Département de la Justice Américaine lui formule une critique, justement sur le fait qu'elle trouve une symétrie H/F, alors que l'ONU salue quant à elle le questionnaire.
Je reviendrai plus tard sur les problèmes dans la recherche féministe et le cas de l'Institut National de Justice.

Prenons maintenant la méta-analyse d'Archer de 2000 sur les violences conjugales.
http://citeseerx.ist.psu.edu/viewdoc/download?doi=10.1.1.372.6102&rep=rep1&type=pdf
Pour faire court, les hommes sont davantage susceptibles d'infliger des blessures aux femmes que l'inverse, mais dans l'ensemble il y a une symétrie dans les mesures des violences conjugales, légèrement en défaveur des femmes.
Veuillez m'excuser, j'ai scindé les réponses du thread en 2 bout. Je répare tout ça et on reprend.
Plus d'informations ici :

Les valeurs des d de Cohen sont toujours en-dessous de 0,2 et même souvent en-dessous de 0,1 donc considérées comme "très petites".

Les p-values très nettement inférieures à 0,05 nous permettent de juger de la fiabilité des études passées en revue
La symétrie H/F mesurée a créé des remous. Des chercheurs féministes comme Michael P. Johnson ont invoqué des notions comme le terrorisme patriarcal pour montrer que seuls les hommes sont violents.

Méthode qui excluait des femmes victimes, car en dehors des critères de Johnson.
Quelle ordure faut-il être pour avoir une pareille idée?

Quand on développe une telle idée, cela laisse penser que pour ces chercheurs, la victimation des femmes importe moins que le fait de bien montrer que c'est l'homme le coupable, et personne d'autre.
Cependant, le concept de Johnson a beau être purement théorique, il a des implications réelles et mesurables.

Cette notion de terrorisme appliquée au domaine conjugale pourrait-elle donc s'appliquer aux hommes victimes ?
Douglas et Hines avaient mené en 2007 une première étude de grande ampleur sur 190 appels d'hommes victimes de femmes.

Les résultats montrent des violences physiques, psy graves, y compris induire la justice en erreur pour accabler l'homme victime
Limitations de l'étude de 2007 citée :

Les données sur les hommes victimes n'étaient pas suffisantes à elles seules et aucune comparaison à d'autres échantillon n'a été possible.

Ce à quoi l'étude faite répond par la suite
Dans l'échantillon des victimes qui cherchent de l'aide pour leur victimation, on note des différences entre les taux de violences rapportées en H et F, au désavantage des femmes.

En comparaison, pour l'échantillon dit de la communauté, on note des types d'agressions similaires.
Plus d'informations dans les tableaux :
L'étude conclut après analyse et contrôle des variables dans les populations étudiées à l'existence de ce que Johnson appelle terrorisme conjugal dans les échantillons d'hommes victimes qui cherchent de l'aide pour leur victimation, mais aussi pour l'échantillon de la communauté.
Notez bien la fin du paragraphe précédemment screené

Les chercheurs féministes -largement cités- avaient jusque là considéré les violences de la femme sur l'homme comme "triviales, humoristiques ou simplement ennuyeuses".
En fait, il s'agit là purement et simplement d'un biais patriarcal. La femme serait une petite chose fragile incapable de violences et l'hommes aurait dû savoir se défendre.

Voilà pourquoi je hais autant le féminisme.

Et c'est pas fini.
Sans peine, il recensait un peu moins de 200 études fiables sur le sujet.

Le phénomène est documenté de longue date et les lignes n'ont pas bougé, le sujet des violences conjugales reste largement gynocentré.
Straus ré-examine aussi les références du rapport de l'OMS affirmant que les F sont le plus souvent violentes dans des cas d'autodéfense. Ce n'est en fait pas le cas.

D'autres études le confirment et la seule qui trouve de haut taux d'AD pour les F en trouve aussi pour les H.
Straus donne plusieurs façon cacher l'existence de la symétrie H/F dans les violences et falsifier la recherche sur le sujet.

1- Planquer les données sous le tapis et retirer la partie sur les violences femme -> mari
2 - Faire en sorte d'éviter d'avoir des données sur les violences femme->mari

Et on retrouve l'Institut National de Justice aux USA qui avait produit un rapport (National Violence Against Women Survey)

Si si vous savez, l'institut qui questionnait la méthodologie CTS de Straus.
3 - L'indémodable cherry-picking

Gouvernements et chercheurs, ne prenez que les études qui vous arrangent !

Il y a eu ~200 études fiables sur la symétrie H/F sur 30 ans? Peu importe, la conclusion est pré-écrite !
4 - Tenir des conclusions à l'opposé des résultats

Vous en aviez rêvé, les chercheurs biaisés l'ont fait.

De l'importance de lire les études en entier.
5 - Bloquer la publication des articles sur la symétrie H/F

Par autocensure, par peur du harcèlement après avoir appris que cela pouvait bel et bien arriver...

Rien n'est trop beau pour le règne de la femme victime et de l'homme coupable.
6 - Empêcher les études sur le sujet d'obtenir des financements

Exemple, l'Institut National de Justice (encore lui?!) a refusé de financer une étude dont l'hypothèse de départ est que les violences conjugales ne sont pas un sujet genré, mais un fait de relations humaines.
7 - Harceler les chercheurs

Il fallait y penser. Exemples : Straus lui-même, et Susan Steinmetz qui est une des premières avec lui et Gelles à avoir publié des études sur le sujet.

Lisez ce dont ils ont fait l'objet, c'est juste odieux.
Cette étude fait partie de ce que je considère être des incontournables de la littérature sur les violences conjugales.

Et il nous manque une quantité astronomique de données en France. C'est n'importe quoi.
J'ai dû oublier de préciser que Straus est lui-même féministe, l'un des rares chercheurs dans son domaine à vraiment être égalitaire.

Il n'apprécie pas beaucoup que ses travaux servent un camp idéologique. Notamment les masculinistes, vu le cadrage idéologique sur la question
Pour autant, il me semble bien qu'il a tendance à parler de version "féministe" de sa méthodologie (CTS). A titre perso je trouve cela un brin ironique.

Mais passons.
Admettons que ce que j'ai cité jusque là ne suffise pas. On va maintenant parler du Partner Abuse State Of Knowledge.

Il s'agit d'un projet de synthèse des connaissances sur les violences conjugales qui compile plus d'un millier d'études fiables.
https://domesticviolenceresearch.org/ 
Je commence à saturer donc on va prendre le résumé le plus court des résultats de la revue.
http://www.springerpub.com/media/springer-journals/FindingsAt-a-Glance.pdf
En général, plus de la moitié des cas violence sont bidirectionnels (réciproques), et dans les cas restants, la violence unidirectionnelle vient + souvent des F

Idem chez les étudiants

La population LGBT (souvent mal étudiée) est aussi sujette aux violences bidirectionnelles
Les papiers passés en revue indiquent soit pas, soit peu de différences dans les motifs invoqués par les 2 sexes pour le recours à la violence conjugale.
Le recours à l'autodéfense est minoritaire, et il y a une différence H/F (significative mais maigre dans l'absolu). Il pourrait y avoir une sous-estimation du recours masculin, mais ce n'est qu'une supposition

Les F disent plus souvent y avoir recours que les H dans l'ensemble.
On peut aussi interpréter cela de la façon suivante : les hommes tendraient à se défendre moins souvent, d'autant qu'il sont en moyenne plus forts physiquement et sont plus susceptibles d'infliger des blessures aux femmes.
Les conséquences sur les victimes sont documentées et particulièrement inquiétantes, mais le constat de la revue du PASK est que le cas des hommes victimes reste encore peu étudié.
Récapitulatif : aux US, l'aperçu des VC est plus complet qu'ailleurs, on a une symétrie H/F documentée.

Les H sont victimes dans des proportions non-négligeables, et pas pour cause de self-défense.

Les chercheurs féministes ont cherché pour bcp à nier ces phénomènes.
Voici également, pour les plus curieux, une version plus longue de 61 pages sur la revue du PASK.

https://domesticviolenceresearch.org/pdf/Overviewof%20Findings.Dec.7.pdf
Il reste une dernière question avant de conclure :

Le féminisme aide-t-il les hommes victimes ?

On pourrait se douter de la réponse vu comment leur cas a été traité jusque là. Mais étayons un peu tout cela.
Petite comparaison entre la police et les agences pour la violence conjugale:

L'agence est jugée comme à peu près aussi utile que la police, malgré les biais patriarcaux de l'institution, à recours comparable (sauf la hotline qui est jugée pire). Tiens tiens tiens...
Quand on parle d'utile, il est aussi tout à fait possible que les hommes victimes considèrent que ne pas se faire jeter comme un malpropre est déjà utile.

On va détailler le cas des agences juste en-dessous.
Pour rappel, vu le cadrage et le traitement accordé aux hommes, les agences ont un minimum avalisé le discours féministe sur la femme victime et l'homme coupable, quand elles ne se revendiquent pas tout simplement féministes/dédiées aux femmes victimes.
Et là, c'est le drame. Deux choses me frappent :

1- Dans la plupart des cas, de la hotline au fait de se rendre physiquement à l'agence, les hommes victimes sont souvent rejetés.

Soit on n'aide que les femmes, soit on suggère que l'homme victime est en fait un homme coupable.
2 - Plus il y a de contact humain entre l'H et l'agence (en ligne, puis hotline, puis présence physique), plus le mépris de l'H victime est marqué.

Notons cependant que les agences n'osent pas envoyer l'H se faire foutre avec un numéro pour H violents quand il est présent.
C'est une catastrophe de A à Z

Le féminisme ment, manifestement à des fins de compétition victimaires complètement malsaines

Les égalitaires comme Straus sont un apport non-négligeable pour la recherche mais pèsent bien peu de choses dans le discours féministe global
Encore une fois, en France le manque de données est criant et je ne compte pas une seule seconde sur les assos féministes pour faire le travail.

Les études US, si elles ne sont pas un absolu, représentent d'excellentes pistes de réflexion et demeurent exploitables.
Bref ça fait des mois que j'emmagasine ces données, avec d'autres, pour essayer d'en produire une restitution en vidéo.

Le sujet ne se résume pas en 3 articles sur Madmoiselle.
La partie violences conjugales est très certainement la partie la plus longue dans l'exposé que je compte produire. Des constats similaires peuvent être faits sur le viol des hommes.
Mais au final, je ne suis qu'un rat de bibliothèque qui compile des données disponibles. Je ne suis pas une source à proprement parler.

Téléchargez aussi les études sur les sujet si vous êtes sensibles à la question et réappropriez-vous tout ça.
Je ne suis pas non plus né et convaincu depuis toujours que le féminisme ment. J'ai cru qu'il pourrait résorber ses biais de lui-même, que ses militants se pencheraient sur l'intégralité du problème.

Ce fut une erreur.
Au contraire, j'ai plus appris sur le sujet de la part d'anti-féministes. Leurs exposés ne sont pas opposés aux droits des F, mais une mise en lumière de leurs limites, contradictions et mensonges, notamment sur les H.

Le féminisme est selon moi incapable d'autocritique.
C'est quelque chose que j'ai déjà exprimé à plusieurs reprises:

La défense des droits des uns ne se fait pas au détriment des autres.

J'emmerde quiconque pense que rabaisser untel ou untel dans une lutte est justifiable.
A tous ceux qui tiennent les habituels discours que j'ai débunkés ici : sur quoi vous basez-vous pour vos affirmations ? Ai-je loupé quelque chose ?

Ma porte reste ouverte.
En temps normal je m'en foutrais de savoir qui est victime, hommes comme femmes méritent le même traitement.

Seulement, les mouvements de revendication ont largement évolué en laissant les H au second plan pour les mêmes problèmes que les F.

C'est la seule raison de ce thread.
A toutes les victimes qui subiraient un discours rabaissant et qui verraient ce thread:

Sachez qu'un random twittos avec un avatar stormtrooper pense à vous quelque part, il y a bien longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine.

La paix soit avec vous.
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