Plusieurs intrusions paramilitaires mises en échec, des américains liés à Trump arrêtés par des pêcheurs. Retour en #thread sur ce qui s'est passé au #Venezuela ces derniers jours.

En plus de lutter contre le #coronavirus, le pays doit aussi lutter contre les USA.
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Dimanche 3 mai, à l'aube, des vedettes débarquent sur les côtes de l'État de La Guaira au Venezuela, porte d'entrée de la capitale Caracas par la mer, et où se situe l'aéroport international principal du pays.

À leur bord, des mercenaires très bien armés venant de Colombie.

Nom de l'opération : Gedeón

Objectif : prendre le contrôle d'un aéroport pour séquestrer et extraire du pays le président Maduro, ou l'assassiner.

Bilan : 8 mercenaires sont tués par les forces spéciales vénézuéliennes, dont le chef de l'opération.

Les jours qui ont précédé l'opération, plusieurs fusillades violentes se sont faites entendre dans le barrio de Petare à Caracas.

José Socorro, agent capturé de la DEA (agence « antidrogue » US), a avoué qu'il s'agissait d'une diversion pour occuper les forces de sécurité.

Socorro a également précisé son rôle dans l'opération, celui de fournir 8 véhicules aux mercenaires qui allaient débarquer, dont deux équipés de mitraillettes AFAG sur le toit. Objectif : attaquer palais présidentiel, SEBIN (renseignement) et DGCIM (contre-espionnage).

Les vedettes qui ont embarqué les mercenaires ont eu comme point de départ Riohacha/Colombie, avant de longer 800 km de côte.

À l'évidence, les mercenaires ont utilisé les eaux territoriales des trois îles néerlandaises au large du Venezuela pour transiter sans se faire repérer.

Les Pays-Bas, à travers ces îles, avaient déjà protégé un bateau pirate qui avait attaqué un navire de guerre vénézuélien quelques semaines auparavant.

Quel est le rôle d'un pays de l'UE dans ces opérations terroristes ? Zone de transit ? De ravitaillement ? D'hébergement ?

Dès dimanche, nous apprenons donc rapidement l'existence de la mise en échec d'un débarquement à La Guaira, mais ce n'est que le début d'une série d'événements qui vont impliquer beaucoup de monde, de Juan Guaido à Donald Trump.

Le jour suivant la 1ère attaque, le lundi 4 mai, un autre débarquement est dérouté, cette fois dans la ville côtière de Chuao, à moins de 100 km de Caracas.

10 mercenaires sont arrêtés, dont le chef de l'opération, Antonio Sequea. #Coronavirus oblige, on lui met aussi un masque.

Antonio Sequea n'est pas inconnu. Il avait déjà participé à la tentative de coup d'Etat du 30 avril 2019 à Caracas, avant de fuir en Colombie.

On le voyait notamment aux côtés de Juan Guaido et Leopoldo López, leaders de l'opposition violente d'extrême-droite.

Il faut croire que les mercenaires ne s'attendaient pas à être appréhendés aussi vite. Les 1er à les avoir mis en joue sont les pêcheurs armés de Chuao, de la milice bolivarienne.

Cela donne cette image incroyable qui restera ds les annales. Peuple en armes, prêt à se défendre.

Certains sur les réseaux sociaux en ont profité pour railler la différence entre les séries américaines mettant en scène des États-Unis victorieux au Venezuela, et la réalité.

Extrait de Jack Ryan sur Amazon Prime. https://twitter.com/j_bigboote/status/1257670122162008064?s=19

Les pêcheurs de Chuao ont fêté leur victoire sur les mercenaires comme il se doit.

Le lendemain, la vice-présidente du Venezuela, Delcy Rodríguez, annonce que le système électrique national a subi une attaque sur sa ligne 765, quelques heures après l'intrusion maritime frustrée à Chuao.

Dans la même journée de lundi et dans les jours suivant, divers groupes de mercenaires liés à l'opération Gedeón sont arrêtés à travers le pays, dans des opérations liant souvent les forces armées, la police et les milices populaires.

Maintenant que vous avez un petit résumé des événements, il est temps de passer à la suite croustillante de ce #thread à travers deux questions.

Qui est derrière tout ça ?
Et pourquoi ?

Parmi les mercenaires, on retrouve plusieurs vénézuéliens, la plupart des ex-policiers ou ex-militaires, dont certains sont des putschistes récidivistes.

MAIS, on retrouve aussi plusieurs vétérans de l'armée US, et c'est là que ça devient intéressant.

Un des noms les plus importants de l'opération Gedeón, c'est Jordan Goudreau. Ex-bérets vert de 2001 à 2016, il a été (ou est toujours ?) membre de la sécurité de Trump.

Mais il est aussi directeur de l'entreprise de sécurité et de défense américaine Silvercorp.

Silvercorp a signé avec plusieurs dirigeants de l'opposition vénézuélienne, dont Juan Guaido, président autoproclamé, un contrat de 213 millions de dollars pour mener à bien l'opération.

Si Guaido nie tjrs avoir signé ce papier, son conseiller J.J. Rendón, l'a confirmé à CNN.

Le Venezuela va formuler une demande d'extradition à l'encontre de Goudreau. Mais deux autres ex-bérets verts de Silvercorp ont été eux arrêtés par les autorités vénézuéliennes.

Il s'agit de Luke Alexander Denman et Airan Berry, tout deux vétérans de l'Irak.

Denman confirme avoir participé à l'opération pour laquelle il aurait été payé entre 50 000 et 100 000 dollars.

« Mes responsabilités sont écrites dans un contrat, signé par Jordan Goudreau, Juan Rendón et Juan Guaido ».

Sa mission : contrôler un aéroport pour extraire Maduro.

Berry quant à lui, affirme même qu'il aurait été question d'éventuellement assassiner Maduro. Dans le cas contraire, il confirme que la destination de son extraction auraient été les États-Unis.

Josnars Adolfo Baduel, un des capturés à Chuao, affirme lui que les deux détenus états-uniens sont des « intermédiaires ».

« Ils disent qu'ils travaillent avec la sécurité de la présidence des États-Unis ».

Alors que les témoignages des mercenaires, qu'ils soient vénézuéliens ou états-uniens, sont accablants pour les États-Unis, la Maison Blanche nie toute responsabilité.

« Rien à voir avec notre gouvernement » dit Trump. On va le croire.

Mike Pompeo, le secrétaire d'Etat de Trump, nie lui aussi en bloc, mais affirme qu'il fera tout son possible pour rapatrier les deux américains détenus au Venezuela.

Tout cela se passe alors que le monde affronte la pandémie du #Covid_19. Les États-Unis cumulent 1,3 millions de cas et 74 000 décès. Le Venezuela, aux moyens beaucoup plus limités, ne cumulent que 357 cas et 10 morts.

Les USA devraient s'occuper de balayer devant leur porte.

Ces événements sont très graves, et ce ne sont ni les premiers, ni les derniers de ce type au Venezuela. Ils soulèvent beaucoup de questions quant à la position des pays occidentaux et au traitement médiatique de la situation vénézuélienne en France.

Pourquoi les médias ne couvrent-ils pas aussi massivement (et avec honnêteté) de tels événements qu'ils ne le font pour d'autres à propos du Venezuela ? Doit-on tolérer sans rien dire qu'un pays, les USA, portent des atteintes régulières et graves à la souveraineté du Venezuela ?

Mais surtout, que font la France et l'UE à encenser l'opposition vénézuélienne la plus violente, qui baigne dans des scandales de corruption, de narcotrafic et de paramilitarisme ?

À quoi joue Macron en recevant ces criminels à l'Elysée ? Tout cela doit cesser.

Fin du #thread.

Bon, pour ceux qui affirment (sans preuves comme d'hab) que ce qui s'est passé au Venezuela est un coup monté de Maduro, sachez que le propre Washington Post (journal bolivarien bien connu) a posté 40 pages du contrat qu'a signé Guaido pr cette opération. https://www.washingtonpost.com/context/read-the-attachments-to-the-general-services-agreement-between-the-venezuelan-opposition-and-silvercorp/e67f401f-8730-4f66-af53-6a9549b88f94/