Le Point veut réhabiliter la voiture, "accusée de tous les maux".

Du coup, petit thread sur pourquoi je trouve faux (voir dangereux) de lier dans les imaginaires collectifs voiture et liberté ⬇️
D'abord, parce que la voiture enserre ses usagers dans un cycle de dépendances à des ressources rares et/ou limitées :

> Dépendance aux énergies fossiles, dont l'approvisionnement et le coût dépendent d'une large chaîne d'approvisionnement totalement subie par les consommateurs.
> Dépendance financière. On estime à ± 5000€ par an le coût d'une voiture (modulo le contexte). Pour un poste de dépenses pour lequel il existe - théoriquement - des alternatives, c'est un coût assez énorme.
A 9m2 en moyenne la voiture, sur des routes et des rues forcément limitées en largeur (on ne peut pas pousser les murs), les bouchons sont inhérents aux déplacements motorisés.

La possibilité même de se déplacer en voiture dépend des autres usagers :
vous n'êtes en capacité de vous déplacer en voiture que parce que d'autre ne le font pas.

Par exemple, si chaque parisien-ne se déplaçait en voiture, il n'y aurait tout simplement aucune circulation possible.

L'usage de la voiture est donc dépendant du choix des autres.
Bonus n°1 : les réparations étant de plus en plus compliquées, il est nécessaire de faire appel à un service extérieur en cas de problème. L'utilisateur est "dépossédé" de ses capacités sur son outil de transport.
Au-delà de ces dépendances individuelles, la voiture a créé une dépendance collective. Utiliser sa voiture aujourd'hui, c'est être tributaire de plusieurs décennies de choix politiques, largement liés à des intérêts économiques, et non démocratiques.
Quelques conséquences, en vrac et sans trop rentrer dans les détails, des politiques territoriales à l'aune de la "voiture liberté" : étalement urbain, augmentation des distances entre différents lieux de travail, habitat, loisirs, etc.
Et tout le monde devant posséder une voiture pour être "libre", pourquoi donc continuer à investir dans les transports en commun, les bus ou les trains, ou mêmes des pistes cyclables, qui pourraient permettre de relier certains villages entre eux ?
Et c’est une prophétie autoréalisatrice et circulaire qui se met en place : plus on est loin, plus on a besoin de la voiture, plus on fait d'espace pour la voiture, moins on a d'espace pour d'autres modes, plus on a besoin de la voiture.
Enfin, rappelons qu'au niveau collectif, la voiture a un coût supporté par tous, usagers ou non. Parmi les externalités négatives : accidentalité, conséquences sanitaires de la pollution, espace public qui ne peut être dédié à d'autres usages + collectifs
Si on considère que la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres, on peut sérieusement se questionner sur l'association voiture - liberté.
Ah, et quelques rappels annexes : je n'ai pas dit que la voiture ne pouvait jamais être utile. Je dis juste qu'elle ne libère pas, étant donné qu'elle enserre collectivement, usagers ou non, dans un maillage de dépendances.
Aussi, je ne veux pas critiquer l'usage de la voiture par celles et ceux qui l'utilisent, mais simplement (et modestement) essayer de montrer qu'il est important d'arrêter de lier dans l'imaginaire collectif voiture et liberté, car c'est faux, contreproductif, et crée un besoin.
Dernier rappel : tout le monde n'a pas les moyens (notamment financiers) d'avoir une voiture.

C'est important à rappeler que la "liberté" a un prix.
Et en cette période de crise sanitaire, la liberté des uns de se protéger dans leur bulle motorisée se fera au détriment de la liberté des autres obligés de se tasser sur des trottoirs trop étroits (et ce, même s'il est évidemment important de désengorger les TEC)
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