🚨⬇️⬇️ THREAD sur The-Dream ( @TheKingDream), figure majeure du R&B moderne
Terius Nash est né le 20 septembre 1977 à Rockinghman en Caroline du Nord, mais déménage très tôt à Atlanta avec sa mère. Il se découvre dès l'enfance une passion pour la musique en s'attelant à divers instruments tels que la trompette, la batterie ou encore la guitare.
Il est bercé par la musique de Lionel Richie, Otis Reeding, Diane Warren, mais surtout Prince et Michael Jackson qui deviendront ses modèles les plus importants.
Un événement tragique vient vite bouleverser sa vie : il perd sa mère à l'âge de 15 ans, devant de ce fait emménager chez son grand père. Il commence à écrire des chansons suite à ce décès, sans parvenir à trouver un contrat lui permettant d'en faire son métier.
Cette traversée du désert trouve sa fin au début des années 2000 lorsque Terius rencontre le célèbre producteur R&B Laney Stewart, ayant notamment travaillé avec K-Ci & JoJo, Babyface,...
Laney lui permet de décrocher son premier contrat, ce qui le conduira à un premier placement sur l'album Pandemonium! du groupe B2K pour qui il écrit le morceau "Everything" sous le nom de The-Dream. Il rencontre ensuite Tricky, le frère de Laney, avec qui il écrira pour Madonna.
L'année 2007 constitue un énorme tournant pour la carrière musicale de Terius. En effet, il compose le refrain du hit "Umbrella" de Rihanna, incroyable carton dans le monde entier qui lui offre un contrat en tant qu'artiste chez Def Jam.
Il sort la même année son premier album intitulé Love/Hate qu'il enregistre en seulement huit jours! L'enjeu était pour The-Dream de délivrer un album créatif en réponse à une industrie musicale qu'il trouve de moins en moins inspirée.
Ce pari très ambitieux est au final remporté : Love/Hate est un chef d'oeuvre qui contraste complètement avec les autres albums R&B de cette époque, et même de ce que l'on peut entendre aujourd'hui.
Définir le style de l'album n'est pas une tâche aisée. Effectivement, les arrangements de The-Dream sont vraiment singuliers ; il est donc difficile d'identifier tous les éléments de ses productions. Bien que ce soit vague, on peut en dire qu'il s'agit d'un style de R&B baroque.
The-Dream réussit un tour de force en proposant des beats aux ambiances différentes tout au long de l'album mais qui constituent au final un ensemble homogène. L'étrangeté de son style réunit les morceaux de Love/Hate et en fait une oeuvre très intéressante.
On passe ainsi du classique "Shawty Is da Shit" et ses notes de piano entêtantes à l'ambiance "robotique" de "Ditch Dat" en passant par l'esthétique 80s de "Fast Car". La minutie des transitions entre chaque piste participe aussi à ce mélange extravagant des genres.
Ce travail sur les productions est magnifié par l'incroyable voix de The-Dream qui donne lieu à des passages poignants à l'instar du refrain culte de "Falsetto" dont le nom reflète bien la performance de Terius.
L'autre force de l'album est sans surprise son écriture. The-Dream joue avec les codes du R&B sur "Shawty Is Da Shit" en clamant "Man I don't need no hook for this shit": le son étant tellement bon qu'il peut se dispenser d'y donner un vrai refrain comme le montre cette ref à Hov
"Luv Songs" est un autre exemple qui atteste de sa prédisposition pour l'écriture : il décrit le processus de composition d'un sex banger pour raconter une partie de jambes en l'air : "She grab the high note I take the mid She keep that snap poppin I come right in with a kick".
Love/Hate marque également l'arrivée de Nikki dans les projets de The-Dream. Il s'agit de la chanteuse Nivea, son ex femme à qui il dédie un morceau éponyme revenant sur leur histoire, ce qui deviendra par la suite de fil conducteur des projets de Terius.
Bien que le sexe et les histoires d'amour constituent le coeur de ses lyrics, Terius termine l'album en rendant hommage à sa mère à travers "Mama", un morceau poignant empreint d'un auto tune faisant fortement penser aux ambiances de 808s & Heartbreaks de Kanye, sorti un an après
En somme, Love/Hate est un album fantastique qui fera l'unanimité auprès des critiques, reconnu encore aujourd'hui comme l'un des meilleurs LP de cette génération. Un disque d'or vient aussi récompenser le travail de Terius, en faisant ainsi son projet le plus vendu à ce jour.
Il lui donne une suite un an plus tard avec l'album "Love vs. Money". Il s'agit du digne successeur de Love/Hate, tant sur le plan musical que du point de vue de la qualité. Terius est de nouveau en bonne compagnie puisque l'on trouve Kanye et Mariah Carey sur l'album.
L'album marque également le début d'un tournant dans la discographie de The-Dream avec l'arrivée de Carlos McKinney à la production. Ce dernier deviendra le bras droit de Terius pour ses albums suivants, se substituant progressivement à Tricky.
Bien que je trouve Love/Hate fabuleux, Love vs. Money est mon album préféré de The-Dream. Tout y est absolument parfait : de "Rockin That Shit" à "Kelly's 12 Play", l'album ne perd jamais en intensité et donne envie d'être rejoué aussitôt l'écoute finie.
Il était impensable pour Terius de s'arrêter en si bon chemin, c'est pourquoi il nous gratifie en 2010 du dernier pendant de la "Love Trilogy" avec son album "Love King".
Il y pousse son style à son paroxysme: les ambiances 80s sont on ne peut plus assumées avec "Yamaha", un morceau très inspiré par Prince, et est plus baroque que jamais sur "Sex Intelligent" et son remix. Une conclusion à la fois logique et excellente pour ce triptyque mémorable
Je n’ai pas besoin de rentrer plus dans les détails pour "Love King", on peut y appliquer la même grille d'analyse qu'aux deux précédents. Il s'agit néanmoins d'un top 3 de la carrière de The-Dream à ne manquer sous aucun prétexte.
Même si The-Dream n'aura cessé de faire l'unanimité auprès des critiques avec ces trois albums, se retrouvant à chaque fois sur les listes de meilleurs albums de l'année, les ventes diminuent malheureusement au fil des projets.
Un style de R&B si particulier ne pouvait pas cartonner auprès du grand public, mais The-Dream le savait très bien. Il est resté fidèle à son ambition de départ et se moque des ventes comme il l'indique sur "Panties to the Side" : "I'll never be a popstar : I'm too rough".
Il poursuit son activité d'auteur en écrivant trois des plus gros hits du début 2010s : "Baby" de Justin Bieber, "Run the World" & "Single Ladies" de Beyoncé qu'il déclare avoir écrit en 17 minutes!
Il lance en parallèle son label Radio Killa au catalogue plutôt maigre. Hormis The-Dream, seuls deux artistes y publieront des albums. Parmi eux, on trouve "How To Be a Lady : Volume 1" du groupe Elektric Redd qui fera un flop monumental.
Le second est l'EP "Downtown: Life Under The Gun" d'August Alsina qui lance la carrière de ce dernier grâce au single "I Luv This Shit": une belle révélation.
Terius ne délaisse pas pour autant sa carrière solo. Il prévoit en effet de sortir la suite de Love King en septembre 2011 avec un album nommé "The Love IV". C'était cependant sans compter sur des problèmes de contrat avec Def Jam figeant la sortie de cet album.
La raison? Il ne supportait plus que Def Jam ait la main mise sur le choix des singles de ses albums. Il décide donc de sortir, dans un premier temps gratuitement, l'album "1977" en indépendant.
Cet avertissement fonctionne: il trouve un terrain d'entente avec Def Jam et donne une vraie sortie à cet album finalement prénommé "Terius Nash: 1977". L'album est très surprenant car il diffère sur tous les plans des projets précédents.
On y découvre un The-Dream meurtri, n'hésitant pas à ouvrir son cœur sur des morceaux tels que "Wedding Crasher" où il revient sur le choc émotionnel qu'a été pour lui le mariage de Nikki avec Lil Wayne.
Le changement était si radical qu'il déclara au cours d'une interview pour Billboard qu'il reçut de nombreux appels de ses proches surpris de le voir aussi vulnérable sur un album.
Le changement se fait aussi en ce qui concerne les productions, moins surprenantes que celles de la "Love Trilogy" comme en atteste par exemple la guitare acoustique de "Used To Be". On se retrouve cependant avec quelques morceaux brouillons inhabituels chez lui ("Rolex").
"Terius Nash : 1977" ne se hisse pas au niveau de la "Love Trilogy". Il reste néanmoins un très bon album disposant de moments très forts comme sa fin que j'apprécie tout particulièrement.
Il parvient à enfin sortir le tant attendu "IV Play" en 2013 en annonçant une tracklist avec une multitude d'invités prestigieux : Jay-Z, Beyoncé, Pusha T, Big Sean, 2 Chainz, Kelly Rowland,...
Il s'agit pour moi de son album le moins personnel car on ressent encore moins la touche The-Dream que sur "1977". La première moitié de la tracklist rassemble presque tous les feats au final sympathiques mais dont on attendait plus: "High Art" avec Jay-Z en est un bon exemple.
Une partie de l'album qui est aussi plus le reflet de la musique de l'époque que ne l'étaient ses projets en leur temps. Sans être forcément un défaut, c'est ce qui le rend à mes yeux moins unique. Des morceaux viennent cependant se déroger à cette règle :"IV Play","Equestrian"
La seconde moitié de l'album est nettement supérieure et riche en morceaux marquants: l'hommage à MJ "Micheal", le puissant "Holy Love", le duet "Loving You/Crazy". Même s'il aurait pu sans aucun doute être meilleur, "IV Play" reste un bon album de The-Dream à ne pas manquer.
Malgré ce casting cinq étoiles, le succès commercial ne suit toujours pas, l'album s'étant écoulé en tout à moins de 100 000 exemplaires. Même si elles restent plus satisfaites de l'album, les critiques presses ne sont plus aussi dithyrambiques que pour les albums précédents.
S'en suit pour lui une carrière solo "à deux vitesses" : il écrit pour de nombreux albums marquants de la décennie 2010. On le retrouve en effet sur BEYONCE, 4, Magna Carta Holy Grail, A Seat at the Table,...
Il brille surtout par des apparitions marquantes en feat qui permettent à une jeune génération de l'identifier. Pour en citer quelques uns : Marcy Me, Ultralight Beam, Shiny Suit Theory, everything, Almeda, M.P.A., Higher, Love U Better et bien d'autres.
Tout n'est pas aussi rose du coté de sa carrière solo. Il quitte Def Jam en 2014 après y avoir été vice président pendant deux ans. Cependant, les choses tournent mal avec son nouveau label Capitol: des problèmes logistiques bloquent la sortie de son prochain album "Crown Jewel"
L'album est terminé mais ne sera jamais distribué. Il sort donc la première moitié "Crown" en EP mais fait l'impasse sur "Jewel" qui ne paraîtra jamais. C'est donc le début de l'indépendance pour Terius, fâché à jamais avec les majors.
Il nous gratifie en 2016 de l'EP "Love You To Death" mais surtout de l'album visuel "Genesis". Passé complètement inaperçu à cause d'une sortie exclusive sur TIDAL, il s'agit pourtant d'un bon dix titres à rattraper si vous ne l'avez jamais écouté.
Il resurgit fin 2018 en sortant "Ménage à Trois: Sextape Vol. 1, 2, 3". Comme son nom l'indique, il s'agit d'une compilation des trois premiers "Sextape" à la manière de "Trilogy" de The Weeknd.
Il faut bien comprendre que ce n'est pas un triple album, mais bien trois projets bien distincts réunis sur un même disque pour apprécier l'album. Avec 2h30 de musique, des pauses entre les volumes sont nécessaires pour éviter l'indigestion.
Car il serait bien dommage de se gâcher l'expérience: bien trop sous estimé lors de sa sortie, "Ménage à Trois" regorge de pépites dissimilées de manière équitable entre les trois volumes: "Tuxedo", "No Rappers Allowed", "Make It Rain", "Bedroom", "U Got a Fan", "You and I",...
Cet excellent projet vaudra à Terius ses premières nominations au Grammys en tant qu'artiste solo, mettant ainsi fin à des années d’absence de reconnaissance de la part de cette académie prestigieuse du monde de la musique.
Il continue sur élan en teasant "The Nikki Project" fin 2019. Il fait cependant suite à "Ménage à Trois" avec SXTP4 sorti il y a seulement quelques semaines. Je vais être direct : SXTP4 est pour moi son meilleur album depuis "Love King".
On y retrouve la touche baroque qui fait les grands albums de The-Dream. Il retrouve son style de production "Love Trilogy" et nous gratifie de diverses ambiances, plutôt "bed song" sur "Sang" ou bien gros banger comme sur l'incroyable "Ecstasy", mon morceau préféré de l'album.
L'album est maîtrisé de A à Z, ce qui en fait un immanquable de 2020 en matière de R&B. J'espère que Terius poursuivra dans cette voie pour ses prochains albums et qui sait, obtenir son premier Grammy en solo.
Vous l'aurez compris The-Dream est un virtuose qui n'a jamais eu la reconnaissance qu'il mérite pour son travail remarquable sur ses albums. Souvent relégué à l'artiste préféré des "R&B nerds" j'ai espoir que son œuvre sera un jour redécouverte et reconnue à sa juste valeur
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