Google a été introduite en bourse le 19 août 2004 au prix de $85. Si vous aviez acheté une action au prix d’introduction (et participé passivement à toutes les opérations sur titre proposées entre temps), votre investissement vaudrait aujourd’hui $2 568.2. #Thread
Avec un rendement annuel de plus de 24%, ça aurait probablement été le meilleur investissement de votre vie et il est plus que probable qu’à l’image des autres actionnaires de Google (devenue Alphabet) vous seriez très content de la façon dont vous avez été traité.
Mais il y a un hic, un petit détail qui va plonger notre ami @AQuatennens dans des abîmes de perplexité : Alphabet n’a jamais payé le moindre dividende à ses actionnaires.

Rien, nada, zéro, que dalle, que pouic, que tchi : pas le moindre centime.
Faut-il y voir une forme de vertu anticapitaliste et partageuse ? Point du tout : il se trouve simplement que les actionnaires d’Alphabet ont toujours pensé (à raison) qu’ils avaient matériellement intérêt à réinvestir tous leurs profits dans Google.
Pourquoi ? Eh bien parce qu’Alphabet a été fondée par des entrepreneurs nés (Larry Page et Sergey Brin) et qu’elle a toujours été magnifiquement bien gérée — notamment par Eric Schmidt et, aujourd’hui, par Sundar Pichai.
Bref, Alphabet est une formidable machine à explorer des opportunités improbables, à développer des marchés auxquels personne ne croit et, au final, à gagner des quantités phénoménales de pognon.
Mais la vie est injuste : toutes les boîtes ne sont pas comme ça. Toutes les entreprises n’ont pas des visionnaires pour actionnaires fondateurs et toutes les entreprises ne sont pas gérées par des types brillants comme Schmidt ou Pichai.
Si vous jetez un œil sur la réalité des grandes entreprises cotées, vous allez même en conclure que Google est une exception. Les grandes entreprises, par définition, on déjà grandit ; c’est-à-dire que leur croissance, en général, appartient au passé.
Les grosses boîtes, même dans le privé, même quand l’État n’est pas actionnaire, ce sont plutôt des gros machins administratifs et frileux qui vivent sur les acquis du passé et dans la crainte permanente de perdre leurs parts de marché.
Du coup, faute d’être capables de se réinventer, d’investir et de prendre des risques, elles paient des dividendes à leurs actionnaires — c’est-à-dire qu’elles leur rendent du cash en leur suggérant d’aller l’investir ailleurs (chez des petits jeunes qui se développent).
C’est, en somme, un peu l’histoire d’Apple : quand Steve Jobs était là, ils inventaient l’iPhone et ne payaient pas de dividendes. Depuis qu’il nous a quitté, ils se contentent d’exploiter le filon jusqu’à la corde et paient des dividendes.
Bref, une grosse boîte qui paie des dividendes, c’est une boîte qui n’a plus vraiment de perspectives de croissance et qui pense (à juste titre) que cet argent serait mieux utilisé s’il était investi dans des entreprises qui ont des projets à financer.
Parce qu’au risque de traumatiser encore @AQuatennens, les actionnaires qui touchent des dividendes ne s’en servent généralement pas pour se payer des Tequila Sunrise au bord de la piscine : ils les réinvestissent.
Et s’ils font ça, c’est parce que l’histoire (et les mathématiques financières) nous apprennent que pour s’enrichir beaucoup, c’est — et de très loin — la meilleure stratégie. Une petite démonstration chiffrée s’impose.
<parenthèse>
NB : ci-dessous, j’utilise les données en dollars courants (c’est-à-dire non ajustées de l’inflation) de Robert Shiller ; lesquelles sont téléchargeables gratuitement à l’adresse :
http://www.econ.yale.edu/~shiller/data.htm
</parenthèse>
Considérons, par exemple, l’indice S&P 500 (les 500 plus grosses boîtes cotées aux États-Unis) et supposons que, le 31 décembre 1970, vous ayez investi $100 dans un portefeuille qui a reproduit fidèlement l’indice pendant les 50 années suivantes.
De là, deux stratégies possibles :
1/ Vous utilisez vos dividendes pour vous payer des Tequila Sunrise au bord de la piscine (parce que #Yolo) ;
2/ Vous réinvestissez systématiquement tous vos dividendes dans votre portefeuille.
Si vous aviez suivi la stratégie 1, vous auriez gagné $ 3 386.7 dollars par la simple appréciation du prix de vos actions et collecté $848.7 de dividendes (ce qui, au prix de la Tequila Sunrise et sur 50 ans, ne fait pas de vous un alcoolique).
Mais si vous aviez suivi la stratégie 2, mes lapins, vous auriez gagné — tenez-vous bien — $ 14 621.3 ! Ça fait un gain 3.5 fois plus élevé (sans Tequila Sunrise, toutefois) et ça correspond à un rendement annuel moyen d’environ 10.5%.
En d’autres termes, empêcher les grosses boîtes de payer des dividendes, c’est priver les petites, les grandes de demain, des capitaux dont elles ont besoin pour financer leur croissance. C’est une hérésie ou, pour être plus juste, une énorme connerie. #Fin
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