Le 2 avril 1985 une bombe explose au passage de la voiture du juge Carlo Palermo à Pizzolungo, près de Trapani. L'attentat coûte la vie à une femme, Barbara Rizzo, et à ses enfants, les jumeaux Giuseppe et Salvatore Asta. Un meurtre prouvant la collusion Etat-Mafia. 1/17
Carlo Palermo avait demandé sa mutation à Trapani qq mois plus tôt. 1 mutation qu'il a vu comme une sanction. Lui qui durant 5 ans avait mené une énorme enquête sur un trafic d'armes international.
En juin 84 son enquête se conclue par la mise en accusation d'une trentaine 2/17
de personnes.
Notamment le colonel Massimo Pugliese, ex-membre des services secrets italiens, et quatre autres Italiens qui auraient servi d'intermédiaires pour la vente de trois bombes atomiques à des pays du Moyen-Orient non identifiés. 3/17
Mais aussi du matériel destiné à l'Irak, des centaines de chars, près de 34 kg de plutonium, 1 000 kg d'uranium, des missiles SAM-7, 500 mitraillettes Kalachnikov, 2 tonnes de plastic. 116 chars, et 20 hélicoptères étaient destinés à la Somalie et 238 chars à Taiwan ect... 4/17
Les cinq Italiens seraient également accusés d'avoir négocié la vente de missiles Exocet destinés à l'Argentine à l'époque de la guerre des Malouines. La négociation n'aurait pas abouti, à la suite de l'intervention d'un agent secret au service de la Grande-Bretagne. 5/17
Le personnage central de l'enquête était Henry Arsan, un homme d'affaires syrien considéré comme le cerveau du trafic, décédé l'année précédent, en prison, à Milan. Arsan opérait depuis une dizaine d'années en toute tranquillité, traitant avec 6/17
des gouvernements et des industries d'armement de l'ouest comme de l'est, car après avoir été surpris en train de livrer de la drogue par la DEA en 1972, il lui fournissait des informations sur les autres trafiquants. En juin 1977 un agent de la DEA basé à l'ambassade 7/17
américaine de Rome, J. Anglioletti, a adressé un nouveau rapport au chef de la police criminelle de la ville qui recense les activités d'Arsan dans le domaine du trafic d'armes et de drogues. La police italienne connait également ses liens avec l'organisation 8/17
Badi Derki, une famille de la mafia syrienne opérant en Europe. Il a fallu 5 ans pour démanteler le réseau. Une autre raison de cette mansuétude est qu'Arsan était utile aux industriels ou au gouvernement de nombreux pays pour écouler leur production ou leurs 9/17
stocks d'armement. Les USA en particulier cherchaient à se débarrasser de matériel obsolète comme l'a révélé Carlo Bertoncini, un industriel italien au juge Palermo. C'est la CIA qui a mis en contact Eugène Bartholomeus, un trafiquant de haut vol et 10/17
l'ingénieur romain Glauco Partel qui se chargeait de trouver des clients pour les armes provenant de surplus américains. Arsan était également en relation avec la Nugan Hand Bank lié à la CIA. Au cours de son enquête Palermo découvre aussi le rôle de la loge maçonnique P2 11/17
de Pio Callo (une loge aux multiples collusions politico-mafieuse) dans le trafic d'armes avec l'Argentine lors de la guerre des Malouines.
Dès lors Palermo devient une menace pour les dirigeants italiens et notamment le Premier Ministre PS Bettino Craxi Craxi. 12/17
Palermo soupçonne Craxi de corruption Ce dernier dépose une plainte devant le Conseil Supérieur de la Magistrature qui ouvre 1 enquête disciplinaire. Le magistrat demande alors son transfert à Trapani pour reprendre son travail sur le trafic de drogue après 13/17
le meurtre du juge Montalto avec qui il avait collaboré parle passé.
Ce 2 avril les exécutants de l'attentat vont s'avérer des «soldats» des clans d’Alcamo et de Castellammare del Golfo. La thèse avancée est que les clans voulaient empêcher Palermo de découvrir 14/17
un laboratoire d’héroïne près d’Alcam qui sera
finalement trouvé 22 jours après l’attentat. les 3 auteurs principaux sont condamnés à la réclusion à perpétuité en première instance mais acquitté en 1990 par la Cour d’Appel et confirmé l’année suivante 15/17
par la Cour de Cassation, dirigée par le juge Corrado Carnevale, surnommé «le casseur de sentences» et soupçonné d’être aux ordres de Cosa Nostra. Les déclarations de plusieurs repentis ont ensuite permis d’inculper les commanditaires : 16/17
les boss Salvatore Riina, Vincenzo Virga, Antonino Madonia et Baldassare Di Maggio. En 2002 Riina et Virga sont condamnés à la réclusion à perpétuité et la même peine a été infligée en 2004 à Baldassare Di Maggio tandis qu’Antonino Madonia a été acquitté. 17/17
Sources notables : "La Drogue, l'argent et les armes"
D'Alain Labrousse, Le Monde, Repubblica.
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